Scream free!
Autres titres: Free grass / Droga inferno... e paradiso nero
Real: Bill Brame
Année: 1969
Origine: USA
Genre: Acid movie
Durée: 78mn
Acteurs: Lana Wood, Russ Tamblyn, Richard Beymer, Casey Kasem, Warren Finnerty, Jody McCrea, Dave Hull, Elizabeth Thompson, Lindsay Crosby, Randee Lynne Jensen, The Boston Tea Party...
Résumé: Afin de pouvoir commencer une nouvelle vie dans l'Ohio avec sa petite amie rencontrée en boite Dean accepte de faire passer de la drogue à la frontière mexicaine contre une somme de 10000 dollars. Le deal tourne mal. Les agents des stup' sont à sa recherche tandis que Link, son ami complice des trafiquants, kidnappe sa fiancée, le drogue à son insu et tente de le supprimer...
Auteur la même année d'un biker movie plutôt brutal, The cycle savages, le producteur-metteur en scène Bill Brame nous offre un acid movie qui ne révolutionna guère le genre en son temps, vite oublié, vite disparu, mais qui cependant provoqua une certaine curiosité auprès du public de par son slogan publicitaire quelque peu mensonger. Il nous promettait en effet un hybride entre Easy rider et West side story insistant surtout sur le fait que deux des stars de West side story, Russ Tamblyn et Richard Beymer, était en tête d'affiche aux cotés de Lana Wood, la soeur de Natalie. Les similitudes entre les deux films légendaires
s'arrêtent là en fait hormis une courte scène de biking et une histoire de revente de drogue. Scream free! également connu sous le titre Free grass est un pur film d'exploitation, un acid movie dont le principal intérêt repose sur ses scènes psychédéliques.
Dean tombe amoureux de la ravissante Karen qu'il a rencontré dans un night-club. Le couple a besoin d'argent pour traverser le pays à moto et rejoindre Dayton, Ohio, afin de commencer une nouvelle vie et surtout d'échapper à la police. Impliqué dans une émeute entre force de l'ordre et hippies dans un parc public Dean est en effet recherché par les autorités. C'est la raison pour laquelle il accepte à contre coeur d'aider son ami Link à faire passer de la
drogue à la frontière mexicaine. En retour Phil, un psychopathe à la tête de ce trafic pour qui Link travaille, lui donnera 10000 dollars. Alors qu'ils sont en boite de nuit Link glisse du LSD dans le verre de Dean afin qu'il accepte le deal. Après un long délire hallucinogène Dean se retrouve au coeur de ce trafic qui tourne mal. Les agents des narcotiques sont à sa recherche. Link kidnappe Karen qu'il retient prisonnière chez lui puis lors d'une cérémonie rituelle blasphématrice tente de brûler vif Dean qu'il a de nouveau drogué. Par chance Dean parvient à reprendre à temps ses esprits. Il retourne la flamme vers son bourreau. Link se transforme en torche vivante. Karen est libérée. Le couple parvient à s'enfuir avec la drogue
qu'il distribue gratuitement dans les rues de San Francisco à la grande joie des hippies et autres bikers.
Ainsi raconté Scream free! donne l'impression d'être un parfait film d'action, un drug movie palpitant sur fond de délires hallucinogènes et de LSD. Le résultat à l'écran est cependant différent et moins excitant. Les stars de West side story ne se sont pas commises dans un road trip brutal mais se sont plutôt égarées au coeur d'un long trip forcé sous acides noyées dans un vertigineux tourbillon psychédélique. Peu développée l'histoire s'intéresse bien plus aux hallucinations dont Dean est victime, aux scènes de club enfiévrées, à cette jeunesse
chevelue par les stroboscopes, qui jerke de façon frénétique au son d'un rock psychédélique, à son envie de liberté, qu'à son trafic de drogue qui finalement occupe un peu plus du quart du métrage. Autant dire de suite qu'il n'y a guère de place pour l'action et le suspens relégués au second plan. L'assassinat d'un jeune hippie écrasé sous les roues d'un camping car, une poursuite en voiture, une bagarre assez musclée entre agents des stup' et trafiquants, l'embrasement de Link le copain fourbe et l'arrestation finale et la fuite de Dean et Karen, voilà à peu près ce qu'on compte au menu de cette petite bande parfumée à la marijuana et aux vapeurs pourpres. Oubliée l'action donc ce qu'on retiendra de Scream free!, ce pour quoi
aujourd'hui encore on savoure cette savoureuse pellicule multicolore c'est son coté psychédélique, véritable reflet de cette fin d'années 60, un superbe délire visuel qui débute dés l'ouverture du film avec une séquence dans un club où joue un groupe de rock, The boston tea party, formation éphémère auteure d'un album en 1968, et se poursuit tout au long du métrage avec notamment une autre séquence de boite de nuit et surtout les longs trips sous LSD de Dean, soit la plus grande partie de l'ultime bobine. Prismes, images kaléidoscopées, flashes multicolores hypnotiques, projections corporelles, charmeuse de serpents, surréalisme de pacotille (la balançoire), flous, visions plasmiques, hallucinations
cauchemardesques... tout l'arc psychédélique est ici présent pour le plus grand plaisir de l'oeil, un véritable délice pour tout amoureux de cette folle période rythmé par les mélodies endiablées de notre groupe ou le son mystique de la cithare et autres instruments hindous sur laquelle se déhanche ou cheveux longs et mini-jupes en transe. Impossible de ne pas être sous le charme, fascinés par cette suite d'images hypnotiques, étranges tandis que les Boston tea party chante à l'étouffée "I'm falling I'm falling". Impossible d'être plus réaliste.
L'interprétation n'est guère extraordinaire, plutôt mollassonne ce que la marijuana justifie peut être. Ceux qui jadis avaient adoré West side story seront sûrement décontenancés de
revoir leurs héros transposés dans cet univers hallucinogène. Richard Beymer dans le rôle de Dean est assez quelconque contrairement à Russ Tamblyn bien plus inquiétant sous la capuche de Link dont on retiendra la scène très réaliste fort bien tournée où il se transforme en torche vivante. Quant à Lana Wood qui à cette époque enchaina les films d'exploitation et les photos dénudées dans Playboy elle est elle aussi assez fade et malheureusement avare de ses charmes. La publicité du film misait sur ses scènes de nu très attendues. Au final ne reste que de très furtives visions de ses seins et de son derrière perdues dans une débauche d'effets visuels à travers les hallucinations de Dean. Impossible de les contempler
sans un arrêt sur image et encore...! Au générique on trouvera également les fils de Bing Crosby et Joel McRea, respectivement Lindsey et Jody, dans la peau des agents des narcotiques et l'ex-DJ aujourd'hui un des plus grands doubleurs américains Casey Casem dans le costume du boss de la drogue.
Réalisé sans grand talent, lancé par une campagne publicitaire mensongère, affaibli par un scénario inconsistant, Scream free! est une simple curiosité d'un autre temps, un acid movie perdu dans la production d'alors dont le seul atout hormis sa musique et ses splendides effets visuels est de replonger tous les amoureux, tous les inconditionnels de cette
fabuleuse ère définitivement révolue que fut la fin des années 60 / le début des années 70 dans cet univers psychédélique toujours aussi magique et fascinant, une des plus belles à tout point de vue que notre siècle ait connu. Un must à ce niveau sublimé par une conclusion si jouissivement amorale: la libre distribution d'herbe et de drogue dans les rues à la plus grande joie des cheveux longs et autres bikers, une fin aujourd'hui impensable. Quelle tristesse!
Brame tournera encore deux films par la suite dont un blackspoitation franchement médiocre (Miss Melody Johnson) puis se contentera de produire de nombreuses séries télévisées dont l'insupportable Robinsons suisses et Le dernier secret du Poseidon pour le cinéma.