La venere d'Ille
Autres titres: La Vénus d'Ille / Venus von Ille / The Venus of Ille
Real: Mario Bava / Lamberto Bava
Année: 1978
Origine: Italie
Genre: Fantastique
Durée: 60mn
Acteurs: Daria Nicolodi, Marc Porel, Fausto Di Bella, Mario Maranzana, Adrianna Innocenti, Diana De Curtis, Francesco Federico...
Résumé: Alfonso De Peyhorrade, un riche châtelain, découvre sur les terres de sa propriété la statue d'une Vénus en bronze. En parfait état, il est subjugué par cette statue qu'il va faire expertiser par Matthew, un jeune antiquaire venu d'un village voisin. Matthew fait la connaissance de Clara, la belle-fille du châtelain qui s'apprête à se marier. Il est immédiatement frappé par la ressemblance étonnante de la jeune fille avec la Vénus...
Tiré du roman de Prosper Mérimée, La Venere d'Ille fut l'ultime réalisation de Mario Bava qui comme pour Shock fut assisté par son fils, Lamberto, à qui on doit le scénario coécrit avec Cesare Garboli, le choix des différents personnages et de nombreuses séquences de ce moyen métrage tourné à l'origine pour la télévision dans le cadre de la mini série I giochi del diavolo.
Pour son ultime mise en scène Bava n'est guère en forme. L'ensemble s'en ressent fortement tant il peine à instaurer un climat étrange propre à ce conte purement fantastique. Peu à l'aise dans un travail qui n'est plus le sien, Bava se perd dans cette histoire qui se compose essentiellement d'un interminable prologue, soit quasiment les quarante cinq première minutes pour déboucher sur un final un brin plus passionnant qui avoisine tout juste les quinze minutes. C'est pour dire que le maitre mot de ce téléfilm est ennui. Privé de
cette magie et de cette ambiguïté qui faisait tout le cinéma de Bava si on excepte une ou deux scènes furtives où le cinéaste joue avec les ombres et les lumières, La Venere d'Ille aux réminiscences gothiques incontestables est un moyen métrage d'une extrême platitude, beaucoup trop bavard pour être efficace d'où toute angoisse est quasiment absente. Au bout du compte, ce qui au départ aurait du être un beau mélodrame onirique aux tonalités surréalistes s'avère être vite un travail totalement anonyme que rien ne vient réellement sauver de la banalité.
Reste au crédit de ce téléfilm outre sa très belle conclusion cette aura de mystère qui entoure la statue de cette Vénus. Bava comme à son habitude parvient à donner vie à un objet inanimé, à en faire un personnage à part entière. La statue tout comme les deux anneaux échangés sont de véritables acteurs. Ils paraissent être vivants créant ainsi une sorte de magie, une atmosphère un brin particulière, quelque peu mystérieuse, le temps de leur apparition comme le montre la très belle séquence où la statue semble danser avec Matthew, comme hypnotisé par la beauté de la Vénus.
L'espace de ces trop courts instants, Bava donne l'impression de filmer une nature morte.
On soulignera la jolie interprétation de Daria Nicolodi toujours très investie et Mario Maranzana. Quant à Marc Porel, il prête sa beauté à ce conte surréaliste.
Malgré ces petits efforts visuels, cette éphémère magie et une jolie partition musicale, La Venere d'Ille reste malheureusement un téléfilm anodin, privé de véritable âme et médiocrement photographié. Après la descente amorcée avec Shock, La Venere d'Ille est le désolant reflet d'un cinéaste égaré dans une époque qui ne lui appartient plus. Voilà un chant du cygne qu'on aurait souhaité bien différent pour l'ex-grand metteur en scène. Mario Bava décédera trois ans plus tard.