Trappola per 7 spie
Autres titres: Piège nazi / Piège nazi pour 7 espions / Piège pour 7 espions / Trappola per sette spie / Siete espias en la trampa
Real: Mario Amendola
Année: 1966
Origine: Italie/ Espagne
Genre: Thriller
Durée: 88mn
Acteurs: Eduardo Fajardo, Yvonne Bastien, Mirko Ellis, Carlo Giuffrè, Mila Stanic, Lucio De Santis, Mirella Pamphili, Tom Felleghy, Mimmo Poli, Piero Morga, Giuseppe Fortis, Roland Redman, Rossella Bergamonti, Mirella Pamphili...
Résumé: Sept espions sont séquestrés dans un château dont ils ne peuvent sortir. Leur bourreau, un ancien officier nazi qui les rend responsables de la chute du 3ème Reich, les a condamné à mort. Ils seront exécutés l'un après l'autre au rythme d'un par nuit sauf si le condamné parvient à trouver un objet caché qui lui permettra de s'enfuir...
Scénariste d'une bonne centaine de films Mario Amendola s'est également retrouvé à de nombreuses reprises dés le début des années 50 derrière la caméra et réalisa jusqu'au milieu des années 70 toute une pléthore de films, essentiellement des comédies et des drames. Avec Trappola per 7 spie connu en France sous le titre Piège nazi pour 7 espions il signe un petit thriller mâtiné d'espionnage sur fond de nazisme mais cependant non dénué d'humour.
Sept espions de tout bord, cinq hommes et deux femmes, ont été mystérieusement enlevés.
Ils se réveillent enfermés dans un château dont ils ne peuvent sortir. Leur ravisseur se présente très vite à eux. Il s'agit d'un vieil officier nazi, le colonel Von Riteau entouré de quelques fanatiques, qui les rend responsables de la chute du 3ème Reich. Il les a choisi avec soin, tous ayant selon lui participé d'une façon ou d'une autre à sa chute. Ils doivent maintenant payer. Le colonel les a condamné à mort après une parodie de procès. Ils seront tués un à un mais tous auront une chance de s'en sortir si le jour de son exécution le condamné trouve le moyen de s'échapper grâce à une arme ou un indice soigneusement dissimulé dans sa chambre. Malheureusement aucun ne les trouve. Les morts commencent
à s'accumuler. Micaela, une des espionnes, va alors accepter la proposition de Von Riteau. Si elle couche avec lui et devient son amante elle aura la vie sauve. Sa seule condition: ses compagnons survivants devront également recouvrer leur liberté. Aveuglé par sa beauté Von Riteau accepte. La belle espionne va tenter le tout pour le tout: utiliser cette chance qui lui est offerte pour tuer l'officier nazi et délivrer ses camarades.
L'idée est originale et même assez alléchante. Mélanger en quelque sorte Les dix petits nègres avec Les chasses du comte Zaroff le tout dans un fabuleux décor gothique sur fond de nazisme. L'ouverture est elle même prometteuse. Sept espions se réveillent un matin
enfermés dans un château dont ils ne peuvent sortir. Ils ont été enlevés la veille aux quatre coins de l'Europe, ne se souviennent de rien mais ont un point commun: ils ont tous participé à la destruction du III Reich. Le réponse aux questions qu'ils se posent arrive très vite sous l'apparence d'un officier nazi nostalgique bien décidé à leur faire payer la défaite allemande à travers un jeu mortel du chat et de la souris auquel chacun pourra échapper s'il parvient à décrypter une énigme. Quelle merveilleuse intrigue tenait là Amendola comme il était également ingénieux d'y intégrer quelques symboliques fortes. Ainsi chacun des espions est la représentation d'un des ennemis de l'Allemagne nazie ou un des symboles qu'elle
méprisait le plus: un juif, un homosexuel, un résistant français, une slave, un musulman, un américain... et le sort qui leur est réservé est à la hauteur de la haine que les nazis leur portaient. Amendola se permet même quelques réflexions amères ou homophobes entre les espions eux mêmes.
Le châtiment que le réalisateur réserve à ses personnages sont tout autant exquis notamment deux morts tout à fait raffinées, celle de la jeune slave mordue dans son sommeil par un aspic, elle qui raffolait des aspics de foie gras et en avait consommé pour son ultime repas, et la chasse humaine très inspirée du Comte Zaroff, le colonel traquant un
arc à la main, tenant ses chiens de l'autre, le malheureux américain qui malgré tous ses efforts succombera sous les flèches de son bourreau au moment où il se croyait enfin hors de danger. C'est là encore un des atouts du film. Chaque victime se croit sauvée après avoir réussi à déchiffrer son énigme mais c'est sans compter l'amour de Von Riteau pour les jeux de mots et autres double sens qu'il ne cesse d'employer. Ajoutons à cela un somptueux décor gothique, celui du célèbre château de Balsorano où fut entièrement tourné le film et on peut penser qu'on tient là une petite pépite du cinéma de genre transalpin.
Il ne faut pourtant pas se réjouir trop vite. L'entreprise est malheureusement quelque peu
gâchée par le parti pris d'Amendola pour le non sérieux. Ainsi de bonnes voire très bonnes séquences alternent avec d'autres bien plus médiocres, d'une franche niaiserie qui désamorcent la crédibilité d'une histoire truffée d'invraisemblances et d'illogismes en tout genre. On en veux pour exemple la longue séquence de la standardiste, insupportable, d'une incommensurable bêtise, celle des scouts, de la visite des pompiers ou celle nous dévoilant la belle Micaela faire tranquillement sa lessive le jour de sa mort. De quoi déclencher une franche hilarité chez le spectateur mais surtout casser tout l'intérêt, toute la force d'une intrigue singulière qui méritait un traitement plus rigoureux. Quant au suspens il est trop peu
présent pour tenir ce même spectateur en haleine qui dés le départ aura deviné qui seront les survivants lors d'un final trop peu flamboyant et surtout bien trop facile. Il manque en fait à Piège nazi pour 7 espions une véritable atmosphère, cette atmosphère pesante, angoissante où plane l'ombre de la mort, de la peur, ce suspens propre à ce type de huis-clos.
Le film d'Amendola oscille sans cesse entre la bonne série B et la petite série Z sympathique. C'est ainsi qu'il fait le voir, un bel hybride formant un divertissement croustillant qui fleure bon justement la série B d'antan, celle estampillée années 60, avec en plus un
petit coté fumetti non négligeable. La réalisation est alerte, sans temps mort, le ton à l'avenant tout comme l'interprétation menée par un Eduardo Fajardo truculent en officier nazi, le vétéran suisse Mirko Ellis et l'argentine Yvonne Bastien. Autour d'eux on reconnaitra notamment quelques gueules du cinéma Bis dont Carlo Giuffré, Tom Felleghy, Mimmo Poli, le blond pasolinien Piero Morga et Lucio De Santis.
Petit thriller aux réminiscences nazis aujourd'hui oublié et surtout difficilement visible, oublié des éditeurs et des chaines de télé, cette coproduction italo-hispanique est un petit délice d'antan que l'amateur prendra plaisir à découvrir quelque soit ses défauts tant il est jouissif dans sa quête d'originalité, sa naïveté et bien sûr son thème si cher au "nazi lovers".