La tumba de la isla maldita
Autres titres: Crypt of the living dead / The undead / Young Hannah queen of the vampires / La cripta de la muerte / La cripta
Real: Julio Salvador / Ray Danton
Année: 1973
Origine: Espagne / USA
Genre: Horreur
Durée: 85mn
Acteurs: Andrew Prine, Teresa Gimpera, Mark Damon, Patty Shepard, Ihsan Gedik, Frank Braña, Mariano García Rey, Jack La Rue Jr., Shera Osman, Jem Osmanoglu, Edward Walsh, John Alderman, Mariano Garcia Ray ...
Résumé: Alors qu'il visite la crypte où se trouve le caveau de Hannah, une femme réputée vampire par les superstitions locales, un archéologue est décapité. Son fils arrive sur l'ile afin d'élucider les circonstances de sa mort. Accueilli de manière hostile par les villageois il est hébergé chez un écrivain et sa soeur. malgré leurs avertissements il décide d'ouvrir le tombeau. Hannah se réveille et peut désormais s'abreuver du sang de ses victimes...
Ultime film du cinéaste espagnol Julio Salvador, décédé l'année suivante, cette coproduction horrifique réalisée à quatre mains avec l'acteur-metteur en scène américain Ray Danton, fait partie de ces pellicules du cinéma d'horreur ibérique fortement estampillée années 70 aujourd'hui bien oubliées. Restée inédite sous nos cieux cette réalisation aurait-elle mieux fait de ne jamais ressurgir? A sa vision la question reste en suspend.
Un archéologue, Daniel Bolton, est écrasé puis décapité par un homme hirsute surexcité alors qu'il tentait d'ouvrir un tombeau caché dans les profondeurs d'une crypte sinistre. Bien
décidé à découvrir les véritables raisons de la mort de son père, son fils Chris débarque sur l'ile. Dés son arrivée sa présence étrange les pêcheurs et autres autochtones qui se terrent dans un mur de silence. Il est accueilli par Peter, un écrivain, et Mary sa soeur, l'institutrice du village, qui l'hébergent chez eux. Peter lui raconte alors la légende qui court sur l'ile à propos de ce tombeau réputé maudit. La tombe appartient à une princesse, Hannah, jadis morte sur une ile appelée l'ile aux vampires. Elle serait devenue la reine des créatures de la nuit. Enfermée depuis des siècles dans ce sépulcre personne ne doit jamais l'ouvrir. Chris passe outre les avertissements et ouvre le tombeau. Le corps intact de Hannah est bel et bien à
l'intérieur. Désormais réveillée Hannah va pouvoir sortir chaque nuit s'abreuver de sang en ayant pris soin de se transformer en loup. Chris tout comme Mary ignore encore que Peter est en fait un adorateur de la reine et qu'il est responsable de la mort de son père. Après que les villageois aient découvert le véritable visage de Peter ils le tuent puis ils brulent Hannah avant que Chris lui plante un pieu dans le coeur. Mais la malédiction est-elle réellement levée?
Avant toute chose tentons de dépatouiller les origines de ce film aujourd'hui encore assez floues. Réalisé au départ par Salvador alors malade Ray Danton qui par le passé avait déjà
travaillé en tant qu'acteur pour le metteur en scène lui apporta son aide, en retoucha certaines séquences et en tourna d'autres lui même par la suite. Ajoutons à cela que le film existe en deux versions différentes, une en couleur, l'autre étrangement en noir et blanc hautement édulcorée et on comprendra un peu mieux pourquoi l'intrigue est si décousue, parfois incompréhensible et surtout si incohérente. On a ici un vrai melting-pot fantastique qui mélange sans vergogne vampires, loup-garou, rituels magiques, superstitions et légendes locales dans une atmosphère malheureusement détendue, trop gentillette, car un des autres problèmes de cette pellicule exhumée est de ne jamais vraiment faire peur.
L'ouverture laissait pourtant augurer le meilleur. Salvador nous entraine par une nuit d'orage dans les dédales de cryptes lugubres où se dressent des tombes tout aussi sinistres renfermant d'inavouables secrets et autres mystères. Surgit de nulle part un homme à l'allure simiesque fait alors s'ébouler sur l'archéologue la fameuse tombe avant de lui trancher la tête d'un coup de pelle. Les réjouissances s'arrêtent malheureusement ici. Après cette éblouissante entrée qui se rattache sans mal aux grands classiques de l'épouvante gothique La tumba de la isla maldita s'effondre comme un château de cartes.
L'intrigue s'éparpille, part tout azimut, hésite, se fragmente mais elle ne parvient pas à se
focaliser sur un point précis. En résulte des bribes de récit qu'on a un peu de difficulté à suivre puisque peu voire pas développés faisant perdre pas mal de sa crédibilité à l'histoire qui mêle tout un éventail de mythes et d'artifices propre à l'épouvante. Certes La tumba de la isla maldita n'est pas le premier et ne sera pas le dernier film d'horreur ibérique à mélanger allégrement les thèmes oubliant une certaine logique des choses. Un tel mix peut fonctionner si le reste suit, à savoir l'interprétation et surtout l'instauration d'une certaine atmosphère. En ce qui concerne l'interprétation malgré une distribution tout à fait raisonnable voire goûtue les acteurs sont tout aussi translucides que peu crédibles. Tant Mark Damon,
pourtant habitué à ce type de productions, que Andrew Prine, un récurrent de l'exploitation américaine, sont peu convaincants dans leur rôle respectif, se contentant du minimum tout en récitant des dialogues souvent absurdes et confus auxquels même eux ont visiblement du mal à croire. Le vétéran Frank Brana dans la peau du vieux marin conteur aveugle qui joue de l'accordéon la nuit sur l'ile maudite aurait pu donner au film une aura surréaliste, lui apporter une touche de poésie macabre. Malheureusement c'est là encore un échec. Malgré de superbes décors naturels maritimes et sauvages (le film fut tourné en Turquie et en Espagne) magnifiquement mis en valeur par une très belle photographie à aucun moment
Salvador ne parvient à créer un véritable climat de peur ou simplement d'angoisse, à insuffler à l'ensemble une dose d'onirisme qui aurait donner à cette histoire de vampires une toute autre dimension. Le silence qui pèse sur ce lieu hors du temps, les regards lourds et menaçants des pêcheurs, leur hostilité, leur froideur, les légendes marines effroyables bien ancrées dans les superstitions locales qui se racontent à l'abri des chaumières, l'aspect lugubre des paysages iliens, tout est là pour faire naitre un sentiment de crainte, de malaise mais tout tombe à la mer faute à l'incapacité de Salvador.
On ne se rattrapera guère sur l'horreur et les excès horrifiques puisque le film en est
quasiment exempt. On savourera juste la décapitation qui ouvre le film et les images de la tête tourbillonnante dans les délires de Chris, l'empalement de l'homme sauvage et l'exécution finale de Peter. Voilà qui est bien peu au même titre que l'érotisme d'une sagesse frustrante. Qu'en est il de notre reine des vampires une fois sortie de son caveau? Déception là encore puisqu'il faut attendre l'ultime bobine soit les 20 dernières minutes pour qu'elle décide enfin d'en sortir pour errer dans les landes de manière spectrale. C'est peut être là un des meilleurs moments de la pellicule, un des plus réussis mais toujours trop court. Il faut voir, admirer Hannah (interprétée par une sensuelle Teresa Gimpera, star incontestée de
érotisme et de l'exploitation espagnole) glisser dans la nuit tel un ectoplasme, toute de blanc habillée, se fondre dans l'obscurité en une sorte de brume évanescente verdâtre, errer au milieu des ruines du temple ou se transformer en loup avant d'être brulée puis empalée par les villageois. Cette mort par calcination, assez émouvante d'ailleurs (les pleurs d'agonie du vampire ont quelque chose d'émouvant), donne lieu à un maquillage certes horrifique et très réussi mais pas forcément crédible. On a l'impression que Hannah fond comme de la cire sous l'effet des flammes, une image qui rappelle la mort collective des membres de la secte
satanique de La pluie du diable. C'est lors de ce final étincelant qu'on trouve enfin ce qui jusqu'alors avait cruellement fait défaut au film, ce climat d'angoisse, de malaise, cette puissance hypnotique du vampire sur ses proies mêlée à sa dangereuse sensualité ainsi qu'un jeu d'acteur enfin consistant, quinze minutes qui sauvent La tumba de la isla maldita de l'insipidité et donnent au film sa raison d'être.
Trop fade pour vraiment marquer les esprits, trop lent dans son rythme pour ne pas se languir, trop pudique pour éveiller nos sens, trop sage pour attiser nos envies sanguinaires, trop bavard pour ne pas être assommant, trop dispersé pour être vraiment cohérent, privé de réelle atmosphère La tumba de la isla maldita est une anodine petite pellicule perdue dans la production horrifique ibérique d'alors dont on ne gardera que peu de souvenirs une fois le visionnage terminé. Reste une curiosité pour collectionneurs, ni bonne ni mauvaise, un simple en-cas avant d'autres friandises espagnoles bien plus croustillantes et surtout moins soporifiques. Le choix est large.