Tunka el guerrero
Autres titres:
Real: Joaquin Gomez Sainz
Année: 1983
Origine: Espagne
Genre: Heroic fantasy
Durée: 76mn
Acteurs: Joaquin Gomez Sainz, Remedio Hernandez, Bartabas, Mariano Vidal Molina, Charly Bravo, Oscar David Gomez...
Résumé: Après l'holocauste nucléaire, seule une tribu d'Amazones, les Selenians, ont survécu. Ces redoutables femmes refusent désormais toute domination de l'homme, responsable de la destruction de notre planète. Elles tolèrent les Senkas, de pacifiques hommes, avec qui elles entretiennent d'étroites relations. Lorsque quelques Amazones sont faites prisonnières par les hommes du redoutable Gorgo, un homme cruel qui souhaite exterminer les Selenians, elles envoient Trila, un guerrier Senka à leur rescousse. Trila est tué. Son frère Tunka va alors jurer de venger sa mort et tuer Gorgo avec l'aide des Amazones et d'un nain...
Le succès que remporta Conan le barbare de John Milius ne laissa pas l'Italie insensible puisqu'elle s'empressa d'en donner ses propres déclinaisons dés le printemps 1982 engendrant ainsi un éphémère sous genre du cinéma de genre, l'Heroic fantasy à l'italienne. Virent notamment le jour Gunan, Thor, Ator ou encore Sangraal, tous ayant pour dénominateur commun outre la pauvreté de leur budget un coté ludique plutôt agréable malgré des scénarii bien peu originaux. Jamais très loin derrière l'Italie, l'Espagne a elle aussi tenté de donner sa version de Conan, une des rares, peut être même une des seules
à laquelle elle s'attela, Tunka el guerrero, une série Z d'une rare indigence, d'une stupidité cosmique, source de fous rires inoubliables du moins pour ceux qui auront trouvé le courage d'aller jusqu'au bout de cette pellicule d'un ennui quasi mortel.
Quelque part sur Terre dans un monde post-apocalyptique. Une tribu de puissantes Amazones, les Selenians, règne désormais sur ce qui reste de notre planète. Elles refusent toute domination de l'homme qu'elles chassent hors de leurs terres hormis les Senkas, de pacifiques guerriers dont elles se servent aussi pour se reproduire. Beaucoup plus loin vivent les Tizalis menés par le redoutable Gorgo et son âme damnée. Gorgo n'a qu'un seul
objectif: détruire les Selenians et régner en maitre absolu. Lorsque Gorgo fait prisonnières quelques Amazones, Trlla, un Senka, part à leur rescousse. Malheureusement Trila est tué par Gorgo. Son frère, le valeureux Tunka, décide de venger sa mort. Pour cela il lui faut l'aide des Amazones car elles seules peuvent lui faire traverser les zones interdites qui mène au village de Gorgo. Après que Tunka et ses hommes aient réussi les tests requis par les Selenians afin qu'elles leur accordent leur aide, Tunka flanqué du nain BamBam part pour les terres de Gorgo afin de le tuer.
Ruggero Deodato avait lui aussi tenté de mélanger post nuke et Héroic fantasy avec Yor chasseur du futur dans un film inégal mais sympathique. Le mariage des deux genres chez
Gomez est un fiasco retentissant non pas car la partie post nuke est inexistante, uniquement présente dans la situation de l'intrigue, mais pour l'indigence, l'incroyable stupidité et l'absence de toute mise en scène de cette histoire sans queue ni tête visuellement très laide. Aussi pauvres que pouvaient être les divers Heroic fantasy italiens ils avaient au moins l'avantage d'être crédibles. Peaux de bêtes, armes en bois, ossements, paysages vraisemblables empruntés aux plaines D'Ostia et régions montagneuses des Abruzzes et comédiens qui à défaut d'être extraordinaires possédaient une véritable stature faisaient la plupart du temps illusion. Tunka n'a même pas cette chance. Tourné dans une anonyme
campagne du nord de l'Espagne et sur un morceau de plage, seules les quelques scènes réalisées dans des ruines romaines donnent le temps de quelques minutes une certaine dimension au film. Une goutte d'eau dans un océan de laideur. Il est également amusant de passer en revue les costumes des différents protagonistes. Ainsi les Amazones, arborant toutes un brushing très années 80, sont vêtues au choix de jupettes romaines, de juste au corps par dessus lesquels elles portent une sorte de jupe gitane ou comme la reine sont habillées comme Cléopâtre. Quant à Tunka, on admirera son collant médiéval, ses cuissardes et son armure faite dirait-on d'écailles en caoutchouc! Les équipements vont de
pair. Gageons que le spectateur sera plié de rire à l'image même des épées en plastique qui elles se plient à chaque coup porté. On aura une pensée toute particulière pour le malheureux aigle attaché par la patte au poignet de l'âme damnée de Gorgo, le seul à porter un maquillage post apocalyptique. Lors des chevauchées le pauvre oiseau veut s'échapper mais ne peut que battre frénétiquement des ailes, violemment projeté dans tous les sens. De quoi faire grimacer les ligues de défenses animalières. Tout cela pourrait encore passer s'il n'y avait cette sidérante distribution Tunka en tête. Interprété par Gomez lui même rarement avait on vu un colosse aussi pachydermique et inexistant. Engoncé dans son
costume, Gomez, pataud, léthargique, figé, totalement inexpressif, débite des dialogues d'une rare bêtise entre deux combats soporifères où il semble s'effondrer sous la difficulté de la cascade, soit une pirouette ratée et deux demi tours sur lui même d'une lourdeur astronomique. Si Tunka peut haut la main remporter le titre universel d'un des héros les plus pathétique et désespérant de l'histoire du 7eme art, il en va de même pour ses partenaires d'infortune. Les hommes de notre géant des temps futurs, sensés être de puissants guerriers, sont représentés par dix gringalets à l'âge certain vêtus d'un simple pagne, pour d'autres d'une toge, et d'un nain façon Passe-partout montant des chevaux en fin de vie. Plus
hilarant encore est l'armée du suprême Gorgo, le mal incarné, joué par le filiforme (décharné?) Mariano Vidal Molina, sorte de marionnette dont il ne manquerait que les fils. Les troupes de ce tyran de cirque sont en effet représentées par une micro poignée de figurants anorexiques et une fois de plus de nains qu'avec même une imagination foisonnante on aurait du mal à voir comme une tribu cruelle qui terrorisent la planète. En découlent des combats poussifs, désordonnés, digne d'enfants s'amusant dans une cour de maternelle, d'un spectacle de fin d'année en première année de primaire, entrecoupés par l'apparition d'un vieux prophète chétif qui perché sur un rocher débite des versets dénués de sens en agitant nerveusement un bâton.
Doit on rajouter que le film est truffé de faux raccords (les morts qui changent de position au fil des plans...), les filtres qui sans raison font virer le ciel du bleu au jaune citron en passant par l'orange et le vert selon les plans, que pour des raisons de budget les morts reviennent à la vie et remontent leur pauvres destriers pour repartir au combat, Gomez n'ayant même pas eu l'argent nécessaire pour s'offrir un nombre suffisant de figurants.
Pour expliquer un ratage d'un tel infantilisme, il faut savoir que le film connut non seulement une multitude de problèmes tout au long du tournage et de la post production mais qu'un des opérateurs détruisit par maladresse la plupart des plans déjà tournés. C'est une des raisons
pour laquelle le tournage de Tunka s'étala de 1983 à 1986. Bien des efforts inutiles puisque le film ne fut jamais distribué en salles et ne bénéficia que d'une tardive sortie vidéo en Espagne. Lorsqu'on sait que Gomez connut quasiment les mêmes soucis pour son film suivant, La herencia del mal, doit on en conclure qu'il est particulièrement malchanceux?
Si dans la plus mauvaise des séries Z il y a le plus souvent quelque chose qui parvient à sauver la pellicule de la plus totale nullité, Tunka el guerrero fait malheureusement partie des exceptions. D'une abyssale crétinerie le film de Gomez est un insondable gouffre de médiocrité avancée ni drôle ni même divertissant. Le véritable exploit de Tunka n'est pas sa vengeance sur les Tizalis mais tient dans le fait de savoir qui, malgré ses 74 petites minutes, pourra aller jusqu'au bout du métrage sans faire avance rapide ou tout simplement ne pas s'arrêter en cours de route vaincu par tant d'amateurisme .