Un killer per sua maesta
Autres titres: Le tueur aime les bonbons / Duel à la dynamite / The killer likes candy / Zucker für den mörder / Un asesino para su majestad
Réal: Maurice Cloche / Federico Chentrens
Année: 1968
Origine: Italie / France / Allemagne
Genre: Spy movie
Durée: 86mn
Acteurs: Kerwin Mathews, Marilù Tolo, Venantino Venantini, Ann Smyrner, Riccardo Garrone, Werner Peters, Gordon Mitchell, Bruno Cremer, Lukas Ammann, Sieghardt Rupp, Alain Saury, James Mishler, Fabienne Dali, Umberto Raho, Giuseppe Addobbati, Elizabeth Thompson, Roland Carey...
Résumé: En visite en Italie le roi du Kifiristan, un pays du Moyen-Orient, est la cible d'un tueur qui laisse sur le lieu de ses crimes des emballages de bonbons. L'agent spécial Mark Stone et son ami le photographe Costa sont chargés de sa protection. Tout deux sont très vite victimes d'une bande de tueurs qui cherche à les éliminer. Stone parvient à découvrir qui est l'homme qui veut assassiner le roi. Il s'agit de Snell, un dangereux ex-nazi psychopathe, un homme sans pitié qui adore les bonbons. Bien décidé à mener sa mission à bien Snell est prêt a tout même au pire...
Né en 1907 le réalisateur scénariste français Maurice Cloche débute sa carrière au début des années 30 en tournant quelques courts métrages avant de mettre en scène son premier film en 1937. Si à travers ses oeuvres il aime parler de sujets sociaux c'est avant tout ses pellicules sur les grandes figures chrétiennes qui lui apportent la renommée et lui valent d'être officiellement qualifier de réalisateur catholique. En fin de parcours juste avant de ne s'intéresser qu'aux séries télévisées et autres téléfilms Cloche tourne quelques séries B notamment une poignée de spy movies dont un en collaboration avec l'Italie et
l'Allemagne, Un killer per sua maesta connu chez nous sous le titre assez amusant mais fort juste Le tueur aime les bonbons.
Alors qu'il est en visite diplomatique en Italie Faoud, le roi du Kifiristan, est victime d'un attentat à Venise puis d'un second à Rome. Un agent spécial de la CIA, Mark Stone, et un photographe professionnel, Costa, sont chargés de sa protection. Même s'ils gardent un oeil ouvert les tentatives d'assassinats continuent dont une dans un ascenseur. Stone est également la cible d'un groupe de tueurs dirigé par un certain Toni. Stone se met à soupçonner la ravissante Sylva qu'il voit régulièrement trainer autour de sa majesté sans
raison apparente. Il réalise assez vite son erreur. Sylva n'est autre que l'infirmière personnelle du roi Faoud qui souffre d'une maladie du coeur qui peut lui être mortelle s'il n'est pas opéré. Mais cela doit rester un secret. Ses investigations le mènent ensuite vers Guardino, le directeur d'un abattoir. Il est en effet à la tête de la bande qui traque Stone et connait parfaitement l'assassin qui tente d'attenter aux jours de ce roi du pétrole. Il s'agit d'un dangereux ex-nazi, un psychopathe sans scrupules, Oscar Nell, dont la particularité est d'adorer manger des bonbons. Il laisse d'ailleurs leur emballage sur chaque scène de crime en guise de signature. Nell kidnappe alors la mère de Sylva. Si la jeune infirmière veut
revoir sa mère en vie elle devra faire en sorte que le roi trouve la mort durant son opération. Sylva choisit de ne pas lui obéir. L'opération se déroule sans accroc. Stone et la police encerclent la maison où Nell retient prisonnière la mère de l'infirmière. Ils donnent l'assaut+ avant un affrontement sans merci dans la crypte d'une église.
Le tueur aime les bonbons! Il ne s'agit pas d'un pervers qui offre qui sucreries aux petites filles mais d'un dangereux psychopathe, un ex-nazi impitoyable au Curriculum vitae fort bien rempli qui a pour mission de tuer le roi d'un pays imaginaire du Moyen-Orient. Le film de Maurice Cloche est un habile mélange de spy movie, un genre alors très à la mode, et de thriller qui n'est cependant pas dénué d'humour. Cloche réalise une petite série B
franchement intéressante, jamais ennuyante même si le scénario et les situations sont bien souvent improbables et bien peu crédibles. On sourira même parfois tant on bascule par moment dans un ridicule qu'on devine assumé. Pourtant cela n'est absolument pas dérangeant. On se laisse entrainer dans les aventures de cet agent de la CIA et de son comparse, un photographe professionnel qui se la joue play-boy, qui nous entrainent de la place San Marco à Venise à l'Hôtel Hilton de Rome en passant par Bomarzo. Jamais on ne s'ennuie tant le rythme est soutenu et la mise en scène certes discrète est alerte et régulièrement tend vers le "fumetto". Les scènes d'action parsèment judicieusement cette
pellicule ludique mêlant bagarres, cascades et poursuites jusqu'au final échevelé qui réserve quelques rebondissements. Mais le plus surprenant, le meilleur atout du film pourrait-on dire, c'est son tueur franchement charismatique. Implacable, il exécute froidement sa mission sans jamais montrer de quelconques signes de remord en ayant parfois recours à des déguisements notamment celui d'un prêtre pour la tentative de meurtre qui ouvre le film et la scène assez fascinante où il joue de l'orgue, impassible, dans l'église où il a donné rendez-vous à Silva pour lui annoncer qu'il tuera sa mère si elle renonce à faire échouer l'opération du roi. L'amateur pensera forcément au personnage de
l'abominable Dr Phibes. Excellente et étonnante également surtout pour l'époque (on est en 1968) est la noirceur de certaines séquences comme le meurtre de Guardino, brulé vif, le chien vidé de son sang, le bandit ébouillanté dans l'abattoir sans oublier le final destructeur dans la crypte de l'église (qui donne sûrement au film son titre alternatif totalement stupide Duel à la dynamite). Voilà qui donne un petit gothique à ce film où les deux ennemis s'affrontent au milieu des têtes de mort et des reliques monacales, le tout rythmé par une agréable partition musicale aux sonorités très sixties bien vieillottes mais sympathiques signée Gianni Marchetti. On peut voir dans ce décor inattendu un petit clin d'oeil malicieux
au surnom que Cloche s'était vu attribué.
L'agent Stone est vaillamment interprété par l'américain Kerwin Matthews qui avait déjà à son palmarès deux aventures de OSS 117 mais surtout quelques classiques du film fantastique dont Le 7ème voyage de Sinbad, Jack le tueur de géants et Les voyages de Gulliver. Venantino Venantini endosse le costume du photographe play-boy. On sera toujours autant séduit par le regard incroyable de Marilu Tolo (Sylva). Gordon Mitchell est lui aussi au rendez-vous dans le rôle de Toni, le chef de bande qui meurt électrocuté, dont
Cloche réussit à capter l'aura maléfique. Ajoutons la présence de Riccardo Garrone, Roland Carey et Umberto Raho Mais le point fort de la distribution est très certainement l'excellent Bruno Cremer qui incarne à la perfection (mais est-ce étonnant?) Snell, le tueur aux bonbons, que le metteur en scène rend particulièrement inquiétant.
Peu crédible oui, très bande dessinée là encore oui, sans prétention aucune c'est évident, moins tarabiscoté que beaucoup d'autres spy movies de l'époque, devenu assez rare aujourd'hui, ce Tueur aux bonbons est un petit spy movie divertissant, jamais ennuyant, qui se laisse visionner sans mal et surtout avec plaisir... pourquoi pas en mangeant tranquillement quelques bonbons.