Emma puertas oscuras
Autres titres: Asesina obsesion
Real: José Ramon Larraz
Année: 1974
Origine: Espagne
Genre: Thriller
Durée: 74mn
Acteurs: Susanna East, Perla Cristal, Ángel Menéndez, Marina Ferri, Andrew Grant, George Rigaud, Hélène Françoise, Gustavo Ré, Maria Victoria Dura, Marta Flores, Juan Aymerich...
Résumé: Une adolescente, Emma, est accidentellement renversée, par la voiture que conduit Silvia, une infirmière en psychiatrie. Son cerveau ayant subi de graves altérations, la jeune fille doit être internée. malheureusement le personnel soignant découvre qu'elle entretient une relation lesbienne avec une des infirmières. Emma doit être renvoyée chez ses parents. ceux ci préfèrent partir en vacances plutôt que de s'occuper d'elle. Blessée, se sentant délaissée, Emma devient de plus en plus agressive. Silvia propose alors de l'héberger chez elle, se substituant à sa mère. Emma s'éprend de plus en plus de Silvia. Il finit par tuer son mari. Silvia décide de la protéger et cache le cadavre. Mais Emma de plus en plus perturbée, assassine alors Silvia. Elle s'enfuit et prend deux hippies en stop. Ils trouvent refuge dans un hôtel abandonné. Après qu'ils aient tenté de la violenter, Emma disparait dans la nuit. Tapie dans l'obscurité, sa raison a définitivement basculé dans la folie meurtrière...
Découvert en 1970 avec les particulièrement glauques et malsains L'enfer de l'érotisme et Déviation sexuelle, l'espagnol José Ramon Larraz s'est par la suite taillé une solide réputation parmi les inconditionnels d'un certain cinéma d'exploitation confirmée par Scream... and die, Symptoms et Vampyres, peut être le plus connu des films qu'il signa dans les années 70. Juste avant Vampyres il réalisa ce petit thriller méconnu, totalement inédit sous nos cieux et fort difficile aujourd'hui à visionner si ce n'est via la vieille vidéo espagnole jadis éditée.
Suite à un grave accident de la route causée par Silvia, une infirmière, Emma, une post-adolescente, souffre de sérieux troubles mentaux. Elle est admise en hôpital psychiatrique mais l'établissement se voit obligé de la renvoyer après que sa liaison amoureuse avec une des infirmières ait été découverte. Avec l'accord des médecins et la médiation de Silvia, elle retourne donc chez ses parents qui très vite la délaissent, préférant partir en vacances plutôt que de s'occuper d'une fille qu'ils n'ont jamais réellement aimé. Gravement affectée par ce départ, Emma devient de plus en plus agressive. Silvia avec l'accord de son mari et des médecins lui propose alors de l'héberger. Petit à petit elle
s'éprend de façon irraisonnée de la jeune femme. Elle sombre lentement dans la folie et devient de plus en plus violente et incontrôlable. Une nuit, jalouse, elle assassine sauvagement le mari de Silvia. Celle ci décide de cacher le cadavre dans sa maison de campagne avant de le découper et le bruler afin de protéger Emma. Perdant de plus en plus pied d'avec la réalité, ne se sentant plus en sécurité avec Silvia, Emma la tue à son tour et s'enfuit. Elle prend en stop un couple de hippies et les emmène dans un hôtel abandonné. Ils tentent de l'enivrer et d'abuser d'elle. Emma parvient à les tuer lorsque l'infirmière avec qui elle avait eu une relation lesbienne la retrouve. Elle tente de la raisonner mais il est trop tard, Emma a définitivement sombré dans la folie.
Dés l'ouverture du film on retrouve ces ambiances si chères au réalisateur, ces atmosphères crasses, suffocantes qui avaient fait la notoriété de ses premières oeuvres tournées en Angleterre, un pays que Larraz affectionnait particulièrement. Il aimait, avouait il, ces forêts sombres, denses et lacustres, emplies de mystères, son brouillard, son ciel trop bas, son climat si particulier propre à créer une aura fantastique bien particulière, à engendrer la peur. Il a très bien su en jouer pour ses premiers films et en joue de nouveau avec Emma puertas oscuras, littéralement Emma, les portes de l'obscurité. Comme pour Deviation, L'enfer de l'érotisme et Symptoms entre autres, Emma est quasiment un film d'horreur, un thriller typiquement britannique. Certes on y retrouve les défauts inhérents aux oeuvres du metteur en scène: un scénario peu fouillé souvent tiré par les cheveux, une série d'incohérences et une certaine facilité narrative mais l'aspect malsain de l'ensemble, oppressant et le personnage inquiétant de Emma parviennent facilement à faire oublier ces faiblesses.
Si les principaux attraits du film sont son caractère névrotique, son aspect particulièrement sombre, le jeu des acteurs apporte également beaucoup à l'ensemble, en tête Perla Cristal, à la fois tendre et rigide, dans la peau de Silvia, et la jeune Susanna East. le visage livide, le regard à la fois sauvage et désespéré dans le rôle de Emma, dont les accès de violence subites sont assez étonnants. A leurs cotés, on reconnaitra George Rigaud en psychiatre et le jeune Andrew Grant, récurrent des premières oeuvres de Larraz. On appréciera également les meurtres, tous très sanglants, perpétrés à l'arme blanche (couteau, rasoir) avec une sauvagerie inouïe dans une atmosphère souvent poisseuse. Si la violence est la plupart du temps très graphique, Larraz se permet également de suggérer certaines scènes durant lesquelles le spectateur laissera libre cours à son imagination. Ainsi il imaginera le sort atroce réservé au cadavre du mari de Silvia lorsque Emma apparait une hache à la main avant d'observer froidement la fumée s'échappant de la grosse cheminée de cette maison dissimulée dans la verdoyante campagne anglaise. L'imagination aidant, tout l'aspect macabre de la situation s'en trouve alors renforcé, créant un sentiment d'indicible malaise.
Le final, sans aucun doute la meilleure partie du film, se rapproche définitivement d'un certain cinéma d'horreur typiquement "british". Cet immense hôtel abandonné, perdu au milieu d'une épaisse forêt, dans lequel trouve refuge Emma et les deux hippies fera irrémédiablement penser aux oeuvres gothiques d'hier d'autant plus que Larraz sait admirablement bien jouer avec le coté lugubre des lieux, appuyé par les lourds violons d'une partition musicale angoissante, propice aux meurtres les plus sanglants, commis par une Emma tapie dans la nuit, si toutefois il s'agit de la jeune fille. On regrettera simplement le dénouement, décevant car peu logique et un brin précipité. L'amateur pourra cependant y voir un léger clin d'oeil volontaire ou non à Massacre à la tronçonneuse lors de la fuite de la jeune fille dans les bois, poursuivie par Emma qui s'enchaine avec la scène où Woody, le torse ensanglanté, traumatisé par le carnage dont il a été la victime, sort hagard de la voiture pour tenter d'arrêter un automobiliste. L'ombre de Marylin Burns n'est pas loin.
Emma puertas oscuras est un sympathique petit film d'horreur morbide dans la lignée des premières oeuvres du cinéaste que tant l'amateur de névroses de toutes sortes que le novice sauront apprécier à sa juste valeur. Voilà une autre petite rareté à découvrir sans crainte.