I segreti delle città piu nude del mondo
Autres titres: Naked cities
Real: Luciano Martino
Année: 1971
Origine: Italie
Genre: Mondo
Durée: 89mn
Acteurs:
Résumé: Un tour du monde de la sexualité, des rites et coutumes tous plus étranges ou inattendus les uns que les autres tant en Afrique qu'en Europe ainsi qu'une immersion dans l'univers des hippies sont au menu de ce pseudo reportage...
Beaucoup plus connu comme scénariste-producteur Luciano Martino, le frère de Sergio Martino, a cependant réalisé quelques films dans les années 70 dont ce mondo coécrit avec Sergio et Tito Carpi qui recycle certaines séquences des deux mis en scène par son frère, Mille peccati... nessuna virtù et America così nuda, così violenta respectivement tournés en 1969 et 1970 auxquels il a rajouté bon nombre de scènes proprement hallucinantes toutes commentées avec un sérieux quasi didactique malgré le ridicule des propos tenus.
Comme tout bon mondo qui se respecte, I segreti delle citta piu nude del mondo tente d'une
part de mettre en parallèle les rites et coutumes des sociétés occidentales dites civilisées, d'autre part ceux plus étranges et barbares du continent noir dit primitif, d'autre part de tenter une incursion dans le monde hallucinatoire des hippies, cette jeunesse flower power contestataire très libérée. I segreti delle citta piu nude del mondo est une sorte d'hybride entre le mondo africain, le mondo ethnologique si cher à leurs pères que sont jacopetti, Climati et les frères Castiglioni, et l'acid mondo très en vogue en ce début d'années 70. Le moindre qu'on puisse dire est que Luciano Martino nous a réservé quelques inoubliables moments d'une audace hautement réjouissante, une sorte de concentré d'images toutes
plus spectaculaires, révoltantes ou bêtifiantes les unes que les autres rassemblées dans un pseudo reportage haut en couleur.
C'est bien entendu en Afrique que débute le film, un continent où le sexe n'a jamais été tabou et qui n'a jamais eu besoin de sex-shops, de revues pornographiques encore moins de lingerie fine et autres accessoires coquins. Les indigènes usent de leur corps, du toucher physique sous toutes ses formes, font l'amour devant les enfants qui dés leur plus jeune âge connaissent tout du sexe, partie intégrante de la vie, contrairement à l'Europe où nos bambins doivent se cacher pour lire des magazines pour adultes et se contenter de regarder
les vitrines des magasins spécialisés, fascinés par les poupées gonflables et autres films X. Aux spectateurs de réfléchir et choisir entre ces deux formes d'éducation sexuelle, l'une totalement naturelle, libérée de toute contrainte, l'autre plus hypocrite et sournoise, reflet de nos sociétés judéo-chrétienne.
Puis on plonge au coeur d'une tribu indigène qui a quelques secrets de beauté que beaucoup de femmes pourraient lui envier. Pas d'esthéticienne ni de relooking, les africains se contentent de se rouler hystériques dans la terre et la boue tout en dansant frénétiquement pour célébrer la vie. Les suédoises préfèrent se rouler nues dans la neige, voilà qui est plus propre nous dit la voix off, c'est également toute la différence entre un
peuple dit primitif et nos contrées civilisées.
La circoncision est un thème très prisé des mondos, porté au summum de la cruauté par les frères Castiglioni dans une des séquences les plus inoubliables de Shocking Africa. Ici on aborde le sujet, indissociable des pratiques africaines, à travers une joyeuse célébration, des danses tribales très colorées au cours desquelles on recueille à la source le sang des jeunes circoncis sur une lame de couteau, un rituel magique pour destiné à rendre les femmes fécondes.
L'homme de couleur on le sait désormais a des tendances morbides et meurtrières. La
preuve avec d'une part cette femme indigène entourée de mouches qui couverte de boue arrache à l'occasion d'un rite religieux la peau putride d'un cadavre en décomposition, d'autre part un jeune noir qui dans le métro new-yorkais tue un passager blanc avant de s'enfuir. Toute la différence entre un homme de race blanche et un homme de couleur est ici nous assure alors le narrateur!
Ce n'est pas un secret, le peuple africain a toujours eu un sens inné de la fête et il n'a aucun besoin d'avoir recours aux drogues pour s'amuser, danser et festoyer, la preuve avec cette autre tribu qui chantent et danse frénétiquement au son des tam-tam endiablés, Ce n'est
malheureusement pas le cas chez nous encore moins chez la jeunesse hippie qui ne peut trouver le bonheur sans prendre de drogues. Acides, LSD, marijuana sont les principaux éléments dont ils ont besoin pour se sentir heureux et faire la fête, danser en état de transe hallucinatoire ou s'évader dans un monde meilleur. De quoi faire oublier l'Afrique à Martino et lui offrir l'occasion de nous faire découvrir l'univers hippie. Indispensable à la libération des sens et à la communication, la consommation de LSD donne naissance à des orgies carnavalesques surréalistes.
C'est aussi l'époque des grands rassemblements musicaux ou contestataires dans les
parcs ou sur les plages, cheveux longs et chemises à fleurs envahissent les espaces publiques, l'époque des communautés et de la communion divine. On fume de la Marie Jeanne, les joints tournent comme tournent les têtes et chavirent les sens. Nous voilà chez une famille où les parents font fumer leurs enfants en bas âge, on donne aux bébés un joint comme on leur donnerait un biberon, les pupilles se dilatent, les enfants poursuivent leur descente en chute libre avec une bouteille d'alcool aux lèvres sous l'oeil des parents avant qu'ils ne décident nous dit le narrateur de faire l'amour devant leur progéniture, un acte naturel qu'on doit partager!
Plus ludiques sont les spectacles où de jeunes comédiens chantent et dansent entièrement nus sur scène afin de tenter de représenter la douleur de l'acte sexuel face à un public stoïque, on est loin semble t-il du scandale provoqué par la comédie musicale Hair. La douleur prend un autre sens chez les pays en guerre comme pour cet homme de couleur à qui on coupe le gros orteil, une mutilation filmée en gros plan suivie d'un effet spécial hilarant.
La jeunesse de ce début de décennie a aussi de drôles d'idées, des occupations étranges comme cette secte qui vénèrent le nombril. Assis nus sur le sol les adeptes du nombril le
font bouger tout en se contorsionnant tels des vers de terre tandis que d'autres préfèrent le body painting pratiqué chez certains artistes. Un couple nu simule des ébats sexuels pendant que le peintre leur jette de la peinture sur le corps pour mieux capter l'essence même de l'acte et mettre en valeur les différentes poses amoureuses! La jeunesse hippie n'a pas fini de nous éblouir et cette nouvelle plongée au coeur même de leur vie senteur patchouli rythmée par quelques sonorités psychédélico-progressives ravira tous les amoureux de cette ère chevelue à jamais révolue.
On quitte ce monde de débauche pour nous envoler chez les esquimaux, un peuple que le
mondo ne nous avait pas habitué à visiter et c'est effaré que nous découvrons quelques uns de leurs secrets culinaires et quelques recettes de beauté. Si personne ne boude une bonne tartine de beurre confiture ou de pâte à tartiner chocolatée, la préférence de l'esquimau va pour une autre gâterie d'un genre plus particulier, la tartine de graisse aux poux et puces de corps réchauffée sous les aisselles, une friandise qu'ils dévorent presque religieusement filmée avec raffinement par un Martino apparemment tenté qui de surcroit appuie les bruits répugnants de déglutition! Quant aux bains, si la femme européenne raffole de lavande et de rose, de bains moussants parfumés, la femme esquimau ne connait que le parfum de
l'urine, preuve à l'appui! Dans un faux igloo en polystyrène, une esquimau se déshabille puis plonge dans un bac rempli de l'urine des parents, du frère et de la grand-mère récoltée tout au long de la semaine, se lave consciencieusement avec, s'en arrose le visage et finit par la boire joyeusement. Nous voilà tout excités
A Amsterdam, la prostitution a toujours été d'actualité et ce ne sont pas ces messieurs qui s'en plaindront surtout pas cet homme qui lors d'une interview affirme fièrement que pour lui la place d'une femme est dans une vitrine. La prostitution est pour lui une chose normale,
l'homme n'est pas fait pour travailler mais pour dominer la femme et lui faire l'amour! Cela n'est pas fait pour plaire à la directrice castratrice des ligues féministes anglaises qui va jusqu'à interdire aux femmes d'avoir des relations sexuelles avec un homme, une chose contre-nature. Elle prône les rassemblements entre femmes, les soirées entre femmes et la sexualité entre femmes où comment glisser en toute logique vers le lesbianisme, ses doux baisers langoureux et ses danses collé serré, le tout au nom de la déesse Sapho. L'homosexualité masculine se devait d'être présente. Si au Danemark on assiste à un mariage gay dans une église, en Afrique une femme noire est attachée et lapidée publiquement pour adultère ou nous dit le narrateur toute la différence entre un continent
resté à l'état primitif et un pays civilisé où tout est possible.
Un mondo ne serait plus un mondo sans son inévitable séquence chirurgicale et un soupçon de misérabilisme voyeur. C'est à la pose de prothèses mammaires à laquelle on assiste cette fois, une longue scène cliniquement très détaillée qui en fera frissonner plus d'un. Voilà qui change de l'incontournable scène de changement de sexe. Quant aux personnes âgées, en Europe, elles bronzent sur la plage, coulent des jours heureux au soleil, vont aux thés dansants, profitent de leur chaise longue alors qu'à New-York, elles agonisent sur les trottoirs dans la plus grande indifférence des passants!
Pour le reste, on fait la connaissance d'une jeune vierge qui conduit nue pendant que ses amies boivent de l'alcool à la bouteille à l'arrière de la voiture, une forme de contestation qui devrait en ravir certains, on assiste à la séance d'hypnose d'un guérisseur charlatan puis à des cours de strip-tease pour vieilles bourgeoises parisiennes en manque d'affection et des leçons de danse pour grands-mères arthrosées donnés par un professeur noir visiblement bien membré sous son collant. On fait également la connaissance de charmantes disquaires suédoises qui vendent leurs disques seins nus afin de faire fantasmer le client une fois rentré chez lui.
Si Luciano Martino a piqué à son frère des séquences de ses deux mondos, pas mal de réalisateurs allaient à leur tour réutiliser par la suite bon nombre de scènes du film pour leur propre mondo. L'amateur de ce sous genre fort controversé du cinéma d'exploitation ne sera pas surpris à la vision de I segreti delle citta piu nude del mondo qui aura donc à leurs yeux un goût de réchauffé.
Outre le fait d'avoir été une source d'inspiration, I segreti delle citta... est un très honnête mondo dans la grande tradition du genre non seulement pour le ridicule de son discours sexuel mais également pour l'aberrante hypocrisie, son doux racisme déguisé et sa partie "acid". De quoi faire jubiler les connaisseurs.