W la foca!
Autres titres: Viva la foca! / Evviva la foca!
Réal: Nando Cicero
Année: 1982
Origine: Italie
Genre: Sexy comédie
Durée: 89mn
Acteurs: Lory Del Santo, Michela Miti, Riccardo Billi, Fabio Grossi, Victor Cavallo, Franco Bracardi, Giovanni Attanasio, Sergio Di Pinto, Enio Drovandi, Anna Fall, Carmine Faraco, Vito Fornari, Carlo Marini, Bobby Rhodes, Dagmar Lassander, Bombolo, Alfredo Adami, Enzo Andronico, Antonella Antinori, Ennio Antonelli, Alessandra Canale, Simonetta Carosi, Adriana Giuffrè, Franco Laitano, Martufello, Giulio Massimini, Gina Poli, Moana Pozzi, Antonella Prati, Alessandra Tani...
Résumé: Andrea, une jeune et très séduisante infirmière, quitte sa Vénétie natale pour Rome où elle doit devenir l'assistante du Dr Patacchiula. Elle va être au coeur de toute une série d'aventures tant au cabinet du docteur, un invétéré dragueur, que chez lui...
Pilier de la comédie populaire italienne on doit à Nando Cicero quelques uns des épisodes des prolifiques et incontournables séries de la La Toubib, de La prof et de La lycéenne notamment ceux qui mirent en vedette Edwige Fenech et Gloria Guida. Les années 70 furent ainsi illuminées par leurs aventures qui aujourd'hui appartiennent définitivement au patrimoine cinématographique italien et demeurent aujourd'hui encore des oeuvres phare de la comédie coquine, un genre qui comme bien d'autres commença par s'étioler dés la fin de la décennie. Les années 80 tentèrent tant bien que mal à faire perdurer ces comédies
qui, il faut bien l'avouer, tournaient de plus en plus en rond, et semblaient avoir tout dit. Difficile pour les réalisateurs de se renouveler. Faire rire leur était de plus en plus difficile et bien peu de sexy comédies réussirent à sortir du lot. Fade fut cette nouvelle décennie mais il y eut pourtant quelques exceptions comme ce délirant W la foca dont le titre est déjà tout un programme à lui seul.
L'histoire est quasiment inexistante. On pourrait rattacher W la foca à la série des Toubib et Infirmière puisqu'on fait la connaissance de la jeune et jolie Andrea, une infirmière vénitienne qui prend le train pour Rome afin de pourvoir à son tout nouveau poste, celui
d'assistante du Dr Pattachiula. Rien qu'en disant cela on a résumé tout le film qui s'avère être une suite d'historiettes, de gags sans réel rapport entre elles. On a simplement une base, l'omniprésent Dr Pattachiula, un insatiable dragueur qui couche avec toutes ses patientes. Sa femme est nymphomane et multiplie les amants. Autour d'eux une pléthore de personnages, le grand-père, le fils niais et puceau, un ouvrier, un clochard, la bonne et son petit ami, le fiancé d'Andrea, un jeune étalon sodomite chevelu, une multitude de patientes... tous là pour servir un sketch ou deux jusqu'au moment où plus grand chose ne les relie au film lui même. Cet aspect décousu donne un étrange sentiment au spectateur, celui d'être
un peu largué, de se demander quel est le but final du film d'autant plus que la conclusion ouverte, abrupte, surprendra car ce n'est pas une fin en soi. Le film s'arrête simplement comme si Cicero était à court d'idée. A ce niveau W la foca pourra décevoir. Mais l'intérêt du film se trouve en fait ailleurs et c'est peut être la raison pour laquelle il est devenu au fil du temps une oeuvre culte dans le milieu de la comédie.
La force de W la foca provient de son coté délirant, trashissime. Raconter les gags devient difficile tant ils sont nombreux mais ils ont tous en commun leur totale absurdité, débilité. Rien ne semble arrêter Nando Cicero et ce gigantesque n'importe quoi en devient parfois
étonnant, parfois drôle et flirte même par instant avec le surréalisme. On citera pour exemples, bien représentatifs de cette comédie trash, ce jeune patient au pénis vissé qu'Andrea doit soigner avec une clé anglaise au risque de lui déboulonner les testicules (dit-elle), l'ouvrier au sexe tentaculaire, si long et dépliable qu'il peut traverser la rue et pénétrer dans la chambre d'Andrea jusqu'au jour où un rouleau compresseur l'écrase, le vagin siffleur d'Andrea, l'homme coincé dans les fesses de Marisa en tentant de la sodomiser... . Quant à l'aspect trash il est un peu partout tant dans les gags que dans les dialogues (le pied dans le grille-pain, les fourberies du clochard à bicyclette qui entre autre propose à
Andrea de monter sur le cadre de son vélo mais en fait c'est sur son sexe qu'elle est assise...). Qui dit trash ne dit pas forcément vulgaire, Cicero ayant su ne pas franchir ce seuil délicat. Tout passe essentiellement par les mots, les allusions. C'est un des fondamentaux du film qui en quatre-vingt dix minutes multiplie jeux de mots et double sens avec une aisance étonnante. Ceux qui manipulent la langue de Dante se délecteront donc de ces trouvailles verbales souvent truculentes, farfelues et très drôles. C'est d'ailleurs à travers ces joutes que l'humour passe en priorité, faisant de ce W la foca un petit régal. Si le titre ambigu du film est lui aussi à double sens le fameux phoque qu'il nous promet est un
des autres grands moments de cette pellicule extraordinaire. L'idée d'un phoque comme animal domestique est assez géniale. Il faut voir l'animal déambuler dans l'appartement du docteur, imaginer Andrea le balader dans un berceau, aller lui acheter du lait dans un bar sous le regard éberlué du serveur ou l'animal qui flatule si fort qu'il fait exploser les portes ou qui défèque de la neige ou des glaçons. Il fallait oser!
Un des autres points positifs du film c'est son interprétation. Les acteurs, aussi nombreux soient ils, s'amusent, s'en donnent à coeur joie et cela se ressent, Bombolo en tête, carrément en état de grâce dans le rôle du Docteur, présent d'un bout à l'autre du métrage.
Autour du comique on retrouve une pléiade de comédiens tout aussi fébriles dont Franco Bracardi (le clochard), Enzo Andronico (l'exhibitionniste), Victor Cavallo (le peintre au sexe interminable et dépliable), l'incroyable laideur de Fabio Grossi (le fils benêt), Riccardo Billi (le grand-père au sexe de travers) et même Bobby Rhodes (le fiancé de la bonne de couleur jouée par Anna Fall) qui pour l'occasion a accepté de se compromettre en caleçon. Pas de sexy comédie sans quelques divines beautés. Sont ici présentes à l'appel Dagmar Lassander (l'épouse de Bombolo) qu'on regrettera de ne pas assez voir, Adriana Giuffré, Michela Miti, Antonella Antinori et une courte apparition de la future diva du porno Moana
Pozzi. Reste le choix de la protagoniste principale, Lory Del Santo. Afin de succéder aux stars des années 70 plus vraiment dans l'air du temps une nouvelle génération d'actrices et de starlettes allait débarquer sur nos écrans dés le début de cette nouvelle décennie, tentant de faire oublier Edwige, Gloria, Lilli... . Parmi elles Anna Maria Rizzoli, Nadia Cassini ou encore Carmen Russo. La turbulente Lory Del Santo fit partie du lot mais ne parvint jamais à réellement percer. Lory a un corps superbe que Cicero sait mettre en valeur mais elle n'a pas le charisme de ses prédécesseurs encore moins leur talent. Lory est très belle mais
ses capacités de comédienne et de récitation sont limitées. On lui aurait préféré Michela Miti dans ce rôle d'infirmière, bien plus "Foca" que Lory dont la coupe de cheveux "caniche" n'a rien de très étourdissant. Hormis La gorilla ce sera pour Lory son seul véritable rôle en tant que principale héroïne et ce sont surtout ses frasques amoureuses teintées de scandale dont on parlera surtout par la suite en Italie.
Chant du cygne d'un genre populaire autrefois riche W la foca est un des derniers exemples réussis de ces comédies coquines qui nous firent tant rire. Avec ce film à sketches
complètement délirant, presque surréaliste par instant, Cicero dont ce sera l'avant dernière réalisation réussit son coup. Voilà une comédie trash divertissante, absolument fofolle qui a longtemps été très difficile à visionner puisqu'elle a disparu de très longues années avant de s'enorgueillir d'un passage à la Mostra de Venise pour mieux ressurgir par la suite, sortir enfin en DVD et devenir aujourd'hui un film culte en Italie.