Contratto carnale
Autres titres: The african deal / Contact / Carnal contact
Real: Giorgio Bontempi
Année: 1973
Origine: Italie / Ghana
Genre: Drame / Erotisme
Durée: 105mn
Acteurs: George Hilton Calvin Lockhart, Anita Strindberg, Yanti Somer, Franco Giornelli, Enrico Maria Salerno...
Résumé: Une délégation d'hommes d'affaires travaillant pour le compte d'un riche homme d'affaires italien débarque au Ghana pour négocier un important contrat avec un entrepreneur local. En séduisant la maîtresse de leur commanditaire, ce dernier va tenter de mettre bien des bâtons dans les roues de la délégation. En outre, leur comportement raciste et colonialiste empêchera toute forme de conciliation...
Journaliste et critique de cinéma, Giorgio Bontempi fit beaucoup parler de lui à la sortie de son premier film en 1968, Summit, une histoire d'amour chaotique située dans un Paris en pleine révolution étudiante, non seulement pour les thèmes plutôt controversés qu'il y abordait mais également pour ses rapports orageux avec Gian Maria Volonte qui refusa même de doubler le film.
Bontempi mit sept années avant de revenir derrière la caméra avec ce nouveau film qui tentait alors de s'infiltrer dans un filon très à la mode, le film exotico-érotique, dont il reprend les principales bases.
Contratto carnale également connu sous les titres Contact et The african deal, derrière son érotisme aux saveurs tropicales, est un film certes ambitieux mais qui laisse en surface certains des sujets qu'il traite.
Avant toute chose, Contratto carnale est un film sur le colonialisme et les rencontres culturelles mais également sue le commerce et de tout ce qu'il engendre, la destruction, l'affliction cela au nom de l'argent, sorte de nouveau Dieu qui pourrit l'âme humaine et dont nous sommes tous les victimes, blancs comme noirs.
Ici l'homme occidental est montré comme un être dépravé tandis que la femme n'est qu'une putain qu'on utilise comme une marchandise pour mener à bien une affaire ou signer un contrat.
L'homme noir n'est guère mieux loti. Le personnage qu'incarne l'excellent Calvin Lockhart est un traître corrompu, prêt à tout même à utiliser les sentiments de celle qu'il aime pour parvenir à ses fins. En cela, la rencontre entre l'entrepreneur du Ghana et le riche homme d'affaires italien est un des moments les plus forts du film, celui qui reflète le mieux tout le propos du film tant les deux hommes semblent être le miroir l'un de l'autre. Ils ne sont que deux hommes d'affaires engagés dans une compétition impitoyable qui échappe à toute règle et dont les intérêts sont bien plus importants que toute valeur morale. Toute morale est ici oubliée au profit de l'orgueil et peu importe les sacrifices ou les traitrises, l'important est ici de gagner.
Contratto carnale est une critique acerbe et surtout lucide du capitalisme, un des éléments fondamentaux du colonialisme que Bontempi illustre ici de façon quasi onirique lors d'une séquence qui rappelle les mondos africains, certainement une des séquences les plus belles du film. Lors d'une visite de l'île, Ruma entraine Silvia dans une sorte d'immense demeure où sont attachés et encagés des centaines de noirs, la couleur de leur peau tranchant avec le blanc immaculé des murs tandis que les esclaves se regroupent dans un silence mortuaire sous l'ordre des colons espagnols afin d'assister au viol d'une jeune adolescente. En l'espace de quelques minutes, dans un impressionnant silence, Bontempi est parvenu à montrer toute la cruauté de l'Homme blanc vis à vis des Noirs ( "Nous leur avons appris qu'un homme noir bon est un brave homme mais un noir méchant ne restera qu'un noir, l'Afrique n'est plus celle de Tarzan!"). Ruma qui avait alors la possibilité de venger sa race alors qu'il faisait l'amour à Silvia dans la salle où eut lieu le viol n'en fit rien, refusant d'utiliser les méthodes barbares de l'Homme blanc.
Le sexe est une arme, une monnaie d'échange. Ainsi Eva, l'épouse de l'homme d'affaires, est prête à tout sexuellement parlant pour que son mari puisse obtenir ce qu'il veut. Silvia, quant à elle, connait les règles du jeu mais elle n'est pas assez forte pour les mettre en pratique sans souffrir. Elle tombe amoureuse de Ruma, prise au piège des sentiments et des affaires.
A tous ces éléments s'ajoutent ceux du filon érotico-exotique et c'est à la blonde et divine Yanti Somer, le regard pénétrant, trop peu utilisée dans le cinéma de genre italien, et à Calvin Lockhart que reviennent les scènes les plus érotiques du film. Gorgées de soleil, entièrement tournées au Ghana, elles se déroulent pour la plupart dans de sublimes paysages ensablées, de superbes plages où s'écrasent les vagues, bercées par la savoureuse musique de Riz Ortolani. Filmées avec grand soin et sensualité, ses séquences imagent à la perfection la beauté du sexe interracial.
A leurs cotés, l'altière Anita Strindberg incarne comme d'accoutumée cet érotisme glacial qu'elle symbolise même si ses scènes ne sont guère dénudées. George Hilton et Enrico Maria Salerno complète cette très belle distribution.
Ce contrat charnel est une belle réussite alliant intelligent un érotisme iodé à une vision implacable de nos sociétés capitalistes, le type de contrat que l'Italie sut signer dans les années 70 pour le plus grand plaisir des amateurs d'un certain cinéma de genre aux parfums d'embruns.