Les minets sauvages
Autres titres:
Réal: Jean-Daniel Cadinot
Année: 1984
Origine: France
Genre: X gay
Durée: 75mn
Acteurs: Didier Hamel, Luigi Di Como, Jean Louis Vaissières, Jonathan Lévy, Pierre Buisson, Gérard Mandrin, Omar Salam-, Patrick Seigneur, Jacques Derives, Christof Lighthouse, Gérard Nemour, Jean-Michel Sénégal...
Résumé: Une maison de redressement non loin de Paris. Dans cet univers clos s'attirent, se confrontent, se provoquent un groupe de délinquants aux antécédents troubles, aux pulsions sexuelles violentes, établissant leur propre ordre social. Le Chef de clan traque, sans pitié, le nouveau venu et le soumet à sa loi. Le dortoir, la chaufferie, l'atelier sont les cadres d'humiliations imposées à cette proie facile. Les jalousies, les tensions et les désirs éclatent à l'arrivée de ce nouveau camarade d'infortune. Un complice et lui prennent sous leur protection la victime et tentent de mettre fin au règne de leur chef...
S'il est un nom à retenir dans l'univers du film porno gay français c'est bel et bien celui de Jean-Daniel Cadinot malheureusement décédé en 2008. Il restera en effet à jamais lié à un certain type de cinéma homosexuel, celui mettant en scène de jeunes et séduisants garçons pour la plupart à peine sortis de l'adolescence, auquel il donna ses lettres de noblesse à travers une multitude de films destinés au marché vidéo dès le début des années 80 jusqu'au début des années 2000.
Cet ex-photographe spécialisé dans le nu masculin et l'homo-érotisme fit ses premiers pas derrière la caméra au tout début des années 80. Il développa une image bien spécifique du jeune gay, une image qui allait très vite devenir sa marque de fabrique. Quel est donc le type "Cadinot"? Il s'agit le plus souvent d'un bel éphèbe au corps mince, noueux, au visage angélique, qui met des débardeurs et des jeans moulants, déchirés ou pas, sous lesquels il porte (ou ne porte pas d'ailleurs) un slip blanc mettant en valeur son entre-jambe de minet en chaleur. Ce peut être le petit beur des cités, le jeune rebelle, l'ange des rues mais également le sage écolier ou l'étudiant, le scout ou le jeune serveur. C'est le James Dean des temps modernes vu et corrigé selon le scénario dans lequel il évolue. On retrouve bien sûr toutes ces caractéristiques dans Les minets sauvages, un des premiers grands films que Cadinot ait réalisé après sa toute première mise en scène en 1980, le désormais culte Tendres adolescents, suivi plus tard par d'autres incontournables comme Classe de neige, Secrets de famille et Jeux de piste. C'est aussi un de ses films les plus intéressant tant dans le fond que dans la forme.
Tourné comme un véritable film vidéo destiné aux salles obscures, malgré son coté amateur, Les minets sauvages est cette fois, contrairement à la plupart des autres films du réalisateur basé sur un vrai scénario dont le but n'était pas uniquement d'étaler des scènes X sur un semblant d'histoire. Les minets sauvages est en effet une tentative d'approche téméraire de la vie dans les maisons de redressement où sont envoyés délinquants et jeunes rebelles. Cadinot à sa façon démontre la violence, la perversion qui y règnent à travers des séquences d'une rare brutalité qui ne laissera pas indifférent le spectateur. C'est également une étude de moeurs doublée d'un constat brutal de la lutte pour le pouvoir chez les délinquants enfermés dans ces prisons pour mineurs. Le titre prend donc ici tout son sens. Les minets sauvages reste à ce jour une oeuvre unique dans la filmographie du réalisateur de par sa violence exacerbée, la noirceur du sujet et de la réalisation très loin derrière le coté champêtre, bon enfant et très sensuel de films tels que Classe de neige, Gamins de Paris, Pension complète et autre Jeux de pistes. Dés les premières images Cadinot plonge le spectateur dans un univers de violence stupéfiante dés l'arrivée du principal protagoniste, Didier, dans cette maison de correction, condamné pour s'être prostitué. Il est d'emblée humilié par le surveillant général et devient le souffre douleur de ses camarades. Il sera dés lors violé, "gang-bangué" chaque nuit et pris à parti chaque jour par ses codétenus.
L'univers pénitentiaire est montré sous son jour le plus noir. Abus, chantage, pouvoir, jalousie, sexe, Cadinot y dépeint avec une certaine cruauté le désespoir de ces jeunes qui ne semblent exister qu'à travers la domination et le pouvoir sur l'autre. Si certains tentent d'y échapper à travers une belle romance, d'autres par la révolte et la fuite au final rien ne change.
Appuyées par une partition musicale angoissante les séquences de sexe sont d'une brutalité inouïe, parfois même dérangeantes voire choquantes pour les plus sensibles. Cadinot fait se succéder viols et humiliations avec une très forte tendance pour les scènes de sodomie, de "fouilles" rectales, de doigtages brutaux et de fellations sous un déluge d'insultes. Les minets sauvages peut être en ce sens considéré
comme une ode au bondage et au fantasme du viol dont il constitue une
véritable pièce maîtresse, une apothéose à la fois perverse, malsaine mais fabuleusement érotique.
Fidèle à la tradition Cadinot, les jeunes acteurs (la plupart des habitués des productions du réalisateur, les inconditionnels du réalisateur les reconnaitront) sont particulièrement convaincants et prêts à toutes les audaces. Particulièrement bien définis tous autant qu'ils sont, ils parviennent à transmettre l'émotion nécessaire pour qu'on puisse non seulement croire à cette histoire mais qu'on puisse éprouver de la compassion pour eux, comprendre leurs réactions et le pourquoi de leurs actes. Luigi Di Como, un habitué des films de Cadinot, donne un coté fort crédible à son personnage de leader et à la brutalité des viols dont le plus souvent il est l'instigateur. Didier Hamel (Didier) est lui aussi fort performant. Mais parmi tous ces jeunes comédiens, plus séduisants les uns que les autres, il y en a un bien plus sombre, plus effrayant. L'établissement lui même! Il est en effet un personnage à part entière du film, imposant, menaçant, érigé au milieu de la campagne hivernale, un lieu presque funeste qui forme un tout avec les comédiens et renforce la froideur de l'histoire.
Les minets sauvages est une véritable réussite, un tour de force du genre qui réjouira l'amateur de violences sexuelles débridées tout en lui laissant longtemps après que le mot fin soit tombé un troublant sentiment de malaise. Le trouble sera cependant en partie dissipé par la beauté de cette jeunesse rebelle, ces corps noueux, ces visages angéliques, ces Adonis du sexe aux membres généreux dont les performances sont mises en images avec un savoir-faire presque obsessionnel par Cadinot.
S'il est un film à découvrir dans la filmographie de Jean-Daniel Cadinot c'est bel et bien Les minets sauvages. Attention chef d'oeuvre de ce qu'on pourrait appeler un WIP adolescent.