Intimita proibita di una giovane sposa
Autres titres:
Real: Oscar Brazzi
Année: 1970
Origine: Italie
Genre: Erotique
Durée: 86mn
Acteurs: Valérie Delagrange, Rossano Brazzi, Patrizia Rodi, Ulrika Hohlt, Uwe Paulsen, Renzo Petretto...
Résumé: Franz, jeune fils du comte Rogano, est éperdument amoureux de la séduisante Elletra avec qui il compte bien se marier. Malheureusement le père de la jeune fille l'a promis au comte qui très vite l'épouse au grand désespoir de Franz, inconsolable. Le vieil homme voit en elle sa défunte épouse morte en donnant naissance à leur fils et dont le souvenir le hante, le ronge...
En 1968 Oscar Brazzi, le frère cadet de l'acteur Rossano Brazzi, réalise avec son actrice fétiche Mimma Biscardi qu'il avait suivi durant son élection de Miss Lazio Il diario segreto di una minorenne, un film en noir et blanc qui tentait de mêler l'érotisme puritain d'antan et l'aspect sulfureux du cinéma dit osé de cette fin de décennie. Détruit par une critique choquée par ce film qu'elle traita de "pourriture" Il diario segreto di una minorenne (Carnet secret d'une mineure) reçut cependant un accueil favorable auprès du public tant et si bien qu'une
suite fut demandée. Toujours produite par la Chiara films international, la société de production des frères Brazzi auxquels s'était associé Renato Polselli elle fut mise en chantier l'année suivante. Tournée cette fois en couleur avec toujours Mimma Biscardi entourée pratiquement des mêmes comédiens, la plupart inconnus, cette séquelle intitulée Vita segreta di una diciottene (Vie secrète d'une jeune fille de 17 ans) connut à son tour les foudres de la censure qui séquestra un temps les bandes avant que le film dans une version tailladée finisse par sortir l'année suivante sans obtenir le succès du premier volet. Ceci n'empêcha pas Brazzi de mettre en scène un troisième chapitre en 1970 joliment titré Intimita proibite di una giovane sposa (Intimité interdite d'une jeune mariée) non plus avec la
brune Mimma dont la vie privée partait en lambeaux mais avec O surprise la française Valérie Lagrange, actrice et chanteuse rebelle engagée qui brula la vie par les deux bouts. Peut on se fier aux titres particulièrement aguicheurs des films composant cette trilogie plus précisément ici du troisième opus? Pas vraiment, pas du tout serait encore plus exact.
Dilecta a 18 ans. A la mort de son père elle est venue habitée chez son oncle le comte Jean. Jean a perdu sa jeune et belle épouse Dafne, incarnation même de la pureté, le jour où elle a accouché de leur fils Frantz avec qui il vit désormais dans le joli manoir familial. A leurs cotés le fidèle domestique Pupido, un simple d'esprit difforme dévoué à son maitre. Frantz
est éperdument amoureux de la jolie Elletra dont il souhaite devenir l"époux. Il ignore que son père a succombé aux charmes de l'étourdissante jeune fille qui lui rappelle sa défunte épouse dont le souvenir ne cesse de le hanter. Une mauvaise surprise attend le candide Frantz. Le père d'Elletra a pour projet que sa fille se marie au comte, un voeu auquel la jeune femme ne peut se soustraire. Fou de chagrin Frantz s'enfuit au grand désespoir de Dilecta qui ne supporte pas de voir son cousin malheureux. Pupido secrètement amoureux d'Elletra est lui aussi très affecté par ce mariage qui ne tarde pas à arriver. Très vite Elletra s'aperçoit qu'elle n'aime pas Jean et surtout qu'il ne voit en elle que sa première femme. Elletra se
rapproche de Frantz qu'elle aime toujours autant. Jean est conscient de ce rapprochement et devient jaloux. De la situation nait un triangle amoureux malsain. Jean vit dans sa propre réalité, imagine qu'Elletra est enceinte de lui. Ne pouvant plus supporter la situation Frantz décide de partir avec Elletra. Jean n'a plus qu'une idée en tête: les tuer mais l'amour triomphe toujours dans les jolis romans.
Coécrit avec Renato Polselli, également producteur, Intimita proibite di una giovane sposa serait tiré d'un roman de Balzac remanié par Polselli lui même dont le film porte définitivement la griffe notamment au niveau des dialogues pseudo philosophiques souvent
ridicules composés la plupart du temps de tirades interminables d'une sidérante mièvrerie qui traitent de sujets tels que la conception, la grossesse, la naissance, la mort, le sentiment de culpabilité, l'amour. En fait le film est une sorte de feuilleton en costumes, un roman photo à l'eau de rose, mielleux échappé d'un autre âge auquel Brazzi introduit quelques éléments de tragédie grecque ratée (d'où le nom de l'héroïne Elletra). Les deux précédents films devenus aujourd'hui invisibles avaient déjà tenté ce mélange d'époque, le mariage du romantisme bubble gum du 19ème siècle et d'un érotisme salace plus contemporain sauf que cette fois c'est le premier qui prédomine. Robes blanches et voiles diaphanes au vent on
en finit plus de courir à travers champs, de monter à cheval, de virevolter, jouer aux dominos en buvant interminablement un café, se toucher du bout des doigts en se dévorant innocemment du regard dans un éclat de rire candides, de s'embrasser du bout des lèvres, de danser, tourner au son des valses. On se croirait par instant dans un épisode de Sissi, le faste en moins. Brazzi use et abuse des flashback et des ralentis. En fait le film est un long, très long ralenti agrémenté de quelques faux flous hamiltoniens souvent ratés puisqu'on a parfois la vilaine impression que pour les créerBrazzi souffle sur l'objectif de sa caméra pour la recouvrir de buée. L'ensemble est noyé dans l'envahissante partition musicale d'un Stelvio Cipriani déchainé. Les pianos et les cordes s'affolent au son de vocalises féminines
langoureuses, appuyant encore plus la lourdeur des ralentis et les soupirs des amoureux. On s'attendrait presque à voir surgir Barbara Cartland au beau milieu de ces forêts où court totalement nue Dilecta, un sourire virginal illuminant son visage, une des rares scènes un brin érotique du film. Répétée plusieurs fois durant le métrage cette course bucolique effrénée à travers bois qui ouvre cette bluette désuète, filmée évidemment au ralenti, était prometteuse. De nudité il n'y en aura plus pas même un sein jusqu'à l'interminable final.
Que penser de l'interprétation? La toute charnelle allemande Ulrika Hohlt découverte l'année précédente dans Les orgies du comte porno, une coquinerie teutonne démodée, minaude,
papillonne et s'extasie. Uwe Paulsen dans sa rigidité théâtrale surjoue et donne à Frantz un coté très années 30 dans ses mimiques et sa gestuelle dignes des films muets. Pour l'anecdote Uwe fut en 1973 la voix allemande de l'acteur Marc Di Napoli dans la série à succès Deux ans de vacances. Rossano Brazzi s'octroie le rôle du comte et s'avère piètre comédien. L'ingrate Patrizia Rodi n'en finit plus de déclamer ses "polsellineries". La palme du ridicule revient à Renzo Petretto, acteur intermittent et assistant de Brazzi, dans le rôle du domestique simplet. Rarement a t-on vu quelqu'un aussi mal joué détruisant en quelques secondes son personnage d'arriéré qu'il transforme en clown, en pitre, singeant très très mal
la déficience mentale. La scène où pour exprimer son désespoir et sa douleur à l'annonce du mariage d'Elletra est un des grands moments du film, une scène d'anthologie, un summum de n'importe quoi, le malheureux ne trouvant rien à faire d'autre que de tourner sur lui même dans la cuisine et malaxer de manière hystérique de la pâte à pain tout en poussant des borborygmes aigus! Reste la curiosité du film, Valérie Lagrange, d'une absolue laideur, franchement idiote affublée d'une paire de longues couettes, déguisée en poupée façon Comtesse de Ségur droite sortie d'une image d'Epinal. Comment l'actrice-chanteuse a t'elle pu se retrouver au beau milieu de cette pellicule? Comment a t'elle pu
accepter ce film et quel regard pose t-elle dessus aujourd'hui si toutefois elle s'en souvient? En ces années peace and love Valérie aurait-elle abusé de substances illicites pour signer une telle guimauve ? Mieux vaut se souvenir d'elle pour ses talents de chanteuse et surtout pour ses quelques classiques du cinéma français dans lesquels elle brilla notamment La vallée qu'elle tourna juste après cette erreur de carrière. Ses admirateurs auront cependant eu l'occasion de la voir nue. Tout n'est pas perdu.
Croisement sirupeux, dégoulinant d'un roman de Barbara Cartland, d'une histoire de la
comtesse de Ségur et d'un roman-photo époque romantique Intimita proibite di una giovane sposa décevra au plus haut point ceux qui d'un tel titre espéraient une oeuvre sulfureuse. Ce troisième opus est n'est qu'une cascade de rires et sourires niais, une avalanche de sucre assez hallucinante tant on a du mal à croire qu'elle vient d'Italie. Le mielleux atteint ici des sommets vertigineux mais c'est là la grande curiosité de ce lac chamallow où les Bisounounours se sont donnés rendez-vous. Voilà une bonne raison de découvrir ce Brazzi rarissime uniquement visible que par le biais d'une vieille et médiocrissime édition vidéo italienne. Amateurs de vice et de perversion s'abstenir sous peine de fondre comme glace au soleil!