Bermude: la fossa maledetta
Autres titres: SOS triangle des Bermudes / The shark's cave / Cave of the sharks
Real: Tonino Ricci
Année: 1978
Origine: Italie
Genre: Fantastique / Horreur
Durée: 90mn
Acteurs: Andres Garcia, Janet Agren, Arthur Kennedy, Pino Coluzzi, Maximo Valverde, Cinzia Monreale, Adriana Falco, Sergio Doria, Oscar Alvarez, Angelo Caligaris, Sergio Sinceri...
Résumé: Un plongeur, Andres, est retrouvé inconscient au milieu de l'océan. Il avait disparu six mois plus tôt dans le fameux triangle des Bermudes. A son réveil il ne se souvient de rien. Un nouvel avion avec à son bord un coffret rempli de documents de haute valeur disparait à son tour. Le coffret quant à lui gît au fond des eaux dans une grotte gardée par d'étranges requins. Un groupe de malfrats veulent le récupérer. Il demande à Andres de plonger afin qu'il le retrouve. Il accepte avec la ferme intention de découvrir le secret des Bermudes et de cette mystérieuse grotte...
Suite au succès des films de Spielberg, Rencontres du 3ème type et Jaws , le cinéma de genre transalpin s'empara du phénomène avec plus ou moins de bonheur il est vrai. Comme il le fera pour Encuentro en el abismo, Tonino Ricci tente ici d'allier les deux en y incluant un troisième thème alors fort à la mode au cinéma, le tristement célèbre triangle des Bermudes. C'est ainsi qu'il va essayer de donner sa version des faits afin d'expliquer le fameux mystère de ce triangle maudit qui fascine l'homme depuis tant d'années.
Si avec Encuentro en el abismo il en donnait pour explication une civilisation extra-terrestre proche de celle de Spielberg ayant trouvé refuge au fond des mer, les explications demeurent cette fois floues. Bermude: la fossa maledetta, premier film d'une trilogie qui se clôturera par l'inutile et bien indolent La notte degli squali, nous entraine sous le soleil de St Domingue où un plongeur a été retrouvé inconscient dans la mer. Fait anodin si l'homme n'avait pas disparu depuis plusieurs mois dans les Bermudes après que son bateau semble s'être évaporé. C'est alors qu'un autre avion disparait avec à son bord un coffret rempli de documents de grande valeur. Notre homme est alors sollicité par une bande de malfrats prêts à tout pour les récupérer. Accompagné d'un ami, il y retourne donc, anxieux de savoir ce qui s'est passé. Le coffret quant à lui gît au fond d'une grotte gardée par d'étranges requins.
Une fois de plus Ricci nous offre un film carte postale où il promène son équipe sous le soleil tropical aux rythmes des fêtes locales sur fond d'océan bleu et de palmeraies verdoyantes tant et si bien qu'il en oublie un peu trop l'intrigue de son film qui reste confuse. S'il est clair que la sous-intrigue prend vite le dessus, la récupération des documents par un groupe d'individus peu recommandables, Ricci semble s'être un peu perdu lui même dans ses explications quant au mystère des Bermudes qu'il délaisse un peu trop. Ce sont à des phénomènes paranormaux générés par une civilisation supérieure que seraient dues ces disparitions selon le cinéaste_. Inutile de chercher d'en savoir plus, le spectateur frustré devra s'en contenter. Ricci promène donc son équipe sous le soleil qui plus être en vacances que de chercher réellement la cause de tous ces mystères. Bien peu concernés semblent être en effet le play-boy espagnol Andres Garcia, acteur fétiche de Ricci, et la belle Janet Agren, qui déambule, transparente et monolithique, jamais mise en valeur par le réalisateur qui lui préfère les fonds sous-marins qu'il nous fait visiter sans relâche. De beaux plans certes mais qui deviennent fastidieux au bout d'un moment puisqu'il ne se passe pas grand chose.
Les fameux requins promis se font tout aussi rares et leur apparition en milieu du film ne risque guère d'affoler le spectateur tant ils sont indolents. Le scénario nous les présente comme les gardiens particulièrement anémiés du secret des abîmes, hypnotisés par une force étrange.
Ricci parsème pourtant son film de scènes parfois intéressantes, inquiétantes, qui donnent à l'ensemble un agréable coté fantastique mais qui jetées ainsi perdent beaucoup de leur intérêt puisqu'elles ne trouvent aucune réelle explication quant à leur place au sein de l'histoire. Il en va ainsi de cette étrange et envoûtante séquence où sur un bateau, tandis qu'un des passagers accompagné de sa guitare chantonne une triste mélodie, une fillette au visage ingrat se lève, se dirige vers le pont et jette par dessus bord son affreuse poupée qui se met à saigner. La fillette saute à son tour comme attirée par les flots suivie de l'équipage alors qu'apparaissent les requins qui jamais n'attaqueront. Hypnose collective, suicide collectif, cette séquence renforcée par une musique dérangeante ne trouvera aucune explication malheureusement. On regrettera d'autant plus cette absence que son impact est évident.
Tout aussi bizarres sont en fin de métrage les apparitions aquatiques de cette étrange silhouette au milieu d'une pluie d'éclairs tandis que les requins s'acharnent sur les plongeurs. Le final réserve d'ailleurs quelques bons moments, certainement les meilleurs du film, dont entre autres la mise en charpie d'un plongeur par les squales affamés et la mort spectaculaire du pauvre Andres Garcia. Il est dommage que le montage un brin catastrophique rende ce final un peu trop confus et difficile à suivre car c'est de loin la partie la plus intéressante du film.
Bercé par une partition musicale aux accents disco qui se mélangent à des sons plus expérimentaux et synthétiques lors des moments d'angoisse, SOS triangle de l'enfer offre quelques effets spéciaux sommaires: quelques maquettes qui font illusion, des nappes de sang qui colorent l'eau ainsi que deux ou trois effets sanglants dont quelques membres arrachés. Voilà qui est peu pour satisfaire les désirs des férus d'attaques de squales mais qui pimentent un peu ces aventures ensoleillées et maritimes.
Aux cotés de Janet Agren et Andres Garcia, on retrouvera Arthur Kennedy en vieux gangster tandis que les admirateurs de Cinzia Monreale seront fort déçus de sa trop courte apparition.
Si ce n'est pas cette fois que les Bermudes révèleront leur secret encore moins sous la férule de Ricci cette amusante petite série se laisse néanmoins regarder avec un certain plaisir un peu comme on feuillette nonchalamment une revue touristique en prévision de nos prochaines vacances. Dommage car le film avait un certain potentiel de départ.