Se tutte le donne del mondo
Autres titres: Ramdam à Rio / Operation Paradiso / Kiss the girls and make them die
Réal: Henry Levin / Arduino Maiuri
Année: 1966
Origine: Italie
Genre: Spy movie
Durée: 101mn
Acteurs: Mike Connors, Dorothy Provine, Raf Vallone, Terry-Thomas, Margaret Lee, Nicoletta Machiavelli, Beverly Adams, Marilù Tolo, Seyna Seyn, Oliver MacGreevy, Sandro Dori, Andy Ho, Edith Peters, George Leech, Jack Gwillim, Hans Thorner, Roland Bartrop...
Résumé: A Rio de Janeiro un industriel nommé Mr Ardonian expérimente un projet fou sur des indigènes. Grâce à des ondes super puissantes qu'il vient de créer il a dans l'idée de rendre stérile notre monde après avoir vendu son plan aux chinois afin qu'ils détruisent les Etats-Unis. L'agent Kelly et l'agent Fleming vont tout mettre en oeuvre pour stopper le savant fou et sauver notre planète de la stérilisation...
Né du succès international de James Bond le spy movie allait dés le milieu des années 60 connaitre son heure de gloire en Italie avec sa cohorte d'agents secrets tous inspirés du célèbre personnage crée par Ian Fleming. Sous la lumière des projecteurs cette fois, l'agent 409, à l'état civil Monsieur Kelly, un agent de la CIA, qui doit enquêter à Rio De Janeiro et mettre fin aux exactions d'un savant fou qui veut rendre stérile l'humanité.
Alors qu'il explore les forêts qui entourent les cascades d'Iguazul au Brésil un aventurier surprend une tribu d'indigènes entrain de pratiquer une étrange danse. Il ne semble même
pas s'apercevoir de la présence de l'explorateur. Au moment où il s'apprête à noter cette scène dans son carnet de route il est mystérieusement abattu. A Rio l'agent secret Kelly est quant à lui agressé par un homme sur le Christ de Corcovado à qui il parvient à échapper. D'autres tueurs vont tenter également de l'abattre. Il découvre que ces hommes travaillent pour le mystérieux Mr David Ardonian, un industriel qui est en relation avec la Chine à qui il souhaite vendre son dernier projet. Il vient en effet de mettre au point un plan terrifiant à échelle mondiale. Il a crée de puissantes ondes capables de rendre stérile toute l'humanité, un plan diabolique pour mettre un terme à la surpopulation et ses conséquences tel que le
cannibalisme. Il permettra aussi aux chinois d'anéantir les Etat-Unis avant de repeupler notre monde en copulant avec de splendides jeunes femmes qu'il a cryogénisé. Ce sont sur les indigènes qu'avait aperçu l'explorateur que Ardonian fait ses expérimentations en les lobotomisant. Kelly, aidé par la très séduisante Susan Fleming, un agent secret des services britanniques, va tout mettre en oeuvre pour contrecarrer mes plans d'Ardonian et ses sbires et sauver ainsi le monde d'une stérilité assurée.
Les dix premières minutes de ce spy movie sont fort alléchantes. On assiste tout d'abord au meurtre d'un explorateur à la Tintin au moment où il découvre une étrange tribu puis à une
étonnante poursuite sur et à l'intérieur du Christ de Corcovado, filmée de main de maitre et qui se terminera par une envolée en hélicoptère. Voilà de quoi faire saliver en laissant au spectateur imaginer ce qui l'attend par la suite. Ce n'est malheureusement qu'une fausse alerte car passés ces instants d'action pure Se tutte le donne del mondo, une flamboyante production Dino De Laurentiis connue en France sous le titre Ramdam à Rio ralentit pas mal le rythme. Notre agent viril enchaine les rencontres féminines dont celle qui va l'assister, la candide Susan Fleming, les tentatives pour les tuer se répètent mais de manière très sage jusqu'à la rencontre avec Mr Ardonian, notre savant fou qui les retient prisonniers.
Il faut dire que le véritable intérêt de Ramdam à Rio se situe ailleurs que dans son taux d'action. Le film de Henry Levin (c'est en fait lui qui le réalisa entièrement même s'il n'est crédité que comme assistant-metteur en scène, un rôle qui revint au scénariste italien Arduino Maiuri dont ce fut l'unique passage derrière la caméra) n'est jamais qu'une parodie du genre qui se présente sous la forme d'une jolie bande dessinée loufoque où l'humour et le non sérieux prédominent le plus souvent. Levin s'inspire bien entendu des James Bond mais encore plus de Matt Helm (Levin réalisera d'ailleurs deux films dés l'année suivante avec pour principal protagoniste Helm). Le réalisateur à qui on
doit notamment l'inoubliable Voyage au centre de la terre avec James Mason signe une bande d'espionnage très américaine complètement fofolle, ludique et si l'action lui fait parfois défaut c'est sur l'aspect farfelu, divertissant qu'il se rattrape d'où ce petit plaisir coupable pris à la vision des aventures de nos deux agents.
Autre gros point fort de Ramdam à Rio son incroyable éventail de gadgets à faire pâlir notre bon 007 lui même. Le film est truffé de trouvailles parfois ingénieuses, drôles. Si tout est susceptible de dissimuler une arme, une parade, une invention parfois étonnante (on a même droit à un combat de gadget entre Kelly et Susan) ce qu'on retiendra en priorité c'est
la fameuse Rolls Royce de Susan, une véritable maison ambulante que n'aurait pas renié Bond. Soyons certain qu'il en serait même jaloux. Le top de l'ingéniosité est la voir se transformer en panneau publicitaire au moment où les hommes de Mr Ardonian est sur le point de passer à coté d'elle. Un régal. Toujours au crédit de ce spy movie parodique ses fabuleux décors naturels, il fut tourné sur place au Brésil, fort bien mis en valeur par une superbe photographie, au même titre que ses décors intérieurs, luxueux, colorés, haut de gamme, un point d'orgue au repaire secret de Mr Ardonian qui emprunte beaucoup aux films de science-fiction d'alors, à la fois kitsch et psychédélique. Le dernier atout du film est sa
distribution féminine absolument délicieuse. En tête la pétulante Dorothy Provine, talentueuse comédienne, un véritable petit bonbon acidulé, qui apporte au film toute sa folie douce et son humour dans le rôle de Susan Fleming, surement un clin d'oeil au père de James Bond. A ses cotés parmi les conquêtes de Kelly on compte Margaret Lee, Nicoletta Machiavelli, Marilu Tolo et l'asiatique Seyna Seyn, une habituée du genre, même si la plupart ne font qu'une courte apparition. Raf Vallone interprète un Ardonian à qui il manque l'aura machiavélique de tout vrai bon méchant. Dommage. L'excellent Henry Thomas (et ses faux airs de David Niven) interprète un James très british, le chauffeur et acolyte de Susan.
Quant à notre agent 409 c'est l'américain Mike Connors qui endosse son costume, un nom à jamais associé au personnage du détective Mannix qu'il jouera de 1967 à 1975 dans la série éponyme. Elégant, viril, séducteur, homme à femmes Connors avec son physique à la Sean Connery est tout à fait à l'aise dans ce rôle d'agent secret sans toutefois se prendre au sérieux.
Rythmé par les agréables musiques de Mario Nascimbene et la chanson phare de Lydia MacDonald aux tonalités très italiennes, Se tutte le donne del mondo est une joyeuse bande dessinée de science-fiction kitschissime, un spy movie parodique ludique et absurde fort agréable que les amateurs du genre prendront beaucoup de plaisir à visionner.