Mio caro assassino
Autres titres: Folie meurtrière / My dear killer
Real: Tonino Valerii
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 94mn
Acteurs: George Hilton, William Berger, Marilu Tolo, Patty Sheppard, Helga Line, Corrado Gaipa, Lara Wendel, Sofia Dionisio, Enzo Fiermonte, Piero Lulli, Dante Maggio, Salvo Randone, Dana Ghia, Manolo Zanzo...
Résumé: Un homme est décapité par une pelle mécanique. Son assassin est retrouvé pendu à son domicile. Ce meurtre aurait apparemment un lien avec la mort d'une fillette qu'un homme aurait laissé agoniser durant des jours. L'inspecteur Peretti mène l'enquête . Son seul indice est un dessin étrange découvert derrière un miroir que la petite fille a eu le temps de faire avant de mourir...
Auteur de quelques fleurons du western spaghetti tels que Mon nom est Personne, Le dernier jour de la colère et Une raison pour vivre une raison pour mourir, Tonino Valerii fit une seule et unique incursion dans le domaine du giallo avec l'intéressant Mio caro assassino / Folie meurtrière qu'il réalisa en 1972.
Mio caro assassino se distingue par son atmosphère plutôt morbide, son angoisse diffuse qui va crescendo alors que l'enquête de l'inspecteur avance et cerne de plus en plus les motivations du tueur, ici la jalousie et une haine quasi maladive née d'un fait divers durant lequel un enfant a trouvé la mort. Mio caro assassino rejoint ainsi d'autres gialli tels que Chi l'ha vista morire de Aldo Lado et Non si sevizia un paperino de Lucio Fulci qui utilisaient également ce thème sensible qu'est l'enfant comme clé du mystère ou comme cible du tueur.
Thriller à la Argento dont on retrouve les bases principales, le film de Valerii se caractérise essentiellement par cette normalité, ce quotidien routinier dans lequel il baigne constamment et c'est de cette banalité que surgissent la peur et l'angoisse. Valerii tente de montrer que d'une réalité somme toute ordinaire peut émerger l'angoisse ou comment un simple fait divers, ici une annonce dans la chronique nécrologique sur la mort d'une fillette, peut devenir une obsession sans fin.
Une fois de plus ce sont les secrets et les perversions d'une famille que cherche à fuir le tueur qui sont au centre de l'intrigue. Mio caro assassino est une sorte de jeu de miroirs qui reflète toute la folie de cet assassin et ce sont ces mêmes miroirs qui révéleront son identité puisque la fillette dans un ultime sursaut avant sa mort sera parvenue à dissimuler le dessin qui permettra son identification.
Complexe l'histoire l'est par son accumulation de détails et d'indices qui transforme vite le film en un macabre puzzle dont le spectateur tentera d'assembler les pièces plus ou moins facilement. Hormis son rythme plutôt lent qui pourra en faire sourciller certains, c'est peut être là un des défauts du film. Valerii semble s'égarer dans un scénario alambiqué à force de vouloir cumuler les évènements jusqu'à devenir par instant incohérent. La logique de l'intrigue en pâtit forcément tandis que certains éléments demeurent quelque peu nébuleux alors que d'autres disparaissent en cours de route. Ceci est d'autant plus regrettable que Valerii donne l'impression que ce cumul n'est qu'un prétexte à aligner coupables et victimes, impression renforcée lors du final puisque la résolution de l'énigme ne repose en rien sur ces indices mais sur une preuve accablante.
Cependant ceci ne nuit en rien à l'efficacité de ce giallo qui suit les traces des thrillers à la Dario Argento. Bénéficiant d'une mise en scène soutenue, d'une très belle partition musicale signée Ennio Morricone, il offre en outre quelques crimes digne des futurs splatter movies dont l'étonnante décapitation à la pelle mécanique qui ouvre le film, le meurtre sauvage à la scie circulaire de la maîtresse ou l'angoissante mort de la fillette dans le bunker. Valerii brise ici avec bonheur les traditionnelles règles du giallo en utilisant d'autres armes que le rasoir ou le couteau.
Un des autres atouts du film est son audace qui jadis lui valut les foudres de la censure italienne. Valerii pimente l'intrigue de connotations pédophiles à travers la confession d'un personnage qui avoue avoir été arrêté dans un bordel en compagnie d'une fillette et la présence d'un artiste-pop un peu trop attentionné envers ses jeunes modèles.
Au générique on aura le plaisir de retrouver une jolie brochettes d'excellents acteurs dont George Hilton qui campe l'inspecteur Peretti, William Berger, Marilu Tolo, Sofia Dionisio sans oublier la future lolita de l'euro-trash transalpin Lara Wendel dans le rôle de la petite fille.
Certes peu crédible dans son explication finale inspirée d'Agathie Christie ou Hercule Poirot pour son coté reconstitution, Folie meurtrière n'en est pas moins un très bon giallo qui regroupe tous les éléments des thrillers "argentesques". Malgré ses défauts, Valerii signe là peut être pas un chef d'oeuvre mais un excellent film angoissant, morbide et pervers qui se conclura par une superbe phrase murmurée par l'inspecteur: "Il était une fois une petite fille... chaque enfant qui meurt c'est comme si mourrait la dernière fleur au monde".