Mondo balordo
Autres titres:
Real: Roberto Bianchi Montero
Année: 1964
Origine: Italie
Genre: Mondo
Durée: 87mn
Acteurs: Boris Karloff, Tes Weiss (Narrateurs)
Résumé: Le réalisateur nous invite à un petit tour du monde afin d'y mettre en parallèle les différentes coutumes parfois étranges de notre monde occidental et de sociétés dites plus primitives, nous faire découvrir les diverses facettes de la vie
Comme un certain nombre de ses confrères, Roberto Bianchi Montero a débuté sa carrière dans un domaine bien spécifique, le mondo, un des genres les plus controversés du cinéma d'exploitation, un prolifique filon ouvert en 1962 par Gualtiero Jacopetti et son désormais célèbre Mondo cane. Beaucoup furent par la suite ceux qui allaient s'en inspirer et nous offrir leur vison de notre monde dans des oeuvres souvent farfelues mais toujours nauséabondes ne serait ce que par simples touches. Mondo balordo réalisé en 1964 par Montero fait très certainement partie des mondo les moins inspirés et les plus ennuyeux que le genre ait connu.
L'objectif du film comme l'annonce très sérieusement un carton pré-générique est de mettre en parallèle les diverses faces de notre civilisation, la richesse et la pauvreté, la joie et la tristesse, la violence, la cruauté et la sagesse, les rites et coutumes de sociétés dites primitives et notre mode de vie occidental, toutes ces différences qui rendent notre monde souvent étonnant, le tout filmé comme l'exige la tradition comme un joli documentaire narré de façon toujours aussi solennelle et hypocrite par cette fois Boris Karloff du moins pour la version anglaise. Bien malheureusement Mondo balordo souffre d'un évident manque
d'inspiration, une partie des séquences composant le film ayant été reprise dans divers autres mondo comme celle de ces femmes arabes qui se teignent en blonde grâce aux vertus de l'urine de chameau. Mais on regrettera surtout l'absence de tout sérieux, la trop grande sagesse de l'ensemble et le ridicule d'un grand nombre de scènes pour la plupart toutes fabriquées par le réalisateur qui n'a très certainement pas parcouru le monde à la recherche d'insolite.
Que trouve t-on donc au programme de ce Mondo balordo? Tout d'abord une séquence qui devrait faire plaisir à tout ceux que les nains fascinent puisque ces
derniers sont mis en avant. Pour ceux qui en doutaient, un homme de taille normale peut aimer une naine, la preuve par ce couple très amoureux qui s'embrasse contre un mur avant que monsieur n'entraine sa compagne de petite taille, ravie, sur la banquette arrière de sa voiture pour lui faire l'amour. Un couple tout à fait normal on vous l'avait dit! Puis on découvre un nain (faux) chanteur de rock à la tête de son (faux) groupe, la banane alerte. Il danse, gesticule et soudain perd son pantalon. Les nains ont toujours fait rire. Comme nous le révèle Karloff de manière très sérieuse, les gens de petite taille savent aussi s'amuser et
prendre du bon temps! Des nains on passe aux géants et retrouvons Hercule, maintes fois interprété au cinéma par Brad Harris ici en pleine destruction d'un temple romain. Tout n'est qu'illusion, la scène finie, un technicien débarrasse le plateau de ses colonnes en polystyrène.
Un petit tour au Sahara, en fait quatre figurants, deux danseuses du ventre et un faux émir qui entraine un faux touriste prendre du plaisir avec une fausse prostituée sous une tente. Suivent les fausses élections de fausses Miss Amérique en vraies culottes années 60, des
japonaises qui font de la lutte, hilares, un combat de catch féminin, un très gentil numéro de strip-tease dans un cabaret, quelques chanteuses coquines qui s'effeuillent poliment afin d'émoustiller un faux public assis dans un faux bar, quelques plans de campeurs et de touristes aussi bien gros et gras que filiformes qui profitent de la plage en maillot de bain, on s'émancipe dans notre monde occidental mais le spectateur de son coté vacille, somnole et tente désespérément de ne pas définitivement sombrer dans un vrai et profond sommeil vaincu par tant de ringardise et de gentillesse.
Restent les parties exotiques pour éviter de prendre la terrible décision de ne pas passer à autre chose. Certes on les a déjà vues et revues maintes et maintes fois mais perdues au milieu de cet océan d'inepties pré-fabriquées voilà qui soulage et satisfait un tantinet notre insatiable soif de cruauté et de voyeurisme. Nous pourrons ainsi profiter du massacre d'un éléphant par une tribu africaine qui après l'avoir abattu lui tranche les oreilles, un lion dévorant un zèbre, une tortue découpée vivante quelque part en Asie, des plans de cadavres d'animaux putréfiés, un indigène puni par des chasseurs blancs et une séquence durant
laquelle des scientifiques font des recherches sur un joli caniche dont la caméra filme la lente agonie. Voilà de quoi mettre un sérieux coup de fouet au spectateur proche de la léthargie qui s'est enfin pourléché les babines... ou le mondo dans toute sa splendeur tel que nous l'aimons!
L'homosexualité n'est pas oubliée et c'est bien entendu à Berlin que Montero nous invite à visiter un club lesbien où des femmes aux allures très androgynes dansent et s'embrassent
devant la caméra juste avant un numéro de travesti, une chanteuse de cabaret façon Lili Marleen se donne à fond à son public avant d'enlever sa perruque et révéler fièrement sa masculinité!
Accompagné d'une musique franchement démodée signée Lallo Gori, Mondo balordo porte bien son titre. Si le monde est sot le film de Roberto Bianchi Montero l'est encore plus. Dans l'univers très vaste du mondo, en voilà bien un qu'on pourra éviter sans trop de regret. A réserver uniquement aux invétérés les plus endurcis du genre et autres collectionneurs sous peine d'ennui mortel. Signalons tout de même que la version italienne est un plus longue d'environ cinq minutes que la version anglaise. Notons aussi la changement de narrateur selon les versions visionnées. Si Boris Karloff narre la version anglaise, Ted Weiss lui succède dans la version américaine tandis que la version italienne est quant à elle narrée par Castaldo et Torti.