Il solco di pesca
Autres titres:
Real: Maurizio Liverani
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 92mn
Acteurs: Martine Brochard, Gloria Guida, Alberto Terracina, Emilio Cigoli, Roy Bosier, Rita Corradini, Annamaria D'Amico, Annamaria Colantonio, Diego Gighlia Giulietta Luisa Federici, Antonio Pane, Renzo Stacchi, Anna Maria Porta Masturzo...
Résumé: Obsédé par la beauté des fesses, Davide, ex-séminariste devenu photographe, est fatigué de la facilité dont les femmes font preuve lorsqu'elles veulent être séduites. Cette fatigue l'a rendu impuissant et a mené son couple vers la crise conjugale. Il fait la connaissance de Viviane dont le couple est lui aussi au bord de la rupture. Elle devient sa maitresse. Mais c'est Tonina, la soubrette de Viviane, qui retient le plus l'attention de Davide. La jeune fille souhaite en effet rester vierge et ne conçoit les relations sexuelles qu'à travers le postérieur. Viviane quitte son mari et s'installe chez Davide mais elle supporte mal qu'il apprécie autant Tonina. Elle se tourne alors vers son masseur...
Après un premier film qui ne passa pas inaperçu puisqu'il connut les foudres de la censure lors de sa sortie, Sai cosa faceva Stalin alle donne?, une comédie irracontable, déstructurée particulièrement amère et sarcastique sur Staline et le communisme en général, le journaliste ex-féroce partisan du parti Maurizio Liverani réalise son second et ultime film sept années plus tard, une nouvelle comédie intitulée Il solco di pesca dédiée comme le signifie son titre métaphorique à la raie des fesses, de manière plus générale au derrière. Si on pourrait classifier ce film dans la catégorie des sexy comédies à l'italienne, Il solco di pesca, inédit sous nos cieux, s'il s'en rapproche dans sa forme est en fait une nouvelle comédie satirique, acerbe qui cette fois traite des rapports souvent difficiles, tourmentés entre les hommes et les femmes, de l'obsession du sexe, du sentiment de péché et de culpabilité.
Le mariage de Davide, un ex-séminariste devenu photographe, traverse une grave crise. Las de la facilité dont fait preuve la plupart des belles femmes, il en est même devenu non seulement un homme soumis mais également impuissant que son oncle, un cardinal conservateur hyper moraliste, ne cesse de réprimander sévèrement. Davide finit par se séparer de son épouse et passe beaucoup de temps avec Viviane, une française mariée dont il devient l'amant. Le couple de Viviane est lui aussi sur le point d'exploser. Lorsque le mari de celle ci découvre sa relation, il la chasse du domicile conjugal. Viviane s'installe chez Davide en ayant pris soin d'emmener avec elle Tonina, sa servante, une jeune fille qui souhaite rester vierge jusqu'au mariage et n'accepte donc que des relations anales. Les idées très spéciales de Tonina, son désir de n'avoir recours qu'au sexe culien fascine Davide. Il est d'autant plus fasciné par la soubrette qu'il est obsédé par les fesses tant des hommes que des femmes. Jalouse, Viviane accepte mal que Davide s'intéresse autant à Tonina qu'elle finit par chasser. Elle se rapproche de son masseur qu'elle jette finalement dans les bras de Tonina. L'homme lui fait perdre sa virginité. Viviane trouve une nouvelle soubrette, une jeune asiatique. Davide de son coté rentre dans les ordres. C'est un jeune prêtre qui lui met la main aux fesses et lui fait de l'oeil.
En ce milieu de décennie la mode étant à la comédie sexy, Maurizio Liverani avoue s'être laissé tenter par le genre pour exprimer sa vision de l'érotisme, en donner sa propre définition. Pour le cinéaste-journaliste l'érotisme n'est jamais qu'une sophistication du sexe, une manière de l'intellectualiser. Il offre avec Il solco di pesca une sorte de réflexion sur la sexualité, sur l'acte sexuel en lui même, sans détour ni fioriture à une époque où la libération sexuelle, l'explosion des moeurs avaient depuis déjà quelques années envahi notre société. Déçus risquent donc d'être ceux qui espéraient de ce film une comédie populaire allègre et friponne que la présence de Gloria Guida laissait également entrevoir. Il solco di pesca est de la même veine que le précédent film de Liverani. On y retrouve les qualités et les défauts qui le caractérisaient, cet humour assez spécial, plus cérébral que visuel, un coté par moment déstructuré, anarchique, une intellectualisation des thèmes qui pourra sembler pesante et donc ennuyeuse mais un grand soin apporté à la photographie, à l'esthétique avec par instant une touche onirique toujours plaisante et une affiche alléchante marquée ici par la présence de deux solides actrices qu'on a toujours plaisir à retrouver, la française et mature Martine Brochard en version coupe garçonne et la candide et toujours aussi innocente Gloria Guida qui du statut de collégienne et lycéenne passe cette fois à celui de soubrette pure.
Cette satire sur la perte du sens amour dans une société devenue ultra permissive qui recule sans cesse les limite et balaie les tabous, sur une sexualité qui a perdu toute magie pour se banaliser s'avère vite assez fastidieuse, jamais vraiment drôle arrosée de surcroit de dialogues pompeux, prétentieux, truffés de citations souvent en latin irrite finalement plus qu'elle ne distraie. On remerciera tout de même le réalisateur de nous avoir expliqué l'origine du mot "cazzo" (bite en italien) traduit en latin par "mentula"! Les références dont le cinéaste agrémente son film tombent le plus souvent à plat et n'apportent guère d'eau au moulin (de sève à l'érotophile diraient certains). Liverani a des choses à dire certes mais la manière dont il le fait n'intéresse que lui car elle rend trop souvent ses idées indéchiffrables. La légèreté des sujets méritaient un traitement moins cérébral, moins pensé, moins verbal.
Il solco di pesca vaut essentiellement pour son érotisme non pas cérébral mais visuel. Il regorge en effet de plans de splendides postérieurs, masculins et surtout féminins, filmés sous toutes leurs coutures, dans toutes les positions. Ces derrières parfaits, ses raies gourmandes, ses lunes et demi-lunes charnelles, sont parfaitement mis en valeur faisant de cette bande une véritable ode à la beauté du cul. On retiendra également quelques scènes curieuses, bizarres, presque oniriques, celle du rêve de Viviane entrain de masturber Davide, de la pièce de théâtre d'avant-garde, grotesque, tirée d'un spectacle de Luigi Quadrucci et Andrea Camilleri, et quelques séquences gentiment osées, l'ensemble fort joliment photographié comme cela avait déjà été le cas pour Stalin. On sera touché par les tons chauds des jolis décors très années 70 qui privilégient les rouges, les jaunes, les orangés et le noir, une agréable partition musicale qui alternent sonorités religieuses et rythmes rock.
Et c'est bien entendu Gloria Guida qui captera toute l'attention. La lycéenne a quelque peu grandi. Gloria a 20 ans mais joue toujours les jeunes vierges. Ses admirateurs pourront la contempler une fois encore nue, totalement désinhibée, exhibant un fessier enchanteur que dévore la caméra de Liverani qui n'hésite pas à la pervertir lors d'une séance photo où, uniquement vêtue d'un voile de nonne et de porte-jarretelles, elle offre son corps, aguicheuse, troublante. en complète hérésie.
Liverani avoue avoir choisi Gloria pour sa beauté certes mais surtout car l'actrice était autre chose à ses yeux qu'une de ces poupées de chair vulgaires qui ridiculisent trop souvent la comédie sexy.
Martine Brochard est elle aussi très souvent nue mais moins exhibitionniste mais plus audacieuse en gestes. Pour le cinéaste elle incarne à la perfection la femme mûre qui parvient à dompter l'homme, à prendre pouvoir sur lui.
On appréciera également la prestation souvent mémorable de Emilio Cigoli dans la défroque de l'oncle cardinal pas vraiment chaste malgré ses discours supra moralisateurs.
Le hic provient essentiellement de l'interprétation fade, sans relief de Alberto Terracina, acteur quasiment inconnu qui ne fonctionne pas du tout ici. Inexpressif, mollasson, presque transparent, il semble tout simplement ne pas exister alors qu'il est le principal protagoniste. Le couple qu'il forme avec Martine tombe tout bêtement à l'eau en quelques minutes.
Cet ultime essai de Liverani qui dés les dernières prises terminées retourna au journalisme, dans la continuité de Sai cosa faceva Stalin alle donne?, est une comédie ironique à demi-réussie (ou demi-ratée) que seuls son aspect fortement culien, son esthétisme et la présence de Gloria permettent de capter l'attention d'un spectateur plus passif que vraiment excité et hilare. Beaucoup penseront à Tinto Brass mais n'est pas Brass qui veut pour faire du postérieur tout un poème érotique. Dans le cinéma italien transgressif, Il solco di pesca n'aura guère provoquer de remous mais dans un certain sens il reste tout de même le témoignage d'une époque jouissivement permissive, celle de ces fabuleuses années 70 qui savaient jouer de la transgression souvent avec humour aussi superficiel soit il.