Il decamerone proibito
Autres titres: Le décameron interdit
Real: Carlo Infascelli
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Décamerotique
Durée: 82mn
Acteurs: Dado Crostarosa, Carlos de Carvalho, Orchidea de Santis, Mario Frera, Gabriella Giorgelli, Margaret Rose Keil, Malisa Longo, Mario Maranzana, Giacomo Rizzo, Paolo Rosani, Elena Veronese...
Résumé: Un jeune novice florentin, Pipino, généreusement doté par Mère nature fait tourner la charnelle Monna Fiorenza qui s'est jurée de le mettre dans son lit et lui faire découvrir les plaisirs de l'amour. Sa servante est aussi émoustillée par le jeune moine. Alors que toutes deux s'évertuent à trouver un plan pour pouvoir coucher avec lui, les amis de Pipino, Bruno et Romanello, ont plus d'un tour dans leur besace pour séduire et coucher avec de belles épouses qui ne demandent qu'à tromper leur mari...
Mis en scène par Carlo Infascelli, un des producteurs-scénaristes les plus créatifs des années 50, un touche à tout qui oeuvra dans bon nombre de branches du cinéma de genre, Il decameron proibito / Le décaméron interdit fut une des premières décamérotiques à sortir sur les écrans italiens courant mars 1972. Ecrit par non moins de dix personnes dont le prolifique metteur en scène-scénariste Mario Amendola qui apporte au film sa touche fraichement égrillarde, Il decameron proibito fait sans aucun doute des meilleurs décamérotiques que le genre ait connu non pas pour son originalité mais pour sa salacité et
sa vivacité. Inspiré bien entendu des nouvelles de Boccace, il se contente d'enchainer quatre récits dont le principal point commun est le cocufiage d'époux trompés par des femmes aussi volages que malignes et l'esprit coquin de quelques hommes d'église.
Alors que la peste fait rage, Feruccio, un jeune messager florentin, arrive dans un bourg toscan. Par précaution ses vêtements sont brulés. Il est ensuite envoyé au monastère où il devient frère Pipino. Il aura tout de même eu le temps de faire tourner la tête de Monna Fiorenza, une noble dame qui ne rêve que de le mettre dans son lit et lui faire perdre sa virginité. Sa servante, Celeste, aimerait elle aussi coucher avec lui d'autant plus que Pipino
est particulièrement bien doté par Mère nature, un atout pour la coquine qui se propose d'apaiser cet objet ardent de désir. Surprise par sa maitresse alors qu'elle s'apprêtait à le déniaiser, elle devra laisser le pauvre novice entre les mains expertes de Monna Fiorenza. Malheureusement pour elle, son mari déboule à chaque fois qu'elle est sur le point de l'attirer dans ses filets. Grâce à un habile stratagème nocturne elle parviendra à ses fins. Pensant qu'il s'agit d'un voleur, le mari le fera arrêter. Condamné à mort, Monna le défendra en prétendant que la seule chose qu'il cherchait était de lui déclarer sa flamme et d'apaiser cette gourmande virilité que Dieu lui a donné, une déclaration soutenue par Celeste.
Messire Bruno, un peintre fringant, n'a quant à lui d'yeux que pour Nicolosa, la plantureuse épouse d'un des servants de son Excellence, à qui il va réussir à enlever la ceinture de chasteté juste avant que son mari ne revienne. La clé perdue, l'époux cocufié demande au forgeron de faire sauter le cadenas. Ce dernier profitera de l'occasion pour se faire payer en nature. Le pauvre homme est deux fois cocu.
Un prêtre est fasciné par la beauté d'une de ses fidèles, une femme bien entendu mariée à qui le mari ne fait que trop rarement l'amour. L'ecclésiastique se propose de la satisfaire dans l'étable lorsque l'époux arrive. L'ayant trouvé nue avec le prêtre, elle prétend alors qu'elle
est possédée et doit être exorcisée. Insatiable, elle va ensuite le tromper avec le séduisant Romanello, un des amis de Bruno.
La femme du podeste est de son coté courtisée par Messire Bruno qui la convaincra après une partie d'échec de lui faire l'amour en détournant l'attention du mari.
Tourné à Anagni et dans les campagnes de l'Ombrie, Le décaméron interdit pourrait au premier abord paraitre bien fade tant les récits sont simples si ce n'est banals. Infascelli rattrape cette singularité par un ton franchement enjoué, vivant, guilleret, une salacité particulièrement savoureuse qui jamais ne tombe dans la basse vulgarité. Rare
décamérotique à ne pas être découpée en segments, les histoires se mêlent et s'emboitent pour n'en former qu'une seule, cette première entrée dans le genre de Infascelli est une belle réussite dont le ton enthousiaste devrait réjouir plus d'un amateur. On savourera en premier lieu les croustillants dialogues tant dans la version italienne que la version française pour une fois respectueuse de l'originale, joyeusement égrillards, truffés de jeux de mots épicés et de sous entendus malicieux récités avec force et entrain. On se régalera des très nombreux plans de nudité tant féminine que masculine, cet érotisme par instant osé notamment lors des ébats adultères des divers protagonistes. Cette abondance de nus fait
du Décaméron interdit une des décamérotiques les plus audacieuses, un critère important si ce n'est primordial dans ce style cinématographique fort spécifique. Troisième atout du film sa distribution composée d'une superbe brochette de comédiens et de comédiennes spécialisées dans le genre qui semblent particulièrement bien s'amuser d'où une interprétation dynamique et convaincante tout à fait plaisante. En tête d'affiche on retrouve au centre du récit les yeux revolver et les formes généreuses de Gabriella Giorgelli, Monna Fiorenza, aux cotés de Malisa Longo version brune et la plantureuse Orchidea De Santis toutes trois ayant les scènes de nu les plus époustouflantes. La blonde Margaret Rose Keil
et Elena Veronese complètent ce casting haut de gamme. Coté masculin on sera heureux de revoir Dado Crostarosa, éphémère figure du cinéma populaire qui, impudique, nous offre jusqu'à plus soif son jeune et divin fessier dans le rôle de Pipino, le blond Carlos De Carvalhos, l'apôtre Jean du Messie de Roberto Rosselini, tout aussi peu pudique, et le prince du roman-photo le séduisant modèle Paolo Rosani beaucoup moins nu malheureusement mais tout aussi lubrique.
Accompagné d'une entrainante partition musicale agrémentée de quelques jolis chants aux
sonorités moyenâgeuses signée Gianfranco Chiaramello, cette décamérotique de début de file se révèle être un très agréable programme qui comblera aisément les attentes du spectateur amateur de ce type de cinéma dont il représente un des plus intéressant exemple.
Il est regrettable que ce premier essai de Carlo Infascelli qui récidivera la même année avec le décevant Le mille e una notte all'italiana / Canterbury interdit ait à ce jour jamais bénéficié d'une sortie DVD, la seule possibilité de visionner le film restant la vieille vidéo italienne ou française autrefois éditée.