Through the looking glass
Autres titres: Femme ou démon
Real: Jonas Middleton
Année: 1976
Origine: USA
Genre: X
Durée: 91mn
Acteurs: Catherine Burgess, Jamie Gillis, Laura Nicholson, Kristen Steen, Douglas Wood, Kim Pope, Ultramax, Eve Every, Roger Caine, Nancy Dare, Terri Hall, Jeffrey Hurst...
Résumé: Catharine, une jeune bourgeoise, ne parvient plus à trouver de plaisir sexuel avec son riche époux. Elle s'ennuie ferme jusqu'au jour où elle entre dans le grenier dont elle seule a la clé. Devant un gigantesque miroir, elle s'adonne aux plaisirs solitaires tout en pensant à son défunt père qui la hante et l'obsède chaque jour un peu plus. Un jour, un démon sort du miroir et va lentement la posséder afin de lui faire vivre ses fantasmes les plus pervers. Rêves et réalité se confondent dans l'esprit névrosé de Catharine qui perd pied. Le démon va prendre l'apparence de son père avec qui elle vécut une liaison incestueuse dramatique avant de l'entrainer en Enfer..
Dans les années 70, le cinéma fantastique a souvent tenté de se marier à la pornographie. Il y eut de belles réussites souvent originales comme Defiance, Psychose et fantasmes sexuels de Miss Aggie, Story of Johanna ou même des oeuvres plus pointues notamment celles de Damiano comme Waterpower. Femme ou démon / Through the looking glass réalisé en 1976 par Jonas Middleton fait partie non seulement de ces réussites mais également des grandes surprises de ce mariage inattendu.
Visuellement trés beau, Femme ou démon prend pour lieu d'action une vaste demeure bourgeoise aux lourdes tentures dont les murs sont recouverts de portraits sévères. C'est là que vit Catharine dont le mari et père de sa fille n'arrive plus à satisfaire. Catharine s'ennuie au fil de journées qu'elle passe à se remémorer son père qui la hante et l'obsède sous forme de flashes surréalistes. Elle fuit la réalité et s'enferme dans le grenier dont elle seule possède la clé. Elle se laisse alors aller à ses fantasmes et se donne du plaisir face à un gigantesque miroir tout en pensant à son père.
A ce stade, Femme ou démon reprend avec brio un des thèmes classiques du cinéma fantastique, le miroir habité par une âme démoniaque. Alors qu'elle se masturbe, une voix sépulcrale qui va subjuguer Catharine surgit du miroir. La voix va prendre vie puis forme. Le miroir est habité par une ombre à laquelle Middleton va donner un corps lors une impressionnante séquence où deux bras sombres et puissants surgissent de la glace et pénétrant l'intimité de Catharine. Middleton nous offre alors une étonnante scène très clinique durant laquelle la caméra prend la place des bras phalliques et pénètre l'intérieur du vagin de l'héroine tandis que grognements et râles bestiaux résonnent dans la pièce! Fascinée, Catharine découvrira alors le visage de cette entité diabolique noirâtre au visage grimaçant. Obsédé par ce miroir, elle va vivre désormais recluse dans ce grenier où chaque jour elle se donnera au Démon.
Si pour Catharine tout cela est réel, Middleton de son coté laisse planer le doute dans l'esprit du spectateur quant aux visions de Catharine. Est elle folle, est ce le fruit des obsessions et des frustrations d'une femme malade ou cela est il bel et bien l'effroyable réalité? Vit elle ses névroses et le traumatisme lié à son père en leur donnant la forme de cette entité diabolique, à travers elle exprime t-elle tous ses fantasmes de femme frustrée? Voilà quelques unes des passionnantes questions qu'on est amené à se poser à la vision du film deMiddleton qui reprend à sa façon la trame d'Alice au pays des merveilles. Elle a traversé le miroir afin de vivre ses fantasmes les plus pervers, ceux qu'elle refoule au plus profond d'elle même. Elle assiste à un carnaval grotesque où se croisent travestis et précieuses créatures poudrées, à des orgies décadentes où le lapin blanc du conte de Lewis Carroll est ici remplacé par une Bunny girl offerte et conciliante jouant avec une carotte comme on joue avec un godemiché. une carotte plantée dans le fessier.
Le miroir devient son compagnon qui prend la forme de son père. Elle va revivre sa douloureuse enfance marquée par un terrible inceste durant lequel ce père dont elle était amoureuse la viola et lui fit perdre sa virginité. Cet amour refoulé, traumatique et contre nature est le centre du film et des névroses de Catharine. Rédemption ou punition, elle doit expier ou payer. L'entité va quitter sa noire enveloppe pour prendre celle du père, terrible exorcisme qui mène au final apocalyptique, transformant Femme ou démon en véritable film d'horreur. Après qu'elle ait définitivement sombré dans une irréversible folie, l'entité la violera violemment une nuit d'orage. Ses cris de souffrance, ses pleurs se mêlent au fracas du tonnerre tandis que le Démon, exultant, ricanant, l'entraîne de l'autre coté du miroir. Middleton nous offre alors sa propre vision des enfers, surréaliste, apocalyptique. Catharine se débat et se noie au milieu d'un océan de fange, d'excréments et de sperme qui se découpe sur un paysage aux couleurs rouge sang. Damnée, la jeune femme est désormais prisonnière de sa folie, de l'enfer de ses vices. Middleton nous offre là une des plus impressionnantes visions de l'Enfer que le cinéma nous ait proposé. Le retournement de situation final nous incite à penser que le vice se transmet de mère en fille puisque la fille de Catharine qui a hérité de la clé du grenier semble avoir les mêmes symptômes névrotiques et incestueux que sa mère.
Bénéficiant d'une solide mise en scène, de somptueux décors qui conférent à l'oeuvre un charme fantastique suranné rappelant les oeuvres fantastiques anglaises, appuyé par une partition musicale inquiétante qui renforce l'effet de peur, Femme ou démon est un véritable film d'horreur où l'atmosphère effrayante et surréaliste prend le pas sur les séquences pornographiques souvent osées et particulièrement belles et soignées. Croisement entre Alice aux pays des merveilles, le film fantastique et le film d'horreur pure, Femme ou démon dont on préférera le titre original Through the looking glass, référence directe au conte de Carroll, est un film sur la folie, la névrose engendrée par un amour contre-nature obsessionnel qui débouche sur un véritable voyage au coeur de l'étrange et de l'innommable.
L'interprétation est excellente. La belle et blonde Catharine Burgess est parfaitement convaincante dans la peau de la malheureuse Catharine. Quant à Jamie Gillis, il est tout simplement stupéfiant et particulièrement effrayant dans le double rôle du père et du Démon.