Les minets sauvages

Autres titres:
Réal: J.D Cadinot
Année: 1984
Origine: France
Genre: X gay
Durée: 90mn
Acteurs: Didier Hamel, Luigi Di Como, Jean Louis Vaissières, Jonathan Lévy, Pierre Buisson, Gerard Mandrin, Omar Salam...
Résumé: Une maison de redressement non loin de Paris. Dans cet univers clos s'attirent, se confrontent, se provoquent un groupe de délinquants aux antécédents trouble, aux pulsions sexuelles violentes, établissant leur propre ordre social. Le Chef de clan traque, sans pitié, le nouveau venu et le soumet à sa loi. Le dortoir, la chaufferie, l'atelier sont les cadres d'humiliations imposées à cette proie facile. Les jalousies, les tensions et les désirs éclatent à l'arrivée de ce nouveau camarade d'infortune. Un complice et lui prennent sous leur protection la victime et tentent de mettre fin au règne de leur chef...
S'il est un nom à retenir dans le monde d'un certain type de film porno gay c'est bel et bien celui de J.D Cadinot. Il restera en effet à jamais lié à l'univers cinématographique gay auquel il donna ses lettres de noblesse à travers une multitude de films destinés au marché video.
Cet ex-photographe qui fit ses premiers pas derrière la caméra au début des années 80 développa une image bien spécifique de l'adolescent gay qui allait devenir sa marque de fabrique. Le modèle Cadinot est un éphèbe au corps noueux, au visage angélique, portant des débardeurs et des jeans moulants sous lesquels il cache- ou ne cache pas- un slip blanc. C'est le petit beur, le jeune rebelle, le sage écolier ou l'étudiant, le scout ou le petit serveur.
Ces caractéristiques on les retrouve dans Les minets sauvages, un des premiers grands films que Cadinot ait réalisé après Tendres adolescents, Classe de neige ou Jeux de piste et certainement le plus intéressant tant dans le fond que la forme.
Véritable petit film cinéma, Les minets sauvages est cette fois, contrairement à la plupart des autres films du réalisateur, basé sur un vrai scénario dont le but n'était pas uniquement d'étaler des scènes X sur un semblant d'histoire. Les minets sauvages est en effet une belle tentative d'approche de la vie dans les maisons de redressement où sont envoyés délinquants et jeunes rebelles.
Cadinot à sa façon démontre la violence, la perversion qui y règnent à travers des séquences d'une rare brutalité qui ne laissera pas indifférent le spectateur. C'est également une étude de moeurs doublé d'un constat brutal de la lutte pour le pouvoir chez les délinquants enfermés dans ces prisons pour mineurs. Le titre prend ici tout son sens et le film reste à ce jour unique dans la filmographie du réalisateur par sa violence exacerbée, la noirceur du sujet et de la réalisation trés loin derrière le coté champêtre ou bon enfant de films tels que Classe de neige, Gamins de Paris, Pension complète et autre Jeux de pistes.
Dés les premières images Cadinot plonge le spectateur dans un univers de violence stupéfiante dés l'arrivée du jeune héros, Didier, dans cet établissement pour s'être prostitué. Il est d'emblée humilié par le surveillant général et devient le souffre douleur de ses camarades. Il sera violé, "gang-bangué" chaque nuit et pris à parti chaque jour que Dieu fait.
L'univers pénitentiaire est montré sous son jour le plus noir. Abus, chantage, pouvoir, jalousie, sexe, Cadinot y dépeint avec cruauté le désespoir de ces jeunes qui ne semblent exister qu'à travers la domination et le pouvoir sur l'autre. Si certains tentent d'y échapper à travers une belle romance, d'autres par la révolte et la fuite au final rien ne change.
Les minets sauvages est un véritable film sur le milieu des établissements de redressement où les séquences de sexe sont d'une brutalité inouïe. Certains pourront même les qualifier de dérangeantes et choquantes. Cadinot y fait se succéder viols et humiliations avec une trés forte tendance pour les scènes de sodomie sous un déluge d'insultes, appuyés par une partition musicale angoissante.
Fidèle à la tradition Cadinot, les jeunes acteurs sont particulièrement convaincants et prêts à toutes les audaces. Particulièrement bien définis tous autant qu'ils sont, ils parviennent à transmettre l'émotion nécessaire pour qu'on puisse non seulement croire à cette histoire mais qu'on puisse éprouver de la compassion pour eux , comprendre leurs réactions et le pourquoi de leurs actes. Luigi Di Como, un habitué des films de Cadinot, donne un coté fort crédible à son personnage de leader et à la brutalité des viols dont le plus souvent il est l'instigateur.
Cet établissement est lui même un personnage à part entière du film, imposant, massif, érigé au milieu de la campagne hivernale qui renforce la froideur de l'histoire.
Les minets sauvages est une réussite qui laissera longtemps après sa vision un goût amer au spectateur et réjouira l'amateur de violences sexuelles. Les fans de porno gay seront eux comblés tant par la beauté des acteurs que par leurs performances. Les minets sauvages peut être considéré comme une ode au bondage et au fantasme du viol dont il constitue une véritable pièce maîtresse, à la fois perverse, malsaine mais terriblement érotique. Si on oublie cet aspect et qu'on ne tienne compte que du témoignage qu'il se veut être sur cet univers, Les minets sauvages est un film dérangeant qui risquera de choquer les plus sensibles et le spectateur récalcitrant aux viols et autres abus sexuels.
S'il est un film à découvrir dans l'oeuvre de Cadinot, c'est bel et bien celui ci.