Napoli violenta
Autres titres: SOS Jaguar opération casseurs / Opération casseurs / Naples violente / Violent Naples / Sudden justice
Real: Umberto Lenzi
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Polizesco
Durée: 91mn
Acteurs: Maurizio Merli, John Saxon, Barry Sullivan, Elio Zamuto, Maria Grazia Spina, Silvano Tranquilli, Attilio Duse, Massimo Deda, Guido Alberti, Pino Ferrara, Carlos de Carvalho, Enrico Maisto, Tommaso Palladino, Carlo Gaddi, Gabriella Lepori, Franco Odoardi, Ivana Novak, Luciano Rossi, Nino Vingelli, Vittorio Sancisi, Paolo Bonetti, Domenico Di Costanzo, Giovanni Cianfriglia, Fulvio Mingozzi, Pierangelo Civera, Ivano Silvari, Marzio Honorato, Gennaro Cuomo, Domenico Messina, Riccardo Petrazzi, Nestore Cavaricci, Vincenzo Falanga, Tom Felleghy...
Résumé: Muté à Naples pour ses méthodes un peu trop musclées et peu orthodoxes, le commissaire Betti va très vite devoir faire face à la criminalité qui envahit la ville. Il va devoir affronter un chef mafieux surnommé Le Général dont les hommes terrorisent la ville. Hold up, agressions se succèdent. Betti va tenter d'infiltrer les réseaux du Général grâce à ses indicateurs...
Après un premier volet mis en scène par Marino Girolami, le fort bien nommé Rome violente, Napoli violenta devenu en français SOS Jaguar opération casseurs, un titre bien ridicule, est le second épisode des aventures du commissaire Betti interprété par le statique Maurizio Merli. Après avoir du quitter Rome faute à ses méthodes bien peu orthodoxes mais particulièrement expéditives, Betti se voit transférer à Naples où il va devoir de nouveau faire face à un déferlement de violence qu'il va devoir enrayer.
Obligé de quitter son poste à Rome le commissaire Betti est envoyé par ses supérieurs à
Naples où d'entrée il est confronté au puissant chef de la mafia locale nommé le Général, responsable de toute une série de hold-up sanglants et d'agressions en tout genre durant lesquelles la police subit de nombreuses pertes. Betti, toujours aussi expéditif, décide de se dresser contre le général afin de mettre un terme à son règne. Il va tenter d'infiltrer les réseaux du Général grâce à ses indicateurs mais la plupart se fait repérer et tuer. Betti va alors lui tendre un piège.
Après s'être attaqué à la petite délinquance romaine qui terrorise la capitale le commissaire
Betti monte de quelques crans mais avec toujours autant d'assurance le degré de violence en faisant face à l'impitoyable mafia napolitaine. Le film de Lenzi rejoint ainsi la longue liste des oeuvres mafieuses se déroulant à Naples, une sous branche du polizesco plutôt fructueuse dans le milieu des années 70, il en représente même un exemple brillant. Napoli violenta est très certainement un des meilleurs polars mafieux que le genre ait alors connu malgré un scénario classique, sans surprise ni originalité mais c'est très souvent là le lot de ce type de films.
Un des gros atouts de SOS Jaguar opération casseurs est sans nul doute la férocité de sa
mise en scène, nerveuse, efficace, ne laissant place à aucun temps mort. Lenzi fait une large place aux scènes d'action qui s'enchainent durant quasiment 90 minutes dont un morceau de bravoure, la scène du funiculaire. Courses poursuites en voitures et motos, cascades, bagarres sont entre autres au menu de cette bande qui porte très bien son nom puisque la violence est présente d'un bout à l'autre du métrage, un déferlement de brutalité qui devrait combler les amateurs d'effets sanglants sur lesquels Lenzi ne lésine pas. On retrouve en effet dans SOS Jaguar le penchant du réalisateur pour les morts violentes et le sadisme à travers quelques scènes souvent hallucinantes et très originales particulièrement réussies.
Loin d'être en panne d'imagination Lenzi nous offre quelques excellents moments de cruauté purement gratuits comme l'empalement d'un Luciano Rossi fou furieux, la mort de Franco Odoardi, le visage explosé par une boule de bowling, le garagiste brulé vif ou celle, hallucinante, où un voyou sort la tête d’une pauvre jeune femme par la fenêtre d’un funiculaire pour la lui râper contre un train qui redescend. Comme d'accoutumée Lenzi pour le plus grand bonheur du spectateur fait preuve d'une évidente misogynie en maltraitant ses actrices qu'il viole, dégomme à coups de poing ou détruit le visage.
Le discours quant à lui est toujours identique. On a d'un coté les voyous, la délinquance, la mafia selon la ville où se déroule l'action, de l'autre le policier implacable, froid, écoeuré par un système qu'il juge inefficace contre la criminalité auquel il préfère des méthodes bien plus personnelles et surtout expéditives ou la violence contre la violence. Cette vision des choses est toujours aussi contestable certes, elle est toujours aussi répétitive, a forgé la réputation de Maurizio Merli dans son rôle de commissaire justicier mais cette fois Lenzi contrairement à certains de ses confrères a réussi à rendre intéressante une histoire assez vide plutôt
invraisemblable et donner un semblant d'intérêt aux personnages tout en comblant la vacuité du scénario par une surenchère de violence fort attractive.
Ainsi Betti, homme devenu impassible au fil du temps à force de combattre le crime, symbole de force et de ténacité, montre ici un semblant de sensibilité notamment à travers le rapport qu'il tisse avec le petit Gennarino (Massimo Deda) avant et après la mort de son père garagiste. Le petit garçon réapparaitra dans Napoli spara / Assaut sur la ville de Mario Caiano injustement considéré comme la suite de ce film dans lequel le fade Leonard Mann se substitue à Merli.
Betti incarne aussi un certain courage. Il est le seul à affronter, combattre la violence d'une
société privée de toute dignité à visage découvert alors que le peuple victimes comprises se cache et n'ose dénoncer leurs agresseurs. Il devient le défenseur des opprimés et lorsqu'il décide de tout laisser tomber, la vision de l'enfant handicapé à vie lui donne la force, la volonté de continuer sa lutte.
Mis en scène avec professionnalisme, SOS Jaguar brille également par sa distribution. Aux cotés des moustaches de Merli, plus tonique que d'habitude malgré son impassibilité légendaire, plus humain également, plus investi semble t-il, on retrouve une pléthore de noms prestigieux du Bis transalpin dont John Saxon en homme d'affaires corrompu,
Barry Sullivan dans la peau du Général, Silvano Tranquilli, Attilio Duse, le sous estimé Elio Zamuto ou encore Luciano Rossi. Rythmé par une magnifique partition musicale signée Franco Micalizzi comprenant un thème générique chanté sublime (A man before time par les Bulldogs), baignant sans cesse dans un folklore napolitain spécialement bien décrit, ce second volet des aventures de Betti est sans nul doute un des meilleurs polizeschi de cette époque, un des plus généreux sur le plan humain, mais également un des polars les plus réussis de son auteur avec La rançon de la peur.
Marino Girolami reprendra le flambeau l'année suivante mais avec moins de bonheur en réalisant le troisième chapitre de la saga Betti, Italia a mano armata / Opération jaguar.