La figlia di Frankenstein
Autres titres: Lady Frankenstein cette obsédée sexuelle / Lady Frankenstein
Real: Mel Welles
Année: 1971
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 84mn (version coupée) / 99mn (version intégrale)
Acteurs: Rosalba Neri, Paul Muller, Joseph Cotten, Paul Whiteman, Mickey Hargitay, Herbert Fux, Marino Masé, Adam Welles, Peter Martinov, Andrea Aureli, Ada Pometti, Joshua Sinclair, Renata Katsché, Johnny Loffrey, Richard Beardley...
Résumé: Le baron Frankenstein vient de créer un être vivant à partir de cadavres. Sa fille, Tanya, vient lui rendre visite au château. Une nuit elle découvre la véritable nature des travaux de son père. Enthousiasmée, elle souhaite l'assister mais celui ci refuse. Par une nuit d'orage, la créature prend enfin vie lorsque la foudre s'abat sur lui, le défigurant. Il tue Frankenstein et s'enfuit. Tanya va alors créer à son tour sa propre créature, le bel amant dont elle rêve. Tandis que le monstre de son père décime ses victimes, Tanya roucoule avec sa créature fabriquée à partir du très beau corps du malheureux serviteur attardé dans lequel elle a greffé le cerveau de l'assistant de son père...
Si le cinéma d'épouvante transalpin dit gothique eut son heure de gloire dans la années 60 et le début des années 70, offrant de nombreuses similitudes avec le cinéma d'épouvante anglais fort bien mis en valeur par la Hammer notamment, il n'utilisa que très peu les grands mythes du genre comme notamment Dracula et Frankenstein. En ce qui concerne ce dernier, si les exemples pourraient se compter sur les doigts d'une main, tous de piètre mémoire, on en retiendra cependant un, La figlia di Frankenstein devenu chez nous Lady Frankenstein cette obsédée sexuelle.
Réalisé par le comédien scénariste metteur en scène américain Mel Welles, produit par la Condor International de Umberto Borsato et discrètement financé par Roger Corman, Lady Frankenstein fait aujourd'hui partie de ces films cultes qui appartiennent à un filon du cinéma d'exploitation typiquement italien, les sexy horror movies. Malgré un titre français qui laisserait supposer bien des polissonneries inavouables au château du célèbre baron, le film de Mel Welles est bel et bien un film d'épouvante gothique traditionnelle teinté d'un érotisme savoureux souvent assez drôle tant il peut par instant paraitre aussi déplacé qu'énorme.
Cette fois, le héros du film n'est plus Frankenstein lui même, vite tué par sa créature, mais sa fille, Tanya, une brune explosive et délurée qui reprendra vite les expériences de son père et créera sa propre créature, un bellâtre, à qui elle pourra s'offrir, n'en déplaise à l'horrible monstre, jaloux et avide de sang, malencontreusement défiguré et brûlé par un éclair la nuit où il prit vie.
De Lady Frankenstein, outre son scénario assez comique, on retiendra en priorité ses magnifiques décors et costumes qui n'ont rien à envier aux grandes productions anglaises. Superbement mis en valeur par une excellente photographie aux tons jaunes et rouges, ils donnent au film un coté très luxueux qui fait parfaitement illusion. On soulignera aussi une interprétation solide et convaincante de la part d'une jolie brochette d'acteurs Joseph Cotten, Paul Muller et la plantureuse Rosalba Neri en tête.
Welles avec grand sérieux déploie toute la panoplie du parfait petit film d'épouvante gothique. Tous les ingrédients sont ici présents: château lugubre, passages souterrains, nuit d'orage, chauves souris virevoltantes, voleurs de cadavres et salles d'expériences où Frankenstein donne vie à sa créature. L'ensemble est saupoudré d'un zeste d'effets sanglants plutôt réussis et crédibles signés Carlo Rambaldi (trépanations et incisions au bistouri sont au menu) et d'un érotisme de bon aloi aussi agréable que totalement gratuit. Welles n'évite pas les clins d'oeil tant aux classiques du genre qu'à l'oeuvre originale de Mary Shelley. Ainsi, ce n'est plus une petite fille que la créature hideuse jette à l'eau mais une gourgandine nue après avoir interrompu ses ébats au bord de la rivière, ceci afin de ne pas oublier que nous sommes dans le cadre d'un cinéma d'exploitation où nudité rime avec joyeuseté.
L'érotisme quant à lui demeure léger mais Welles se permet de temps à autre quelques audaces lorsque par exemple Tanya atteint l'orgasme alors que son partenaire est assassiné en plein coït.
Le principal défaut du film en fait provient d'une part du fait qu'il parvient jamais réellement à créer un véritable climat d'angoisse, cette atmosphère typique de ce cinéma d'épouvante gothique que Welles ne maitrise pas forcément. D'autre part, Lady Frankenstein sombre par moment dans le ridicule faute en incombe à un monstre peu crédible au visage particulièrement abimé par la foudre. La nuit où il prit vie, la foudre tomba sur lui et lui brûla
le visage. Quelle malchance! En résulte un faciès horrible et surtout risible notamment lors des scènes de jour. Welles compense alors son ridicule par une forte tendance à tuer de façon assez musclée tout ce qui passe à portée de sa main, une attitude bien compréhensible puisque le baron l'a doté du cerveau d'un dangereux criminel. Le monstre, nonchalant, décimera ainsi une bonne dizaine de personnes jusqu'au final, troisième point faible du film. Comment ne pas sourire en effet face au combat des deux monstres dans le château en feu juste avant que la créature de notre Lady ait tué sa créatrice en plein ébat au beau milieu des flammes? Dantesque certes mais un brin trop énorme. On sombre soudainement dans un grand n'importe quoi qui vient quelque peu gâcher tous les points positifs du film.
Malgré cela, Lady Frankenstein est une oeuvre tout à fait sympathique et agréable à visionner, une série B d'épouvante qui par instant frise le Z avec saveur esthétiquement fort jolie. Les admirateurs de Rosalba Neri, grande amie dans le privé de Mel Welles et de sa famille, seront quant à eux ravis de la revoir ici, sombre et sensuelle dans le rôle titre, dévoilant de temps à autres ses charmes. Outre Joseph Cotten dans la défroque du baron, on retrouvera une belle brochette de comédiens dont Paul Muller, Paul Marshall, Joshua Sinclair, la sexy starlette allemande Renate Katsché, Andrea Aureli et un tout jeune Marino Masé non crédité au générique qui incarne ici le malheureux serviteur attardé, futur amant de notre Lady au bistouri.
Pour information, Lady Frankenstein connut bien des déboires avec la censure italienne de l'époque et visionner la version originale fut très longtemps difficile voire impossible. Des 99 minutes originales, le film fut réduit par la New world pour sa sortie en salles en double programme à 84 minutes. Lorsque les 14 minutes manquantes furent réintégrées le film fut immédiatement séquestré sur ordre du procureur de Florence. Depuis ce jour la version originale n'avait plus jamais été visible. Seule celle de 84 minutes circulait régulièrement sur les ondes dans l'attente qu'un jour un éditeur déterre l'originale. Etaient ainsi absents une bonne partie des ébats du monstre avec Rosalba, quelques coups de bistouri, quelques plans de la mort du monstre et du cadavre de Herbert Fux lorsque le policier l'observe. Des scènes qu'on peut enfin retrouver aujourd'hui via l'édition Blu ray récemment sortie. Un bonheur!