Velociraptor
Autres titres:
Real: Chucho E. Quintero
Année: 2014
Origine: Mexique
Genre: Drame
Durée: 90mn
Acteurs: Gerardo Del Razo, Sofía Sylwin, Carlos Hendrick Huber, Alan Aguilar, Axel Arena, Ugo Catalan, Roberto Beck, Diego Cruz Cilveti, Roberto De Loera, Ricardo Enriquez, Mauricio Hernandez Contreras, Roberto Fiesco, Jonathan Ramos...
Résumé: Alors que l'apocalypse est toute proche deux adolescents veulent profiter de leurs dernières heures sur Terre. L'un est gay, l'autre hétérosexuel. L'un a peur de la sodomie malgré ses nombreuses expériences sexuelles au lycée, l'autre ne serait pas contre avoir une première aventure homo et pouvoir être celui qui pourrait prendre pour la première fois son ami. Des doutes, des hésitations, de l'alcool, des joints, et les inhibitions s'évaporent petit à petit...
Premier film du jeune réalisateur mexicain Chucho E. Quintero Velociraptor n'est pas un nouveau film de monstres préhistoriques comme son titre pourrait le laisser penser mais un sympathique coming out of age movie, la tendre histoire de deux adolescents qui se cherchent et se trouvent à l'aube de l'apocalypse pour expérimenter sexuellement ce qu'ils n'ont pas encore oser faire.
Alors qu'à l'horizon se profile les premiers signes de l'imminente fin du monde Alex, un lycéen, tente d'avoir un plan sexe sur Facebook. Finalement il va se promener avec son ami
Diego dans les rues de leur ville qui se vident. Ils veulent passer leurs dernières heures à s'amuser. Alex est homosexuel et avoue avoir sucé la plupart des garçons de son école mais n'a jamais osé se faire sodomiser malgré son envie. Diego est hétérosexuel. Il a une petite amie mais il est très ouvert d'esprit. L'homosexualité de son ami ne le dérange pas. Il est curieux et trouve même un peu vexant qu'Alex ne l'ait jamais sucé. En réalité leur relation est ambigüe. Alex rêverait de coucher avec Diego qui ne serait pas contre du moins s'il osait franchir le pas. Il est intrigué d'autant plus que Alex lui a avoué qu'il a déjà sucé des garçons hétéros. L'apocalypse toute proche fait réfléchir Diego mais quelque chose en lui le freine.
Alex l'invite chez lui, ses parents étant absents. Les deux garçons boivent, fument, écoutent de la musique, regardent un film porno gay. L'alcool et l'herbe aident Diego à se rapprocher de son ami. Finalement Diego se laisse aller. C'est même lui qui prend l'initiative. Il se laisse masturber puis embrasser et sucer. Il découvre des plaisirs inattendus dans les bras de son camarade. Si une légère gêne s'installe après ces instants intimes Diego se sent prêt à aller plus loin. Il souhaite sodomiser son ami même s'il craint de ne pas être à la hauteur. Alex un peu nerveux se laisse faire mais au moment de le prendre Diego débande à la grande déception d'Alex. Les deux amis s'endorment. Au réveil Diego se sent un peu mal à l'aise. Il
refuse poliment de rester déjeuner chez son ami prétextant que sa petite amie l'attend. Il prend sa douche, appelle sa copine et se masturbe au son de sa voix pour vérifier qu'il peut de nouveau bander. Tout fonctionne. Il s'en va. Alex le regarde s'éloigner par la fenêtre. C'est la fin du monde.
Velociraptor, du nom d'une bande dessinée dont les deux amis sont de grands fans, est un film sur la quête de son identité sexuelle à un âge où parfois on se cherche encore, un âge où la frontière entre l'amour et l'amitié est souvent floue. Alex est ouvertement gay et ne s'en cache pas. Les histoires qu'il raconte piquent la curiosité de son ami Diego qui se dit hétéro.
Lors d'une promenade en ville puis en forêt les deux copains parlent ouvertement de sexualité, se confient, dévoilent leurs histoires intimes que Chuchero filme parfois en flash-back. Petit à petit parler de sexe les excite. Sentiments et désir se mêlent de manière trouble mais chacun résiste. La grande réussite de cette première partie est d'avoir su instaurer une véritable tension sexuelle de plus en plus palpable, si palpable qu'on parvient à la ressentir devant l'écran, à ressentir leurs envies, leur attirance, le trouble et les craintes pour l'un, le désir pour l'autre. En fait Velociraptor est un film universel où chacun pourra se reconnaitre dans l'un ou l'autre des deux personnages puisqu'on a tous un jour vraisemblablement
connu ce trouble, ces émotions, ces peurs, cette étrange attirance, cette curiosité sans parfois vraiment l'expliquer.
Chuchero signe ici une oeuvre tendre, réaliste sur l'éveil de la sexualité à un âge où les secrets resserrent les liens, où on a envie d'expérimenter pour mieux découvrir et se découvrir. Chuchero ne cherche en rien à analyser, il se contente simplement de filmer cette attendrissante tranche de vie que partagent deux amis, une tranche de vie qui s'étale sur 24 heures, plus précisément et c'est là l'originalité sur les dernières 24 heures de notre monde. Les deux adolescents veulent profiter de leur dernières heures sur terre et expérimenter ce
qu'ils ont toujours eu envie de tester sans jamais oser.
Derrière ce prétexte se cache surtout un film qui traite d'une amitié particulière, une amitié entre un gay et un hétéro qui dissimulerait quelque chose de plus fort, un désir refoulé que le réalisateur se propose d'explorer. Et c'est avec une fraicheur presque désarmante qu'il le fait à travers les récits des expériences sexuelles que les deux amis ont connu, des dialogues amusants, drôles remplis de tendresse, de jeux de regards et autres gestes aussi innocents que révélateurs. Plus les heures passent plus la pression, l'angoisse montent. La maladresse, la peur, le doute qui refait surface mais toujours ce plaisir de vouloir satisfaire
les désirs de l'autre avant de franchir le pas avec la délicatesse qu'on était en droit d'attendre d'une telle histoire. Alex et Diego se mettront à nu dans tous les sens du terme et coucheront ensemble. Expérience réussie pour chacun d'eux. Diego a apprécié sa première relation homo (Tu es un expert lui dit-il enjoué). Alex a surmonté sa peur de la sodomie même si Diego n'a pas pu aller plus loin. Tout deux ont expérimenté ce qu'il souhaitait.
Mis en scène avec ingéniosité et sensibilité, Velociraptor doit également beaucoup à l'interprétation sans faille de ses deux séduisants protagonistes principaux, aussi attachants
que naturels, spontanés dans leur jeu, le brun Pablo Mezz et le blond Carlos Hendrick Huber que Chucho Quintero reprendra dans son film suivant le tout aussi bon Los dias particulares / These particular days. On en dira tout autant des rôles secondaires, une jolie brochette d'acteurs tous plus ravissants les uns que les autres dont Ugo Catalan, Alan Aguilar, Gerardo Del Razo et la présence de la jeune star montante mexicaine Axel Arena aujourd'hui devenu une sorte de curiosité morbide suite à sa récente arrestation pour homicide volontaire sur la personne d'une escort-girl tuée d'une belle dans la tête à l'hôtel où
tout deux résidaient.
Les scènes de sexe à proprement parlé sont rares. Chucho E. Quintero préfère opter pour la pudeur. Il suggère plus qu'il ne montre (à l'exception d'une rapide mais véritable masturbation lorsque les deux garçons font enfin l'amour) sans pour autant frustrer son spectateur. Il se rattrape sur un homo érotisme quasi constant qui appuie l'aspect sexuel palpable du récit. On en appréciera encore davantage les quelques scènes de nudité toutes très belles situées majoritairement en fin de métrage lorsque les deux garçons franchissent
enfin le pas. Les notes d'humour par instant si agréablement audacieuses (la séquence du lavement raté), le ton décontracté de l'ensemble achèvent de faire de Velociraptor une petite perle du film gay adolescent dans laquelle chacun y trouvera un peu de soi quelque soit son orientation sexuelle. Pour son premier film Chucho E. Qunitero malgré un tout petit budget signe une oeuvre délicate, fraiche comme deux gouttes de rosée un matin de printemps. Velociraptor prouve une fois de plus la richesse et l'intelligence du cinéma gay en provenance d'Amérique latine et d'Amérique du Sud, véritable puits à pépites.