Maniaco Deprebis

Bien avant l'ère des films exotico-érotiques qui débuta au début des années 70 pour atteindre l'apogée du succès au milieu de ces mêmes années, on trouve ça et là quelques oeuvres érotiques tropicales dont cet étonnant Jungle erotic / Africa erotica connu chez nous sous le titre de Frissons africains réalisé par Louis Soulanes et Zygmunt Sulastrowski qui en fait ne ferait qu'une seule et même personne.
“L'histoire inhabituelle d'une jeune américaine et de son incroyable aventure” nous annonce le slogan de l'affiche et incroyable est bel et bien le mot pour décrire cette étrange coproduction franco-belge qui risque de laisser pantois le spectateur. Disons le de suite, si Erotic jungle n'est pas tombé dans les oubliettes du 7ème art c'est pour cette audacieuse tentative d'approche d'un certain courant euro-sleaze au détour de quelques scènes dont celle du chimpanzé.
Taquin, l'animal dérobe en effet le pantalon de notre belle protagoniste qui se baigne dans la rivière et l'emporte au sommet d'un arbre. Voulant récupérer son bien, elle monte sur l'arbre, en fait un arbuste assez ridicule, glisse, tombe et s'assomme. Le chimpanzé va profiter du corps nu de la Belle pour l'examiner sous toutes les coutures sans oublier de visiter innocemment son intimité tout en la couvrant de baisers et de caresses. L'arrivée d'un python affamé voulant dévorer notre aventurière novice en plein réveil mettra fin à ces instants plus hilarants que choquants.
La séquence reste un monument d'audace dans un film qui n'est en fait qu'une simple bande dessinée ludique, un beau safari photo dans les magnifiques décors naturels d'Ouganda et de Tanzanie dans lesquels notre modèle en herbe passe son temps à poser entre deux mésaventures digne d'une histoire de Martine en Afrique revue et corrigée par Barbara Cartland!
Dénué de tout scénario, Africa erotica n'est qu'un prétexte à un beau voyage souvent fort drôle d'une niaiserie qui semble par instant sortir d'un autre âge. L'histoire pourrait se résumer ainsi: un vieux photographe tombe sous le charme d'une jeune fille candide et l'emmène en Afrique afin qu'elle pose pour lui dans la savane. Sur ce scénario-confetti Soulanes et Sulatrowski assemblent toute une série de scènes sans queue ni tête dont le seul but est dirait on d'atteindre les 90 minutes de métrage réglementaires. On trouve donc pêle-mêle un coin de savane naturiste où s'ébattent de beaux couples sous l'oeil d'oiseaux colorés, des éléphants troussent nonchalamment nos deux aventuriers du dimanche qui vont faire face à des lions, tigres, hippopotames, buffles, mygales et autres crocodiles quand ils ne doivent pas affronter des tribus colorées et tout en plumes. De quoi faire pleurnicher notre beau modèle.
On se régalera du combat entre le vieux photographe et le python, un moment inoubliable d'hilarité qu'on espère involontaire sous l'oeil fort inquiet de la Belle. Laurel et Hardy ne sont pas loin!
Afin de pimenter l'ensemble, notre jeune héroïne cache un douloureux secret puisqu'elle s'est faite violée, un moment que le réalisateur nous fait revivre lors d'un flash-back une fois encore plus hilarant que dramatique. Elle n'est pas la seule à cacher un passé larmoyant puisqu'au détour de confidences sur appuie-tête, nos deux aventuriers étant coincés dans leur voiture, nous allons revivre la belle histoire d'amour avortée du vieux photographe avec une jeune paysanne de Hong-Kong. D'Afrique nous passons donc à Hong-Kong pour ce qui restera une des bluettes les plus clichés du cinéma. C'est de nouveau là un beau moment de fous rires garanti pour le spectateur avant que, à court d'idées, le réalisateur se mette à enchaîner durant les vingt dernières minutes une série de séquences animalières toute plus stupides les unes que les autres tandis que nos deux aventuriers traversent les rivières en voiture, meilleur moyen pour que le delco prenne l'eau. Notre héroïne le fera bien entendu et bien malencontreusement tomber au fond de la rivière alors qu'il séchait sur le capot. Jamais en manque d'imagination, notre photographe va alors fabriquer une voile avec toutes les robes de son étourdie de modèle et inventera ainsi la première voiture à voiles. C'est sur cette sidérante image que le mot FIN apparaitra juste avant que le réalisateur ait rajouté quelques séquences qu'il veut sordides dont cette inénarrable scène de secte sexuelle où quatre malheureux adeptes partouzent dans un salon au son d'une musique disco particulièrement laide. Africa erotica est un spectacle d'une autre époque, une sorte de roman-photo softcore d'une bêtise assez phénoménale qui ressemble à un épisode de Daktari dont l'héroïne serait Eve Angeli. Entre ennui et éclats de rire, Africa erotica pourrait être vu comme un hommage parodique des serial d'aventures des années 30 auquel on aurait rajouté quelques plans fort osés afin de le rattacher à l'euro-sleaze d'alors.
Carrie Rochelle, jeune inconnue dont ce fut le seul film, incarne cette modèle candide qui passe son temps à poser nue, gambader en tenue d'Eve tout en papillonnant et gloussant aux cotés du tout aussi inconnu Darr Poran. L'amateur reconnaitra une toute jeune Brigitte Lahaie s'ébattant avec joie lors de la micro-partouze organisée par la secte.
Il est utile de signaler qu'il ne faut pas confondre Erotic jungle avec The erotic adventures of Robinson Crusoe également intitulé Afrika Erotika.