Maniac killer
Autres titres: Kill and enjoy
Réal: Andrea Bianchi
Année: 1987
Origine: Italie / France
Genre: Horreur
Durée: 84mn
Acteurs: Bo Svenson, Chuck Connors, Robert Ginty, Suzanne Andrews, Stanley Kapoul, Dora Doll, Henri Lambert, Olivier Mathot, Paulina Adrián, François Greze, Robert Ground, Jesse Joe Walsh, Jean-Luc Bertin, Isabelle Rochard, Jean-René Gossart...
Résumé: Dans un petit village de banlieue parisienne une prostituée est enlevée et se retrouve prisonnière au fond d'une crypte où officie une secte. Selon le Grand maitre elle doit être purifiée. Puis c'est au tour de la comtesse Silvano d'être kidnappée. L'inspecteur mène l'enquête ainsi que le mac de la catin. Un scientifique américain qui travaille sur de mystérieuses expériences serait-il le coupable?
A la vue d'un film signé Andrea Bianchi on peut avoir peur tant sa filmographie a multiplié les séries Z. Bianchi n'a en effet jamais été synonyme de qualité. Lorsqu'en plus on constate qu'il s'agit d une production Eurociné on peut vraiment avoir très peur, le meilleur terme pouvant rimer avec Eurociné étant débilité. Maniac killer ne fait pas exception. Il coche même toutes les cases. Disons le de suite malgré son titre Maniac killer n'est absolument pas un slasher c'est... mais qu'est ce donc? Difficile à dire puisque Mario Bianchi mélange ici les genres dans le plus grand chaos. Cela débute comme un énième slasher puis sans
transition aucune Maniac killer fait penser à un nouveau film d'horreur gothique dans la continuité de Malabimba mais voilà qu'il s'oriente soudain vers le film de secte démoniaque puis vers le film de savant fou. Nous voila donc bien perdus mais est-ce important vu l'absence de véritable intrigue. Qu'on en juge par soi-même.
Dans un petit village une jeune prostituée est kidnappée par un grand chauve costaud alors qu'elle sortait d'une fête organisée par son proxénète du moins c'est ce qu'on imagine car oui il y a des filles de mauvaise vie dans les petits bourgs et même des macs (gominés) que tous les villageois connaissent et côtoient au quotidien. Notre catin se retrouve dans
une crypte prisonnière d'une secte démoniaque du moins là encore on le suppose car à part le grand maitre et notre chauve il n'y a aucun autre membre. Le maitre, le visage caché sous une cagoule rouge, possède un sceptre en forme de serpent dont les yeux s'éclairent (surement un bouton dissimulé sur le manche) et souhaite purifier notre putain qui se fait pincer le téton avec une tenaille. Pendant ce temps le comte (en smoking étriqué et baskets rouges, il fallait oser) donne une réception chez lui durant laquelle Sieur Gondrand (!) est humilié par deux laquais en perruque et costume d'époque puis chassé tel un malpropre du domaine pour avoir dansé avec la comtesse. Parallèlement on fait la connaissance d'un
scientifique venu des Amériques, Robert Osbourne, qui se livre à des expériences si secrètes qu'on ne saura jamais ce qu'il fait exactement sauf qu'il analyse du sang issu d'animaux que lui attrape un jeune muet attardé, Mathieu. On comprend juste qu'il aimerait découvrir pourquoi l'être humain meurt car Maniac killer a sa petite portée philosophique, répondre à cette question que l'homme se pose depuis la nuit des temps. On n'aura pas de réponse car de toutes façons on ne voit jamais Robert faire de recherches, on a juste droit à son laboratoire (son salon dirait-on) où trône un pauvre alambic et surtout des dizaines d'ordinateurs posés les uns à coté des autres! C'est alors que la comtesse se fait enlever à
son tour non pas par l'homme chauve qui a mystérieusement disparu du scénario mais deux nouvelles sbires de l'homme à la cagoule rouge, une femme rousse à la frange très "Rita mitsouskienne" et un nouveau chauve! Pas de suspens, l'homme cagoulé se découvre très vite. Il s'agit de Gondrand! Pourquoi? Qui est-il? Que fait il? Là encore on ne le saura jamais vraiment comme on ne saura jamais qu'elle est cette secte. Grâce à Mathieu qui a miraculeusement appris à s'exprimer grâce aux ordinateurs du professeur l'inspecteur arrive à temps pour sauver la comtesse et la putain.
Raconter Maniac killer sans le voir serait presque un péché tant nous sommes face à une
histoire délirante, sans queue ni tête écrite par Marius Lesoeur, une sorte de fourre-tout abracadabrant mais hautement jouissif qui par certains aspects rappelle les Jesus Franco grande époque. Un Véritable Eurociné fait sans un sou et tourné dans un petit village campagnard de l'Essonne, Soisy-sur-école. Ce n'est pas vraiment le mélange des genres qui donne son charme à cette pellicule Z même s'il lui donne une petit air curieux non désagréable, le coté gothique et les scientifiques déments ont toujours un coté fascinant, mais le n'importe quoi de ce scénario aussi grotesque que farfelu qui multiplie invraisemblances, incohérences, anachronismes, non sens, dans la plus grande impunité.
On reste souvent bouche-bée face à de telles inepties, on éclate très souvent de rire tant les situations sont niaises et improbables, on pouffe en découvrant des dialogues que des enfants auraient pu écrire mais malgré tout Maniac killer se laisse regarder avec un certain plaisir coupable ne serait-ce que pour sa gentille petite atmosphère gothique façon film d'inquisition. La crypte, la salle des tortures, le bourreau chauve qui nous rappelle celui du Vierges pour le bourreau, quelques touches sadomasochistes si légères qu'elles n'effraieraient pas une nonne (le téton pincé à la tenaille, les flagellations) d'autant plus qu'il n'y a quasiment aucune scène d'érotisme si ce n'est un ou deux plans de seins nus ni
même une seule scène sanglante. Un comble pour un film intitulé Maniac killer! Certains protagonistes dégagent quelque chose d'assez curieux également plus précisément le jeune attardé mental muet qui bien ironiquement est peut-être le plus intéressant du film. Pour son jeu halluciné mais plutôt crédible, l'aura qu'il parvient à donner à un film qui au départ en est quant à lui dénué et surtout les scènes surréalistes qu'il nous offre. Il faut voir comment en l'espace de quelques heures, soyons bons, en une journée, il réussit à s'exprimer et se faire comprendre par le biais d'un ordinateur. Plus fort encore il est capable en un temps record de savoir l'utiliser pour écrire et dessiner. On en reste pantois.
Conséquence directe de ce savoir-faire soudain une autre scène quasi irréelle celle où il explique à l'inspecteur par gestes et mimiques où et comment la comtesse a été enlevée et Ô miracle tout le monde le comprend! Toutes ces merveilleuses réjouissances prendront malheureusement très vite fin puisque Bianchi a du s'apercevoir que le temps tournait et qu'il approchait les 90 minutes réglementaires. En cinq minutes il met fin à cette histoire. La police débarque chez Gondrand bien installé dans le salon de son manoir où trône tout de même un flipper vintage auquel joue un de ses gardes. Tout le monde tue tout le monde. En quelques secondes il n'y a plus personne sauf le comte qui délivre son épouse en nuisette.
Tout deux quittent le manoir, heureux. La comtesse a même eu le temps de s'habiller entre temps. Ultime miracle!
En tête d'affiche on retrouve trois incontournables gueules du Bis italien qui toutes en fin de carrière se demandent visiblement ce qu'elles sont venues faire dans ce salmigondis tourné dans la campagne hivernale de ce beau village. Le solide Chuck Connors joue les scientifiques en blouse blanche, le toujours costaud Bo Svenson, spécialiste du film de guerre et d'action, a troqué l'uniforme pour le smoking trop étroit du comte (il fallait oser!) et Robert "Exterminator" Ginty est Gondrand, un trio aussi crédible que Nabilla, Maïté et
Mimie Mathy dans les rôles des Drôles de dames. Aucun n'est crédible dans son personnage, Bo Svenson en tête déguisé en noble et Dora Doll censée jouer une gouvernante austère (un cerbère pour reprendre le terme de l'inspecteur) mais donne surtout l'impression d'interpréter une douce mère-grand. Bien ironiquement c'est le jeune François Greze qui s'en sort le mieux alors qu'il interprète l'attardé muet. Outre le fait qu'il soit fort séduisant il est le seul qui a vraiment l'air de croire à ce qu'il joue et le fait avec coeur. A tout ce beau monde s'ajoutent quelques noms indissociables des Eurociné comme Olivier Mathot et Jean-René Gossart ainsi qu'une tripotée de gueules débonnaires qu'on ne
peut voir que dans de ce type de "zéderie".
Signé Fred Drew White (un des pseudonymes de Bianchi) mais également selon les copies A.M Frank (un des très nombreux pseudonymes utilisés par les réalisateurs attitrés d'Eurociné) Maniac killer est une production typique de la célèbre firme, un petit joyau de nullité mais c'est surtout une bizarrerie qui rappelle par certains points les vieux Bis d'antan, ceux des années 60 et 70 d'où ce charme qui rapidement séduit. Malgré l'hilarité qu'il déclenche Maniac killer se laisse voir sans mal et pourrait même toucher les nostalgiques d'une certaine époque. Voilà toute la magie non pas de cette secte mais du Bis, plus exactement ici, du cinéma de série Z.