Quella chiara notte d'ottobre
Autres titres: That clear october night
Real: Massimo Franciosa
Année: 1970
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 83mn
Acteurs: Don Backy, Irina Demick, Anita Strindberg, Venantino Venantini, Antonella Murgia, Silvano Tranquilli, Ernesto Colli, Nicoletta Rizzi, Marianella Laszlo, Marella Corbi, Rosetta Salata...
Résumé: Marié depuis cinq ans le couple que forment Ariana et son mari traverse une crise conjugale qui effraie . Elle sent son époux s'éloigner d'elle, a le sentiment d'être délaissée. Elle craint par dessus tout qu'il la quitte pour une autre. Elle l'imagine régulièrement auprès d'une autre femme qui lui ressemble trait pour trait. Elle rencontre un jour Giorgio avec qui elle entame une relation. Tout deux partent en week-end dans une auberge campagnarde. Une nuit du balcon de leur chambre ils sont témoins de l'agression sauvage d'une femme. Cet évènement va rapidement transformer leur vie et les mener vers l'auto-destruction.
Essentiellement scénariste Massimo Franciosa réalisa au milieu des années 60 une petite dizaine de films pour la plupart des comédies aujourd'hui bien oubliées. De sa courte filmographie on retiendra surtout deux films, Le voci bianche / Le sexe des anges, une comédie réalisée à deux mains avec Pasquale Festa-Campanile se situant dans le milieu des castrats et La stagione dei sensi, un drame érotique fascinant et tortueux sur fond de contestation juvénile. A ces deux titres pourrait se rajouter cet étrange Quella chiara notte d'ottobre, une toile qui s'inscrit dans le courant des drames bourgeois alors à la mode en ce début de décennie.
Ariana et son époux, un couple de bourgeois, sont mariés depuis déjà cinq ans. Ils étaient jusqu'alors heureux mais l'ennui s'est semble t'il sournoisement insinué dans leur vie. Aujourd'hui son mari médecin de profession est bien plus passionné par ses parties de chasse que par son épouse qui commence à douter de son amour. La peur de perdre l'homme qu'elle aime lui donne des hallucinations. Elle le voit parfois avec une autre femme qui lui ressemble étrangement, une femme fantôme qu'elle imagine tuer. Giorgio est lui aussi marié mais son couple traverse également une crise conjugale. Il est attiré par sa jolie secrétaire mais c'est un vieux numéro de téléphone retrouvé dans son carnet qu'il compose
un jour par hasard en cherchant un docteur. Il tombe sur Ariana. Très vite ils se rencontrent. C'est le début d'une romance. Ils passent un week-end ensemble dans une auberge. La nuit, du balcon de leur chambre, ils sont témoins d'un viol puis du meurtre d'une jeune femme. Giorgio refuse d'appeler la police. Il a peur. Ariana n'arrive pas à oublier ces images qui l'obsèdent. S'ils poursuivent tranquillement leur week-end leur relation va progressivement se détériorer suite à ce viol. Ariana souhaite toujours aller témoigner, Giorgio est rongé par la culpabilité. Son mariage est au bord de la destruction. Il décide de partir avec Ariana mais elle ne vient pas au rendez-vous. Elle a décidé de rester avec son mari. Le couple prend
l'avion, heureux. C'est alors que Ariana aperçoit assis non loin d'elle l'assassin de la jeune femme.
Réalisé en 1970 juste après La stagione dei sensi Quella chiara notte d'ottobre n'est ni une nouvelle analyse, ni une nouvelle étude de la crise conjugale que traverse un couple de bourgeois quarantenaires comme le cinéma italien des années 70 aima tant en mettre en scène. C'est avant tout un film étrange, assez difficilement résumable tant il mélange rêves, réalité et fantasmes. Franciosa met simplement en images les peurs, les doutes, les angoisses et les fantasmes d'une épouse terrorisée à l'idée de voir son mari s'éloigner
d'elle. Ce sont simplement à ses projections psychiques auxquelles on assiste qui ne cessent de s'entrecroiser avec la réalité. Cela aurait pu donner une oeuvre morbide, névrosée, un drame psychologique tortueux. Malheureusement l'ensemble est bien trop plat pour pouvoir réellement captiver. L'argument de départ était pourtant excellent mais le film est loin de tenir ses promesses. Surpris lors des premières hallucinations de Ariana, l'apparition de double qui la hante, lui vole sa place, c'est par la suite bien plus passif qu'on pénètre l'univers de cette femme rongée par le doute, l'ennui et la culpabilité, celle d'être la cause de l'indifférence de son tendre époux. Répétitifs, par moment trop obscurs ses délires sont tout
sauf clairs, se perdent en métaphores et autres significations métaphysiques auxquels il est parfois difficile d'adhérer.
Dans ce nouvel exercice intellectuel Franciosa a oublié deux choses essentielles qui l'avait réussi à insuffler à La stagione dei sensi. D'une part donner à ses personnages une certaine dimension psychologique, d'autre part instaurer une atmosphère. Cette fois ces caractères ne sont que des esquisses, de simples stéréotypes auxquels il est difficile de s'attacher. Ariana n'est ni sympathique, ni antipathique, ni à plaindre, ni même attachante. Son mari est quasiment absent de l'intrigue et les rares scènes où il apparait le décrivent
comme un homme plutôt désagréable. Quant à Giorgio il est présenté comme un simple bellâtre dont le mariage vacille lui aussi, un homme plutôt odieux cette fois qui par peur préfère ne pas dénoncer le viol pour mieux continuer à vivre paisiblement, un temps du moins, sa relation adultère. Difficile à croire au couple qu'il forme avec Ariana. On ne sent aucune osmose entre eux tant et si bien que cette relation devient alors à l'image du film, d'une décevante platitude. Quant à l'atmosphère à aucun moment Franciosa ne parvient à donner à son film ce ton maladif, tourmenté, pesant dont on était tellement en droit d'attendre d'un tel récit. Faute en incombe à une réalisation trop morne et linéaire, sans grande
originalité qui rapidement finit par provoquer l'indifférence. Lorsqu'on pense que le film décolle enfin à partir du viol nocturne dont sont témoins les deux amants c'est pour mieux retomber presque aussitôt malgré quelques sursauts dans l'intrigue (la nervosité puis la peur et enfin la culpabilité qui s'empare progressivement de Giorgio) jusqu'au final aussi décevant qu'abrupt, d'une telle facilité qu'il en devient bête.
Qu'importe si Giorgio a réellement existé ou s'il ne fut qu'un rêve, une échappatoire, le fantasme d'une femme délaissée, en plein tourment, frustrée, le fruit de ses désirs inassouvis. Peu importe si le viol a bien eu lieu ou non, si l'agresseur est réel. Ce n'est
jamais qu'un symbole de culpabilité de plus, celle qui ronge les deux amants qui chacun trompe l'être aimé pour trouver ce qui manque à leur vie respective. Cette agression n'est que le fruit de leurs peurs à l'instar du double qui obsède Ariana, ce double qui tue la femme qu'elle est puis qu'elle tue à son tour pour reprendre cet homme qu'elle adore. C'est le même schéma lorsqu'elle imagine le violeur la tuer au milieu d'un champ avant qu'elle ne se jette dans ses bras. Les thèmes abordés comme les idées sont intéressantes, l'intrigue est riche en problématiques toutes représentatives de ce type de ces drames bourgeois très années 70 mais l'ensemble sans grand relief est trop survolé, trop lisse, pour faire mouche. Si cette
nuit d'octobre est claire le film ne l'est pas assez et finit par indifférer un spectateur consterné par cette conclusion. Tout ça pour ça pourrait-on ainsi résumer ce tombé de rideau.
L'interprétation n'apporte guère plus au film. Silvano Tranquilli offre le minimum syndical. Irinia Demick est belle et sensuelle mais ne dégage aucune aura particulière. Elle n'apporte rien à son personnage de femme névrosée qu'elle interprète de façon conventionnelle. Don Backy, le cheveu lisse et roux, une coupe à la Beatles, loin encore de son habituelle touffe frisée, est un bellâtre tout aussi conventionnel, certes séduisant mais fade dans son jeu. Venantino Venantini est l'agresseur, une participation rapide le temps du meurtre de la jeune
femme interprétée non pas par Anita Ekberg comme le mentionne l'Imdb mais Anita Strindberg alors à ses tout débuts. Déçus seront ceux qui pensaient l'admirer. Anita est ici réduite à une simple silhouette dont on devine le visage par flash puis un corps qui git sur le sol à demi dénudé tout de même.
Moins construit que La stagione dei sensi Quella chiara notte d'ottobre est un second essai intellectuel qui n'atteint malheureusement pas son objectif, ennuyeux, trop plat pour susciter un réel intérêt chez un spectateur pas assez investi dans l'intrigue. Quelques jolies scènes, une musique agréable, quelques trouvailles très 70s (les peintures animées de la secrétaire), des idées, voilà surtout ce qu'on retiendra de cette nuit d'octobre avant qu'elle ne s'efface gentiment de notre esprit. L'hypocrisie et l'ennui qui caractérisent la bourgeoisie, source de tous ses maux et de ses vices, dans le cinéma italien des années 70, ont connu des jours meilleurs et donné vie à des oeuvres plus sulfureuses ou tourmentées.