L'alba dei falsi dei
Autres titres: Le crépuscule des faux dieux / L'aube des faux dieux / The fifth commandment / Das fünfte Gebot
Real: Duccio Tessari
Année: 1978
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 115mn
Acteurs: Peter Hooten, Helmut Berger, Evelyn Kraft, Umberto Orsini, Udo Kier, Lorella De Luca, Michael Enk, Kurt Zips, Heinrich Giskes, Wolf Linder, Rudolf Linder, Wolfgang Kälhert, Rainer Hill, Michael Weidelt...
Résumé: La Ruhr dans les années 20. Leo et Bernhart Redder, deux frères, vivent sous le joug de l'autorité patriarcale à laquelle ils souhaitent de plus en plus échapper. Après que leur père ait découvert qu'ils lui avaient volé de l'argent, les deux adolescents sont fessés déculottés face à la famille réunies. Ils fuient alors de la maison familiale. Ils doivent désormais subvenir à leurs besoins. Ils s'engagent dans les Sections d'Assaut entrainés par leur ancien camarade de classe Rudi Linnemann. Avec la bienveillance des nazis, ils forment alors un gang. Ils débutent en faisant du marché noir puis passent aux attaques à main armée puis les assassinats. Recherchés par la police, ils doivent se terrer...
Surtout connu pour ses westerns, il signa notamment deux Ringo, et ses polars (Les durs, Big guns, L'homme sans mémoire...) Duccio Tessari après s'être également essayé au film d'aventures (Safari express) ainsi qu'au giallo (La morte risale a ieri sera, Una farfalla con le ali insanguinate) touche cette fois au drame de guerre en réalisant en 1977 L'alba dei falsi dei / L'aube des faux dieux.
Tirée de l'histoire vraie des frères Hadder, L'alba dei falsi dei fait sans nul doute partie des meilleures réalisations de Tessari même si le film est assez inégal. Si le titre du film s'inspire de Ludwig, le crépuscule des dieux de Lucchino Visconti dont Tessari en reprend également un des principaux interprètes, le toujours vaillant Helmut Berger, L'alba dei falsi dei pourrait effectivement en être une forme de prolongation dont l'action se situerait cette fois dans l'Allemagne pré-nazie. Duccio Tessari tente avec un certain soin de reconstruire pour les besoins du film une Allemagne pré-hitlerienne dans laquelle il invite son spectateur à suivre l'histoire de ces deux frères qui dans un pays plongé de plein fouet dans la crise internationale de 1929, une période assez floue de l'entre-deux guerre qui vit la lente montée du nazisme, vont se retrouver enrôler dans la mafia hitlérienne après avoir fui l'autorité patriarcale. Devenus des marionnettes entre les mains des nazis, transformés malgré eux en machines à tuer, ils vont vivre dans la peur, obligés de se terrer puisque recherchés par toutes les polices.
Sorte de fresque historique, L'aube des faux dieux vaut essentiellement pour la réussite de la reconstruction de cette Allemagne en partie due à la présence d'une part d'une distribution germanique fort convaincante évoluant dans les mornes et austères paysages de la Ruhr où le film fut tourné, d'autre part à la force de certaines séquences dont la scène d'introduction, puissante et superbe, totalement maîtrisée. Tessari parvient à lui donner une certaine ampleur, à reconstituer avec brio l'univers strict d'une famille soumise à l'autorité du patriarche que les deux adolescents cherchent à fuir, un moment clé qui nous offre de surcroit une scène de fessée déculottée admirable que l'amateur saura apprécier.
Tessari ne retrouvera malheureusement plus une telle intensité par la suite. Le film alterne dés lors passages fort intéressants plutôt difficiles, certainement son aspect le plus marquant, telle l'ampleur que prend lentement le conflit entre les deux frères particulièrement bien décrit ou la plupart des séquences où intervient la police nazie et des scènes plus fades qui manquent d'intensité dramatique. C'est d'autant plus dommage que le récit est un peu trop linéaire se contentant d'enchaîner sans grande conviction scènes de braquage de banques et attaques de convois allemands alors que Leo et Bernhardt, sorte d'équivalent de Bonnie and Clyde sous l'occupation, sont traqués tant par la police que par les mouvements nazis bien décidés à faire un grand nettoyage en Allemagne. Il manque à cette lente descente vers le banditisme de ces deux frères déchirés entre leurs liens de sang et leurs aspirations trop opposées ce souffle dramatique qui aurait donné à l'ensemble une véritable âme. Le final certes brutal ne surprendra guère mais c'est là une conclusion logique à la fascination qu'un frère cadet peut vouer à son ainé jusqu'à le suivre aveuglément dans ses plus terribles décisions.
Helmut Berger qui garde du film un souvenir amer essentiellement dû à l'austérité de la région et à un tournage marqué par l'ennui et Peter Hooten, acteur américain venu de la télévision qui fera les beaux jours durant les années 80 d'un cinéma Bis italien en pleine agonie, délivrent tout deux une interprétation magistrale aux cotés d'Umberto Orsini et Udo Kier, malheureusement un peu trop en retrait. L'actrice russe Evelyn Kraft quant à elle n'est guère avare de ses charmes qu'elle étale de façon impudique lors quelques scènes érotiques assez osées qui tranchent avec le coté plutôt sobre du film. L'ensemble est porté par la très belle partition musicale signée Armando Trovajoli par moment un peu trop redondante.
Oublié de la filmographie de Tessari, injustement méconnu, L'aube des faux dieux connut cependant les honneurs d'une discrète sortie en salles en France puis d'une édition vidéo. Le film bien malheureusement semble s'être depuis volatilisé, absent des programmations télévisées aussi bien françaises qu'italiennes, également oublié des éditeurs DVD. Difficilement visible aujourd'hui, L'alba dei falsi dei malgré ses défauts mérite cependant toute l'attention de l'amateur d'oeuvres Bis qui aime se plonger dans cette époque trouble qui vit naitre la lente montée du nazisme.