Non sparate sui bambini
Autres titres: Don't shoot on children / Squadra antisequestro
Real: Gianni Crea
Année: 1978
Origine: Italie
Genre: Polizesco
Durée: 86mn
Acteurs: Giancarlo Prete, Italo Gasperini, Marco Gelardini, Antonella Lualdi, Eleonora Giorgi, Giampiero Albertini, Spartaco Battisti, Roberto Messina, Sandra Trouvé, Claudio Antonaci...
Résumé: Dino, l'ainé d'une famille de deux enfants, est un simple petit ouvrier. Le jour de son licenciement il apprend que son père est atteint d'une maladie incurable qui l'oblige à être hospitalisé dans une clinique beaucoup trop chère pour un chômeur. Dino tente de retrouver du travail mais les portes se ferment. Un de ses collègues lui propose alors de travailler pour lui. Dino accepte mais il ignore qu'il s'agit en fait de commettre un braquage. Il se retrouve contraint d'y participer. Le hold-up tourne mal. Dino et son complice s'enfuient et trouvent refuge dans une école maternelle. Ils prennent les bambins en otages...
Réalisateur sans grande envergure venu du western, Gianni Crea réalisa en tout et pour tout en quasiment dix ans de carrière huit films dont ce petit polar social aujourd'hui bien oublié et surtout peu connu du grand public.
Dino travaille à l'usine. Son jeune frère Marco n'aime pas l'école et préfère jouer les petites frappes au lycée, trainer avec ses copains et fumer des joints. Désillusionné, il ne voit guère l'intérêt de suivre des études pour devenir simple ouvrier comme son frère ou mourir à petit feu comme leur père que son travail à la mine à rendu gravement malade. Lorsque Dino est
licencié, son monde s'effondre. Il refuse que sa fiancée Ilda subvienne à leurs besoins. Le jour de son licenciement Dino trouve son père inconscient. Il doit être hospitalisé d'urgence. Il apprend de la bouche du docteur que le pauvre homme est condamné à court terme. Son hospitalisation dans une clinique spécialisée coûte malheureusement trop cher pour que Dino puisse l'y placer. C'est alors qu'une de ses connaissances, Beaumont, lui propose un travail bien payé. Dino est loin de se douter qu'il s'agit en fait d'un hold-up. Lorsqu'il réalise dans quel piège il est tombé, il est trop tard, Dino est contraint de participer au braquage qui malheureusement pour lui tourne au drame. Il doit fuir avec un de ses complices. Poursuivis
par la police ils se réfugient dans une école maternelle et prennent en otages les bambins et leur maitresse. Si Beaumont n'a aucune pitié, Dino, dépassé par les évènements, tente de calmer les enfants. Face à la situation, la police finit par accepter les exigences des deux preneurs d'otages tout en tentant de raisonner et influencer Dino en faisant intervenir son père par téléphone.
Scindé en deux parties distinctes, Non sparate sui bambini se présente comme un petit polar plutôt discret, presque artisanal, qui tente de développer une trame sociale de manière malheureusement assez maladroite. La première partie du film est sans nul doute la plus
intéressante. Crea met en avant la précarité d'une Italie prolétaire terrorisée par le fantôme du licenciement, du chômage, de la difficulté à trouver du travail, l'angoisse d'une jeunesse sans avenir qui ne veut pas ressembler à ses pères. S'ajoutent à cela d'une part le mal être de cette même jeunesse qui s'évade à travers la violence et la drogue, d'autre part la maladie, celle qui bien souvent condamne les ouvriers qui ont passé leur vie à trimer au fond des mines. Voilà un tableau bien gris mais plutôt réaliste de l'Italie de la fin des années 70 que Dino et sa famille représentent.
Plus proche du mélodrame social que du véritable polar la première moitié du film est certes
attachante mais elle souffre pourtant d'un cruel manque de psychologie. Crea ne dépasse jamais le simple stade de la superficialité. Il ouvre des portes qui débouchent au final sur pas grand chose tout comme ses personnages sont pour la plupart de simples ébauches qui parfois disparaissent du scénario ou n'ont d'autre utilité que de remplir certains quota. Ainsi Marco, le jeune frère de Dino, disparait du scénario au bout de quinze minutes, le temps d'aborder le thème du mal être adolescent, pour ne réapparaitre qu'au final histoire de verser une larme sur son père mourant. Ilda la fiancée de Dino interprétée par une Eleonora Giorgi spectrale qui semble arriver comme un cheveu sur la soupe. Elle ne sert en rien
l'intrigue si ce n'est de lui apporter la présence féminine indispensable à tout film qui se respecte. Elle disparaitra du scénario après trois courtes scènes... inutiles! Malgré cette absence de profondeur on suit avec un certain plaisir l'itinéraire de Dino qui le mènera à devenir un criminel contre son gré mais pour la bonne cause: sauver son père d'une mort annoncée même si là encore tout va très vite, trop vite, tant et si bien qu'il est difficile non seulement de donner un peu de crédibilité à l'histoire mais également trouver des excuses à ce garçon bien sous tout rapport contraint à se transformer soudainement en dangereux bandit. On reste au niveau d'un quelconque téléfilm, une constatation toujours au gout du jour
lors de la seconde partie, la prise d'otages de l'école maternelle qui donne à la pellicule son titre, puisque cette fois on sombre peu à peu dans le ridicule, le n'importe quoi diraient les plus médisants.
Après une course-poursuite en voiture rondement menée qui ramène le film vers le polizesco traditionnel c'est à une prise d'otages singulière à laquelle on assiste puisque Dino et son complice se réfugient à l'intérieur d'une école maternelle et menacent de tuer les bambins si la police ne cède pas à leurs exigences, à savoir une voiture pour s'enfuir. A partir de cet instant Non sparate sui bambini perd toute sa crédibilité et deviendrait presque ridicule tant
Crea semble incapable de mener à bien ses idées et d'instaurer une véritable atmosphère. On nage en pleine incohérence, l'intrigue perd toute vraisemblance. Les défauts de la première partie sont ici encore plus flagrants. Crea soulève un nouveau thème à travers une simple allusion afin d'expliquer la folie soudaine de Beaumont, un ancien mercenaire dont les instincts sauvages resurgissent inexorablement, s'égare dans un embryon de relation entre la maitresse d'école et Dino avant que l'institutrice disparaisse à son tour de l'histoire abandonnée dans une camionnette et oublie de s'occuper de la police venue encercler les lieux. Afin d'appuyer l'aspect mélodramatique il préfère s'attarder sur les pleurs des enfants,
multiplier les gros plans sur leurs visages effrayés qui finalement constituent le quart de cette deuxième moitié. Trop d'effets tuent l'effet surtout dans un tel contexte d'invraisemblance. Mais il faut avouer que lire l'effroi sur le visage de ces bambins, voir les larmes rouler le long de leurs joues et la cruauté de Beaumont vis à vis de ces angelots a quelque chose de jouissif, de captivant et de libérateur pour les âmes sadiques que nous sommes. De quoi oublier l'indigence du traitement et de la mise en scène. Le film n'est guère sauvé par son final aussi frustrant qu'ultra moraliste. C'est une avalanche de bons sentiments et des rivières de larmes que nous jette en pâture Crea. Non sparate sui bambini
s'achève dans le plus pur style du lacrima movie. Crea semble avoir opté pour la facilité en choisissant une fin ouverte qui n'est pas réellement une fin. Si la morale est là, la stupidité aussi. Entre frustration et déception, cette conclusion est tout à l'image du film.
Aux cotés de Eleonora Giorgi dont le rôle fut imposé par les producteurs pour apporter au film une touche de féminité on reconnaitra la vétérane Antonella Lualdi en maitresse d'école réduite à pleurer et jouer les effrayées compréhensives avant de s'évaporer. Le jeune Marco Gelardini, éphèmère figure de la sexy comédie, est un (faux) adolescent qui traverse le film en coup de vent, le temps d'une rixe en motocyclette et d'une scène ratée de drug-party mais on aura tout de même le temps de l'admirer en mini slip de bain qui met son appétissante virilité en évidence. Italo Gasperini est un méchant comme on les aime mais le prix de l'interprétation revient à Giancarlo Prete, convaincant et convaincu, professionnel, qui semble le seul à croire à son personnage mais également au film. L'explication tient au fait que c'était pour Giancarlo sont premier véritable rôle au cinéma en tant que principal protagoniste. L'acteur se donna donc à fond pour ce personnage qu'il affectionnait.
Fustigé par la critique italienne lors de sa sortie qui le rebaptisa Non sparate sul registratore, le film de Crea rythmé par une partition signée Stelvio Cipriani allègrement pompée sur celle de La polizia ringrazia ne se hisse jamais guère plus haut qu'un banal téléfilm qui malgré ses bonnes intentions de départ rate complètement ses objectifs. Ce lacrima_polar tendance sociale fait cependant partie des oeuvres difficilement trouvables aujourd'hui ce qui en fait une pièce de collection pour fervents amateurs. Le seul moyen semble t-il de visionner le film est une vidéo anglaise avec sous titres grecs incrustés. Voilà peut être où se situe le véritable intérêt de Non sparate sui bambini outre le plaisir pris face à ces bambins terrorisés. Ne tirez pas sur les enfants? Sauf s'ils pleurent alors!