Love is forever
Autres titres: Les évadés du triangle d'or / Comeback
Real: Hall Bartlett
Année: 1983
Origine: USA
Genre: Aventures
Durée: 100mn
Acteurs: Laura Gemser, Michael Landon, Jürgen Prochnow, Edward Woodward, Priscilla Presley, Gabriele Tinti, David Leonard, Cathy Bartlett, Leata Galloway, Eric Miller, Scott Rollins, Dee Barouch, Summer Bartholomew...
Résumé: 1977. John Everingham, journaliste américain amoureux du Laos, décide d'y rester après la prise du pouvoir par les communistes du Pathet Lao. Considéré comme espion pour avoir fourni des informations aux occidentaux sur les atrocités commises par le régime il est arrêté par l'implacable général Kaplan puis expulsé. Mais son expulsion le sépare de celle qu'il aime, une belle autochtone nommée Keo que courtise Kaplan. Malgré la surveillance des forces armées laotiennes Everingham monte une opération commando afin de traverser le Mékong et aller chercher sa dulcinée...
Sous ce titre si romantique se cache en fait un petit téléfilm américain sorti en salles en France en juin 1984 sous le titre plus aventurier Les évadés du triangle d'or. S'il se retrouve chroniqué ici c'est pour une seule et unique raison, celle qui fit autrefois sa réputation, la présence de notre Laura Gemser internationale dans le rôle féminin principal aux cotés de Mr Charles Ingalls lui même Michael Landon ou quand Black Emmanuelle côtoie La petite maison dans la prairie... pour le meilleur et surtout le pire!
Les évadés du triangle d'or est tiré d'une histoire vraie, celle du journaliste américain laotien
de coeur John Everingham qui en 1977 fut accusé d'espionnage par le gouvernement laotien puis incarcéré avant qu'il ne s'évade en prenant soin d'emmener avec lui une jeune autochtone dont il était tombé amoureux. Le film traitait de manière plus générale du massacre des réfugiés du Laos qui tentaient de traverser le Mékong, un carnage qui fit alors grand bruit.
Auteur du célèbre Jonathan Livingstone le goéland Hall Bartlett pour son son ultime réalisation signe un téléfilm d'une incroyable platitude dont il est difficile de sortir revitalisé une fois terminé son visionnage. Si ces Evadés du triangle d'or tente de surfer sur la vague
de films d'aventures à préoccupations politiques en s'inspirant visiblement du fameux Boat people / Passeport pour l'enfer de Ann Hui réalisé l'année précédente le tentative de Bartlett tombe vite à l'eau en emportant avec lui le spectateur désespéré par tant de mollesse. Le moins qu'on puisse attendre d'un film d'aventures de ce type, épiques, c'est de l'action et surtout du suspens, une atmosphère qui vous prend au tripes, vous serre le coeur, tout ce qui lui fait défaut ici faute à une caméra incroyablement paresseuse d'une part, et le parti pris de Bartlett d'éviter visiblement toute forme de réelle violence graphique ou non en édulcorant le plus possible la cruauté de l'intrigue afin de respecter dirait-on les règles de base d'un
téléfilm lambda. Voilà qui est d'autant plus frustrant et même rageant au bout d'un certain temps car toute amorce de scènes un peu brutales, tout départ d'action un tant soit peu musclée est de suite avorté. Afin de donner un peu de corps à cette aventure tragique Bartlett a bizarrement eu l'idée de filmer les quelques scènes d'explosions et d'attaques pour la plupart au ralenti, une mauvaise idée puisque cela coupe net le peu d'énergie que dégage l'ensemble dés le départ. Cela vaut également pour les séquences plus romantiques, Les évadés du triangle d'or étant aussi une magnifique love story passionnelle entre cet américain et la belle autochtone. Hormis des envolées du musique romantique il ne faut pas
s'attendre à de fougueux baisers, des étreintes et ébats amoureux enflammés, la moindre approche est là encore vite éludée.
Si on peut donc pointer du doigt la mise en scène poussive et peu imaginative de Bartlett il faut également reconnaitre que le choix des acteurs principaux, de l'acteur principal devrions nous dire, n'est pas des meilleurs et contribue en grande partie à l'échec de l'entreprise. Que penser en effet du jeu inexistant de Michael Landon plus connu pour avoir incarné durant presque dix ans l'éternel Charles Ingalls de La petite maison dans la prairie? Mono expressif, monolithique, transparent, lourdaud, dénué de tout charisme il incarne un John
Everingham sans âme, d'une tristesse à mourir, incapable d'incarner l'amour, la passion, la peur, la rage tout simplement de son rôle. Parfait dans la salopette du père de famille dévoué pour série à l'eau de rose il est malheureusement incapable de jouer autre chose encore moins un tel personnage investi, un combattant politique prêt à tout pour le pays qu'il aime. Il arrive même à faire échouer les quelques scènes romantiques qu'il a aux cotés de l'incandescente Laura Gemser mais pouvions imaginer ne serait ce que trois secondes que Charles Ingalls pouvait être chose qu'asexué? Reste donc Laura, magnifique même sans aucune scène de nu ou déshabillée, égale à elle même, l'atout charme, l'atout tout court de
ce téléfilm, Laura qui prouve une fois de plus ses talents d'actrice, sortie des Black Emnanuelle et autres pellicules érotiques qui firent sa gloire internationale. On saluera la prestation du toujours excellent Jürgen Prochnow dans l'uniforme de l'implacable général Kaplan, seul à réellement donner à son personnage un semblant de vie. Malheureusement il est comme un guerrier combattant seul sur le ring, il semble jouer seul face au vide tant Landon n'a aucun répondant. On remarquera la présence furtive de Gabriele Tinti en photographe, qui fut aussi photographe de plateau pour le film, et celle de Priscilla Presley, à qui Dallas donnera sa renommée bien des années plus tard.
Au crédit des Evadés du triangle d'or on gardera notamment les scènes sous marines plutôt bien filmées mais un peu trop répétitives, l'embarquement pour les camps de travail de prisonniers laotiens, les jolis décors naturel du Laos et les rives du Mékong et le final assez bien mené, de quoi sauver l'entreprise du naufrage et de faire tenir le spectateur la tête hors de l'eau.
Téléfilm à base documentaire coincé entre cinéma Bis et projet un brin plus ambitieux malheureusement trop insipide pour marquer les esprits Les évadés du triangle d'or aura été un joli flop qu'on visionnera aujourd'hui par simple curiosité en prenant pour précaution
d'avoir avec soi un petit en cas survitaminé pour éviter la somnolence ou tout simplement de le regarder un jour où on n'est pas trop fatigué.
Pour l'anecdote le véritable John Everingham participa au tournage et fut victime d'une tentative d'assassinat. Quant à Michael Landon, très peu apprécié de ses partenaires pour son autorité, il rendit tout bonnement le tournage infernal en accumulant caprices et exigences, voulant tout diriger à sa façon, ce qui fit sortir plus d'une fois Bartlett de ses gonds. Le téléfilm devait lui faire oublier les années Petite maison et lui mettre un pied dans le monde du cinéma. La reconversion fut un échec et Landon s'en retourna aux multiples
suites engendrées par cette série culte avant de produire et jouer dans Les routes du Paradis avant de s'éteindre en 1991.
Laura Gemser fut contrainte bien malgré elle de prendre le pseudonyme de Moira Chen afin d'apparaitre incognito dans le film puisqu'il était hors de question qu'on puisse faire un rapprochement entre cette anonyme Moira et l'universelle Black Emmanuelle, star de films érotiques. Cette contrainte assombrit quelque peu sa relation avec Bartlett, un homme moralisateur qui voulait qu'elle trace un trait sur ce "passé honteux", mais au final elle passa outre les termes du contrat et révéla qui elle était vraiment, tout le monde en Thaïlande et parmi l'équipe l'ayant rapidement reconnu.