Brutes and savages
Autres titres: Fureur sauvage
Real: Arthur Davis
Année: 1975
Origine: USA
Genre: Mondo
Durée: 107mn
Acteurs: Richard Johnson (Le narrateur), Arthur Davis...
Résumé: L'explorateur Arthur Davis nous invite à un voyage en Amérique du Sud afin d'y découvrir les surprenantes coutumes et autres rites de quelques peuples, la cruauté du règne animal et le marché de la drogue en Bolivie notamment. Il filme la misère avant de clore ce voyage par la visite d'un musée érotique très particulier...
Alors qu'en ce milieu d'années 70 le mondo africain est à son apogée avec notamment la saga des frères Castiglione, l'explorateur américain Arthur Davis nous offre en 1975 Brutes and savages / Fureur sauvage dont l'affiche alléchante nous promettait d'assister en direct à la mort d'un pauvre homme dévoré vivant par un crocodile géant. De quoi faire saliver l'amateur du moins d'exciter son imagination car le résultat à l'écran est quelque peu différent.
Si on peut classer Brutes and savages aux cotés du fameux Kwaheri-vanishing Africa de Thor Brooks, ce mondo rythmé par une partition musicale disco-funk signée Riz Ortolani nous emmène essentiellement en Amérique du Sud afin de trouver la réponse à une question existentielle: Qui sont les bêtes et qui sont les sauvages?
Le ton est ainsi donné et commence alors un voyage à travers la jungle et quelques villages indigènes ou bidon villes. Brutes and savages n'est jamais qu'un long travelogue additionné de séquences extrêmes prises le plus souvent dans des images d'archive. Et la jungle comme chacun le sait est un éternel champ de combat où chacun doit survivre comme il le peut.
Afin d'illustrer cette vérité, Davis filme donc avec aisance toute la cruauté animale. On a ainsi droit à un jaguar qui dévore un lapin, des serpents qui engloutissent goulument leurs proies quand ce ne sont les aigles qui mangent ces mêmes serpents. Mais l'homme est tout aussi cruel lorsqu'il massacre les animaux par nécessité ou à des fins rituels. C'est ainsi qu'on assiste à la mort horrible d'une tortue lors d'un sacrifice religieux. C'est une femme qui est ensuite vouée au terrible sacrifice du Dieu Soleil mais la malheureuse victime sera au dernier moment remplacée par un lama qui sera coupé en deux vivant, disséqué puis enterré. Afin de donner plus de crédibilité au rite, le narrateur, Richard Johnson dans la version originale, nous apprend que Davis a frôlé la mort pour avoir osé filmer la cérémonie. Ceci nous ramène au temps où Jacoppetti affirmait avoir mis en danger de mort l'équipe de Africa addio afin de filmer des images soi-disant interdites. Mais c'est là le dur travail de faux reporter de l'extrême.
La plus célèbre séquence est bien entendu celle de ce fameux crocodile fortement mis en avant par les slogans publicitaires de l'époque. La séquence rentre dans un contexte d'initiation rituelle. Un adolescent de 15 ans doit traverser une rivière infestée de crocodiles et nager jusqu'à l'autre rive sain et sauf. Dans le cas contraire, il sera renié et expulsé du village. Davis revêtu pour l'occasion d'une tenue safari installe donc ses caméras au bord de la rivière et attend. C'est alors que surgit le crocodile, la caméra s'agite, l'animal attaque l'enfant et sa tête se détache, prisonnière des crocs de l'animal. Il va sans dire que la scène est particulièrement risible, l'effroyable alligator n'est qu'un animal en plastique maladroitement manipulée qui tranche la tête d'un mannequin grotesque. Des images de véritables crocodiles sont insérées à la séquence sur lesquels la caméra s'attarde tandis que Davis ne cesse de répéter de manière solennelle "Ils sont très dangereux, ils sont très dangereux!" Tout au long du film, Davis fera d'ailleurs souvent référence à la cruauté des sauriens.
Davis fait ensuite un détour par les ghettos sud américains. Il y filme avec complaisance la pauvreté, la misère, ces enfants dont les parents espèrent que la caméra leur jettera un sort afin qu'ils meurent pour qu'ils aient ainsi moins de bouches à nourrir.
Nous plongeons ensuite dans l'univers de la cocaïne en Bolivie pour y découvrir comment se vend la drogue sur les marchés puis, une feuille de coca à la bouche, Davis nous fait découvrir certaines coutumes locales comme celle du viol des bergères par des villageois rivaux. Suivront des scènes de lapidation puis une trépanation sommaire.
C'est dans un musée érotique qu'on finira notre voyage de façon clandestine nous précise t-on. Davis nous invite en caméra (supposée) cachée à découvrir cette fois des représentations d'actes sexuels de toutes sortes, de statues phalliques inca en pleine fellation, masturbation ou sodomie, ce qui, nous apprend le narrateur, est une représentation de la torture ultime!! On croit rêver! On terminera ce tour de l'extraordinaire par une étonnante scène de zoophilie entre un homme et un lama tentant à démontrer que l'animal a lui aussi ses propres dieux et ses propres droits!
Sexe, drogue et mort sont donc le leitmotiv de ce mondo stupide dont on retiendra surtout les effarants slogans publicitaires qui misaient tout sur l'effet "mort réelle". Brutes and savages fera plus sourire qu'autre chose tant par son hypocrisie et ses ridicules simulations que les déambulations pathétiques de Davis dans cet univers soi-disant impitoyable. Les amateurs de mondo et de leurs lot d'atrocités bien réelles préféreront se rabattre très vite sur l'oeuvre des Castiglioni.
Davis reprendra une partie du métrage pour son documentaire suivant The art of killing axé sur cette fois sur la violence des arts martiaux.