Sex freaks
Autres titres:
Real: John Lamb
Année: 1974
Origine: USA
Genre: Sex mondo / X
Durée: 78mn
Acteurs: Joan Morrissey, John Chartham, Dirk Lenz, Noel Cooper, Leona Raphael, Tina Hakansson...
Résumé: Dans un voyage autour du monde le réalisateur nous invite à découvrir la plupart des déviations sexuelles, comment leurs adeptes les vivent en ce milieu d'années 70, époque de toutes libérations. ils nous invitent également à réfléchir et ne pas avoir honte de nos fantasmes et tendances que l'Homme doit vivre pleinement car rien de plus naturel au monde que le sexe sous toutes ses formes possibles.
Auteur en 1962 d'un curieux petit film aquatique qui mettait en scène des sirènes, Mermaids of Tiburon, l'américain John Lamb après avoir travaillé sur la série Voyage au fond des mers s'est définitivement tourné vers le mondo movie, plus exactement le sex mondo. On lui doit quelques classiques du genre dont Sexual liberty now et Sexual freedom in Denmark, deux mondo qui flirtent allégrement avec la pornographie. Sous couvert informatif ce ne sont au final que des films porno qui cachent leurs réelles intentions voyeuristes et perverses derrière l'étiquette documentaire afin de contourner la censure et satisfaire ainsi un public
avide de sexe. Sex freaks, ultime réalisation du réalisateur, ne déroge pas à la règle. Et comme son titre l'indique il va s'attaquer aux diverses pratiques sexuelles mais aussi aux déviances qu'il va bien entendu illustrer sous forme de saynètes censées avoir été tournées dans les grandes capitales et villes du monde tels Londres, Berlin et New-York. Au programme notamment: masturbation, homosexualité, gérontophilie, nécrophilie, fétichisme, travestissement, fellations et auto fellations, orgies, fantasmes du viol, naturisme, voyeurisme et exhibitionnisme, sadomasochisme.
Sex freaks s'ouvre de manière très poétique, presque surréaliste dans la grande tradition
d'un certain cinéma porno des années 70, à savoir une superposition d'images bucoliques et d'ébats sexuels entrecoupée de gros plans de pénis, de vagins et d'éjaculations filmés au ralenti, tandis que le narrateur nous apprend d'une voix toujours aussi solennelle que le sexe est la première et la plus belle manifestation d'amour. Il existe une grande diversité de pratiques sexuelles dont on ose aujourd'hui parler, qui surgissent même aux yeux de tous, certaines surprenantes, mais aussi insolites oient elles il n'y a pas avoir honte de nos gouts en matière de sexe. Une personne heureuse est une personne sexuellement libérée, qui vit tous ses fantasmes. Si Dieu nous a donné un sexe c'est pour nous en servir de la manière
qui nous plait. Après le temps de l'oppression voici le temps de la libération. Que nous le voulions ou non nous sommes tous des sex freaks et John Lamb va le démontrer.
Débute alors une série de courtes séquences toutes plus ridicules les unes que les autres, mises en scène bien évidemment sous forme de film-réalité tendance pornographique dans le but de parfaire notre éducation sexuelle. Quoi de mieux que la masturbation pour connaitre le véritable plaisir et ne jamais être déçu puisque la femme qui se donne du plaisir imagine qu'elle est entre les bras d'un amant viril, un puissant étalon au savoir-faire extraordinaire qui lui fera atteindre le nirvana. mais attention jeunes ignorants! La masturbation est une drogue
dont très vite on ne peut plus se passer, une véritable prison dont il est impossible de s'enfuir une fois qu'on s'y est habitué. Et notre jeune donzelle de courir à perdre haleine pour y échapper pour mieux se heurter à une grille. Sortez les mains de vos culottes, on vous aura prévenu!
Il fallait ensuite oser filmer une plage nudiste sur fond de chants allemands comme il fallait oser pour imager et expliquer la fellation filmer un vieux sexe tout froissé se faire engloutir par la bouche goulue d'une femme à l'intérieur d'une voiture sous les rouleaux d'une station de lavage.
Comment prend-on gout aux plaisirs lesbiens? La réponse nous est donnée ici. Tout en roulant un joint, une femme nous l'explique. Tous les mâles ont des désirs bestiaux. Aucun ne connait le mot tendresse et n'a réussi à trouver ce qui donne réellement du plaisir à une femme. C'est avec une jeune vendeuse de vêtements qu'elle finit au lit, heureuse, gode-ceinture à la taille. Mais attention une femme peut parfois cacher un homme comme le découvrira une auto-stoppeuse lesbienne qui en déshabillant son plan du jour aura la désagréable surprise de constater la présence d'un joli pénis dans la culotte de sa dulcinée qui en fait est un transsexuel.
Comment ne pas pouffer de rire face à l'illustration de la gérontophilie autrement dit une personne âgée saine pris de désir pour une jeune fille et non pas un vieux pervers fantasmant sur une petite fille précise bien le narrateur. Arrive un sexagénaire rondouillard à lunettes qui gentiment assis dans un parc est entrain de nourrir les pigeons en attendant la mort (dixit). Il aperçoit une jeune écolière à couettes qui accuse cependant déjà bien la vingtaine lui faire de l'oeil. Aussitôt dit aussitôt fait il lui propose de venir chez lui, lui prend son cartable, la déshabille et lui donne le bain! Pouvait on tomber plus bas dans le grotesque? Oui! Lorsque Lamb illustre le fétichisme et la domination ou comment un
homme d'affaires sexagénaire affublé d'un tablier de soubrette et d'un petit serre-tête en dentelle, un plumeau à la main, se transforme en chien sous la cravache de Maitresse à qui il doit lécher les bottes, du moins il fait semblant, avant qu'elle ne le chevauche maladroitement en tournant autour d'une chaise tout en lui fouettant les fesses, PIG inscrit sur son front au rouge à lèvres.
On pouvait attendre beaucoup de la séquence nécrophile. Elle tourne malheureusement au gag. Un croque-mort bigleux a beaucoup de mal à se retenir de ne pas faire l'amour à la dépouille d'une pauvre femme à gros seins, un corps sans défense précise le narrateur. Et
lorsqu'il se décide enfin c'est pour lui jeter une liasse de billets sur le corps. Il s'agissait d'une pute payée pour jouer les mortes!
Si la séquence voyeurisme/exhibitionnisme n'a aucun intérêt ni celle de la femme abandonnée par son amant qui se donne dans un bar à trois cow-boys moustachus en slip blanc kangourou encore moins celle des live-shows où des strip-teaseuses font l'amour sur scène ni celle du vieillard qui couche avec des mannequins en plastique Sex freaks sombre doucement dans son ultime partie dans le glauque de bon aloi car on rit tout autant malgré la noirceur des saynètes toujours aussi grotesques.
On commence par une séance de sadisme puis de masochisme. Dans le premier un vieil homme toujours mais en fauteuil roulant cette fois observe sur ses écrans de contrôle une femme qu'un bourreau musclé torture dans une cave. Il lui donne le martinet avant de lui ligoter les poignets et de la bruler avec une cigarette, la caméra insistant surtout sur son fessier strié de marques rouges.
L'un des plus vulgaire est certainement celui des appels téléphoniques obscènes. Un homme appelle une femme aux seins très développés qu'il observe de sa fenêtre. Une bouteille d'eau est suspendue à son balcon. Il lui fait croire que c'est une bombe qui
explosera si elle ne fait pas tout ce qu'il dit. S'ensuit une séance de sexe par téléphone particulièrement crasse. L'homme imagine ses ébats que la caméra filme. Oreilles prudes s'abstenir car le sketch est une véritable avalanche de mots crus et d'obscénités. L'amateur de dirty talk quant à lui appréciera.
Vient ensuite le fantasme du viol. Une femme en mini jupe se rend à son boulot. La mini jupe est importante puisque nous dit-on toutes les femmes qui en portent sont candidates au viol. Pas étonnant que son jeune collègue de travail en apprenant ça pénètre chez elle avant de la pénétrer un rasoir sous la gorge. Bien évidemment elle n'attendait que ça, le petit vêtement le
prouvait. Elle va s'occuper avec une joie non dissimulée du membre énorme de son violeur, un phallus si gigantesque qu'il ferait blêmir de jalousie Rocco Siffredi. Elle le remerciera de ce viol si réussi en lui promettant qu'il pourra recommencer mais dés la porte fermée elle appelle la police. La garce! Sex freaks se conclura dans l'espace dans un avenir lointain où le sexe se fera par l'intermédiaire d'implants et de machines qui réaliseront nos fantasmes les plus déviants.
S'il n'y a rien de très sérieux dans tout ça, si l'ensemble prête à rire à gorge déployée, si les commentaires dépassés, moyenâgeux d'une sidérante idiotie laissent souvent pantois, si le
film est d'une hypocrisie astronomique comme la plupart des sex mondo on aura de bonnes raisons par contre de se sentir indigné sur la manière dont l'homosexualité masculine, une des révolution les plus importante de notre siècle affirme pourtant la voix off, est présentée. Si le lesbianisme nous est montré comme toujours sous un jour toujours solaire le sexe entre hommes est une fois de plus décrit comme une perversion. Pour l'illustrer Lamb n'a en effet pas trouvé mieux que d'utiliser la bande annonce de A deep compassion, un classique du gay porn vintage qui nous offre un des viols les plus brutal et révoltant de l'histoire du cinéma hardcore homosexuel. Si on suit donc le raisonnement fort douteux de Lamb à travers ces
images l'homosexualité masculine est synonyme de violence, déviance sexuelle, sadisme et suicide. Au milieu d'un tel foutras de drôleries aussi inoffensives qu'un nouveau-né voilà qui dénote franchement.
De ce cours d'éducation sexuelle très scolaire sur fond de psychédélisme, de ce dictionnaire qui fait rimer sexualité avec imbécilité, on retiendra surtout les scènes porno, soit les 3/4 quart du métrage. Fellations, pénétrations, sodomies, anulingus tout est là et dans toutes les positions. Quant au coté graphique et chirurgical on aura jamais vu autant de fois à la suite, d'aussi près et aussi en détail un vagin dans tous ses moindres replis et recoins. Une vraie
analyse au microscope qui prouve qu'il n'y a rien de plus laid qu'un sexe féminin.
Sex freaks comme la plupart des sex mondo est un vrai petit bonheur coquin totalement dépassé, une indécence qui allie dinguerie et pornographie pure, un délice d'hypocrisie vintage aux sonorités rock années 70 qui encourage et bénit nos déviances les plus inavouables. Amen!