Biancaneve & Co
Autres titres: Blanche-Neige et les sept sadiques / Biancaneve and Company / Blanca Nieves y los 7 sadicos
Real: Mario Bianchi
Année: 1982
Origine: Italie
Genre: Comédie érotique
Durée: 93mn
Acteurs: Michela Miti, Aldo Sambrell, Gianfranco D'Angelo, Enzo Garinei, Aldo Ralli, Tiberio Murgia, Oreste Lionello, Franco Bracardi, Gianni Magni, Mireno Scali, Serena Bennato, Damianne Saint-Clair, Andrea Albari, Martufello...
Résumé: Blanche-Neige, fille d'un roi désormais impuissant, est au fil des années devenue une jeune fille que tout le royaume souhaiterait posséder. Afin de retrouver sa virilité le roi a recours aux services de la sorcière Grimilde. En échange il devra l'épouser et en faire sa reine. Le cas échéant elle le castrera. Devenue reine, Grimilde, jalouse de la beauté et du succès de Blanche-Neige, envoie un tueur l'assassiner en pleine forêt. Cependant celui ci l'épargne. La jeune fille trouve alors refuge dans une cabane qui appartient à sept sages. Ils la recueillent et lui apprennent que tout le monde la croient morte. Blanche-Neige comprend vite que c'est Grimilde qui est à l'origine des faits...
Il est amusant de savoir que c'est Mario Bianchi lui même qui choisit Luigi Petrini pour écrire le scénario de cette comédie érotique délirante. Si le réalisateur du tout aussi extravagant White pop Jesus est donc à l'origine de l'histoire il refusa cependant de la diriger considérant que son ami Bianchi était beaucoup plus doué que lui dans le registre de la mise en scène. Bianchi accepta donc d'en prendre les commandes tandis que Petrini s'occupa de la production. Le résultat est on ne peut plus... déconcertant!
Le roi Agesilao a une particularité: il doit faire l'amour dans la neige du moins là où il fait froid
sinon il est impuissant. De ses ébats neigeux avec la reine au détour d'un bois lors d'une promenade à cheval nait une petite fille bien évidemment nommée Blanche-Neige. Décidé à guérir de son impuissance, le roi demande à une sorcière, la perfide Grimilde, de lui donner un remède. Celle ci accepte à la seule condition qu'il en fasse sa reine. S'il refuse, elle le castrera. Grimilde devient donc la belle-mère de l'enfant qu'elle déteste. Devenue une superbe jeune fille Blanche-Neige est convoitée par tous les hommes de la région. Folle de jalousie, Grimilde décide de s'en débarrasser. Pour cela elle demande à un tueur professionnel de l'emmener dans les bois et de la tuer. L'homme censé lui présenter le
Prince Bleu qu'elle rêve d'épouser décide de l'épargner après avoir profité de ses charmes nubiles. Tandis qu'il fait croire que Blanche-Neige est morte la jeune fille errante dans la campagne trouve refuge dans une cabane. Elle s'y endort et découvre à son réveil les occupants de la maisonnette: sept sages un brin brigand tous plus obsédés sexuels les uns que les autres. Blanche-Neige va s'occuper de la petite troupe et satisfaire leur appétit sexuel immodéré. Malheureusement Grimilde qui est en fait un transsexuel apprend qu'elle est en vie. Décidée à la tuer, elle va chez un puissant mage qui lui injecte dans le pénis un poison mortel. Travestie en garçon, elle se rend chez les sept mages, séduit Blanche-Neige qui ne
se fait pas prier pour faire une fellation à ce jeune homme sorti de nulle part. Blanche-Neige meurt. Inconsolables, les sept mages aux noms très ciblés (Connard, Baise le, Suce le...) pleurent la pauvrette lorsqu'un d'entre eux découvre qu'il existe un antidote. Si le prince bleu, un boiteux, bossu et myope, lui fait l'amour, elle ressuscitera. Mais pour cela elle doit être vierge. Les mages vont donc ressouder l'hymen de la jeune fille. Sa virginité ainsi réparée, le prince peut donc la monter. Blanche-Neige revient à la vie, part avec son prince charmant sur un cheval blanc ailé tandis que Grimilde est arrêtée par des vigiles napoléoniens pour attentat à la pudeur et travestisme.
Qu'on ne s'y trompe pas. ceux qui espéraient de Blanche-Neige et les 7 sadiques un film haut en couleur, une version perverse particulièrement trash du célèbre conte risquent d'être âprement déçus. Le film de Bianchi n'en est ni plus moins qu'une variante parodique, une comédie érotique étonnamment soft d'où toute forme de perversité, sadisme et déviation est exclue. On est plutôt ici face à un film qui s'inspire de la sexy comédie en lui empruntant bon nombre d'éléments, une vision moderne et coquin du conte qui vaut essentiellement pour ses incroyables anachronismes. Farfelu, délirant, fou, voilà quelques adjectifs qui pourraient qualifier cette pellicule dont les maitres mots restent cependant absurde, ridicule, idiot tant et
si bien qu'il devient difficile d'en parler. Il faut simplement le voir pour le croire!
Sous la plume folle de Petrini, Blanche-Neige est la fille très sexy d'un roi impuissant qui ne retrouve sa virilité qu'avec un pain de glace sur le sexe. Quant à la vilaine reine il nous la transforme en sorcière maitre-chanteur de surcroit transsexuelle, une bonne raison pour qu'elle refuse de consommer leur mariage forcé. Et, lorsque folle de rage, elle ne supporte plus qu'on fasse la queue devant une yourte installée dans le jardin pour que Blanche-Neige y satisfasse les désirs des hommes, elle décide de faire appel à un psycho-killer (sic!) trouvé dans les pages jaunes. Sur cette base Luigi Petrini nous offre un véritable salmigondis
complètement dingue où tous les anachronismes sont permis. Il n'y a ici ni château ni royaume encore moins de décors de conte seulement quelques costumes d'époque qui par moment côtoient jeans et baskets, chaussettes psychédéliques et platform-shoes comme le vocabulaire d'hier flirte avec celui d'aujourd'hui. Sur ce point précis, on peut se demander parfois si tout est bien volontaire notamment lorsque soudainement un carrosse croise au loin des voitures dans une rue bien équipée en pylônes électriques et antennes râteau! Où s'arrête le délire, où commence l'inattention, le je-m'en-foutisme? Remplacer le fameux miroir magique de la reine est quant à lui bel et bien un délire puisqu'il s'agit désormais d'un
écran de télévision dans lequel se trouve un speaker lui même relié à toute une régie et un standardiste folasse planté derrière l'oeil de Big Brother.
C'est un véritable délire que nous offre Bianchi, une farce inénarrable, inclassable, une parodie quasi surréaliste d'une bêtise sidérante où tout se mêle et se mélange dans la plus parfaite incongruité. Il fallait tout simplement oser de tels amalgames et transformer le conte de Perrault en une telle montagne de douce vulgarité qui ose même fustiger au détour de quelques répliques cinglantes certains grands noms du cinéma italiens dont Edwige Fenech, Ornella Muti, Barbara Bouchet, Adriano Celentano et Alvaro Vitali en les traitant de
gros... cons! Si Blanche-Neige et les 7 sadiques est riche en moments incroyables d'une stupidité abyssale le clou du film reste cependant l'injection du philtre empoisonné dans le pénis de Grimilde la reine transsexuelle. Après anesthésie locale du membre, le liquide est injecté grâce à une énorme seringue lors d'une séquence certes suggérée mais particulièrement drôle et efficace, l'imagination aidant. Dés cet instant tout semble partir en sucette, la fin du film, complètement débridée, devient un véritable n'importe quoi. Grimilde prend l'apparence d'un jogger androgyne, on imagine Blanche-Neige le sucer puis mourir après avoir avalé la semence empoisonnée. Les sages lui refont une virginité avec un fer à
souder afin que le Prince bleu la ressuscite et tout deux partent sur un cheval ailé qui ne s'envole jamais puisqu'un accessoiriste a simplement posé deux ailes en carton sur l'animal.
Tout effarant soit il le film de Bianchi ne fonctionne pourtant pas complètement. Il y a de belles trouvailles, quelques gags réussis, un coté fou-fou agréable et inattendu mais on reste dans le registre de la sexy comédie, du déjà-vu au niveau du comique. On sourit, on rit de temps à autre devant quelques jeux de mots, un effort d'originalité, une blague, mais l'ensemble manque de magie peu aidé par une mise en scène loin d'être à la hauteur du
projet, pas toujours très professionnelle presque amateur et un budget d'une pauvreté flagrante. La grosse déception reste l'absence total d'érotisme, un comble pour un tel film. Aussi salace et piquante soit l'intrigue il n'y a pas l'ombre d'une poitrine dénudée ou d'un fessier. Le film est aussi virginal que son héroïne est délurée! Bianchi qui finira sa carrière avec une kyrielle de films hardcore est ici d'une sagesse exemplaire, préférant visiblement se focaliser sur la grossièreté des dialogues et des situations.
On se laisse néanmoins porter par ce scénario divertissant d'une part pour voir jusqu'où les auteurs vont oser aller, d'autre part pour une distribution surprenante qui regroupe une
pléiade d'acteurs qu'on à peine à imaginer dans un tel projet. Sont donc à l'affiche l'irremplaçable Gianfranco D'Angelo qui joue les miroirs parlants, Aldo Sembrell, mythique figure du western qui glissera dans le X porte la couronne du roi impuissant, Aldo Ralli, Oreste Lionello, Enzo Garinei, Franco Bracardi et Tiberio Murgia. L'atout charme est évidemment Michela Miti qui prête son corps à Blanche-Neige. Venue de la sexy comédie (la série des Pierino avec Vitali) Michela, aussi séduisante que charmante, joue les mutines délurées avec un naturel désarmant. Elle est sans aucun doute le principal intérêt du film même si d'autres lui préféreront l'énigmatique Damianne Saint-Clair, une inconnue sosie de
Cher aux formes avantageuses, à la mine boudeuse, le rictus marqué, parfaite dans les robes de la méchante reine transsexuelle.
Sorti à la sauvette en province mais resté inédit à Paris, Blanche-Neige et les 7 sadiques qui bénéficia tout de même d'une édition vidéo française aujourd'hui assez rare est une improbabilité pelliculaire sidérante porté par un mélodie disco rock pétillante et un recyclage des musiques de Il trafficone , une ânerie d'un autre temps qui revisite le célèbre conte comme on n'aurait jamais osé l'imaginer. Il faut tout simplement voir cette comédie pour son idiotie, de préférence en italien pour en savourer tous les jeux de mots, savoir apprécier sa folie. Spectacle divertissant témoin d'un 7ème art italien inimaginable aujourd'hui, le film de Bianchi tourné à Cervetieri et Manziana n'est peut être qu'une demi réussite mais cette blague de potache a toute sa place sur l'étagère du passionné de cinéma de genre.