The greek lightning

Autres titres:
Real: Scott Masters
Année: 1973
Origine: USA
Genre: X
Durée: 74mn
Acteurs: Jimmy Hughes, Ted Lee, John Steele, Ace Angel, Rudy Thomas Foley, Dan Bach, Joey Daniels, Steve Nelson, Davy, Gene Drake, James Heliton, Bob Wright, Sean Joxxsox...
Résumé: Johnny Acropolis doit retrouver un garçon qui a sur le corps trois tatouages qui assemblés donneraient à Johnny la solution d'une énigme qu'il doit résoudre. L'enquête se révèle plus dangereuse que prévue puisqu'un ou des assassins le poursuivent et tuent chaque homme qu'il rencontre susceptible de lui donner des informations précises. A leur tête Queen B un cruel malfrat qu'il finira par affronter...
Né dans l'Illinois Scott Masters débuta très jeune dans l'industrie de la pornographie puisque dés la fin de ses études il commença à prendre des clichés d'hommes nus qu'il vendait ensuite avant de créer toute une série de magazines X qui fit les beaux jours de la communauté gay américaine dés 1966. C'est en 1970 que Masters tourne son premier film, un court-métrage destiné aux peep-shows. Il crée sa propre maison de production The Stephens agency qu'il fermera en 1972 juste avant d'être accusé d'obscénités et jugé par la cour suprême. S'il abandonne alors totalement la presse pornographique, Masters va cependant continuer sa carrière de réalisateur et tourne son premier long métrage en 1973 pour la Jaguar, The greek lightning, avec pour vedette l'éphémère porn star Jimmy Hughes.
The greek lightning débute par un amusant générique qui n'est autre qu'une parodie de celui des James Bond revu et corrigé par Masters puisque sa version du plus célèbre agent secret de sa Majesté y apparait aussi nu qu'un ver maniant avec dextérité son pistolet. On est donc en droit d'imaginer qu'on s'apprête à assister à une version porno vintage de James Bond, créative et originale. Ce n'est pas tout à fait le cas disons le de suite. En fait The greek lightning met en scène un jeune détective grec nommé Johnny Acropolis qu'un important avocat du gouvernement, Mr Kincaid, dont on entendra que la voix par téléphone contacte pour qu'il résolve une énigme reliée à un mystérieux tatouage codé gravé en quatre parties sur les fesses, l'avant-bras, la poitrine et le pénis d'un bel adonis, Rex. Johnny doit rassembler les pièces du puzzle pour accéder aux documents secrets qui permettraient de sauver la réputation d'un politique compromis dans une fâcheuse histoire d'amour homosexuelle. Il doit d'abord retrouver le jeune tatoueur puis Rex qui deviendra son amant et coéquipier. Chacun des hommes que Johnny côtoie est tué. Johnny réussit à découvrir qui est à la tête des conspirateurs, un certain Queen B et ses trois assesseurs, Pretty little Mark
son giton roux, Billy et Marty. Pour récupérer le tatouage codé qui lui permettra de détruire l'important politique Queen B kidnappe et torture le pauvre Johnny qui parviendra grâce à la complicité de Marty à tous les éliminer avant de pouvoir vivre une jolie idylle avec Rex son étalon tatoué!
Certes on est dans le cadre d'une énigme, un puzzle. Certes on suit l'enquête mouvementée d'un bel adonis. Certes il y a d'un coté les bons et d'un autre coté les méchants. On pense plus à Mission impossible, aux Drôles de dames pour les ordres par téléphone qu'à James Bond avec qui le film hormis le générique n'a aucun rapport. L'intrigue d'une légèreté pharaonique n'est qu'un prétexte à enchainer les scènes pornographiques dans la plus totale confusion. On n'est pas là pour réfléchir mais pour s'amuser et surtout sentir nos sens s'enflammer lorsque s'activent les sexes généreux de nos investigateurs. Masters signe un indécent délire rocambolesque dont la stupidité n'a d'égale que l'incertitude d'un montage approximatif, pas toujours cohérent, une histoire bourrée d'ellipses qu'on penserait par instant tournée par un amateur. Déconcertant sur le moment mais on s'y habitue d'autant plus que le film n'a bénéficié pratiquement d'aucun budget, obligeant parfois Masters a tourné clandestinement notamment la séquence finale, la poursuite entre Queen B et Johnny
sur les wagons du train. Réalisée dans un parc d'attraction, Masters avouait qu'il n'avait pas eu l'autorisation de filmer à l'intérieur du parc. Un des techniciens s'affaira donc à occuper le gardien à l'entrée afin de détourner son attention pendant que la la scène était tournée... très rapidement. Le stratagème ayant été découvert l'équipe dut fuir le plus vite possible. Est ce pour cela que le final semble être aussi bâclé et stupide? La mort de Queen B restera le moment le plus décevant du film. Alors que le charmant scélérat aux cheveux scintillants pourchasse le détective le wagon sur lequel il court explose sans aucune raison! .
Si l'intrigue n'a que bien peu d'intérêt, si les dialogues sont souvent d'une amusante ineptie, les scènes pornographiques sont quant à elles pas très imaginatives malheureusement. Masters se contente en effet de longues fellations et de simples 69 souvent répétitifs orchestrés sans réel dynamisme notamment durant toute la première partie qu'on pourra trouver ennuyante. La seconde moitié est sexuellement bien plus joyeuse dû en grande partie à l'apparition du génial Queen B et de ses trois acolytes.
Sorte de trublion névrotique aux cheveux pailletés d'argent, vêtu d'un pull lamé rouge et d'un éclatant pantalon papillotes d'aluminium, Queen B, à ne pas confondre avec cette insupportable boursouflure photoshopée gonflée à l'hélium prénommée Beyoncé, donne au film ses lettres de noblesse aussi minuscules soient elles. Hystérique, cruel, le verbe haut, ce dandy interlope filmé dans des décors flashy aurait mérité un traitement plus affiné tant il pouvait se dévoiler intéressant.
Il est flanqué de son giton roux et lieutenant, Little pretty Mark, une sorte de clown habillé d'une salopette à carreaux et de bottines qui se marient parfaitement bien aux tenues glamour de son ampoule électrique de Maitre. Impossible de ne pas voir dans ce truculent duo une note glam rock qui fera certainement songer aux frasques vestimentaires du groupe Slade alors au sommet de leur gloire en Angleterre. A leurs cotés on appréciera Billy, un délicieux faciès de voyou, un bad boy vintage, un monstre de sadisme qui sous l'ordre de Queen B violera Johnny pieds et mains liés. C'est là un des meilleurs moments sexuels de The greek lightning, une longue séquence durant laquelle on retrouve enfin tout le coté crasse du porno gay de cette époque. Fesses bien ouvertes, adroitement préparées par un somptueux hand-fucking, Billy y enfonce son glorieux et puissant phallus à grands coups de reins et de fabuleuses contorsions, y tourne et retourne son membre à l'intérieur comme s'il y battait des oeufs en neige, montait une chantilly ou une mayonnaise avant de céder la place à Marty et son petit short lacé en cuir violet. Séduit par
Johnny, il l'aidera à s'évader après lui avoir donné du plaisir.
L'interprétation est hasardeuse, peu professionnelle, les comédiens pour la plupart anonymes sont aussi rigides que leur vaillant sexe et récitent mécaniquement leurs textes si on excepte Queen B qui cabotine et vocifère à souhait (le séduisant et intrigant Rudy Thomas Foley dont on ne verra malheureusement que trop peu la verte tige contrairement à ses deux complices au corps parfait, le bien nommé et vertueux Ace Angel / Marty et Steve Nelson / Billy, l'ange noir généreusement doté par Dame nature). C'est Jimmy Hughes qui se glisse dans le pantalon ocre de Johnny. Jimmy débuta sa carrière en 1971 dans quelques courts-métrages porno gay avant d'apparaitre dans quelques films pour différentes compagnies de San Francisco et quelques productions de la Jaguar (A ghost of a chance). The greek lightning sera un de ses derniers films puisque l'année suivante il sera jugé et condamné pour viol et kidnapping. Le candide Ted Lee (Little pretty Mark) avait fait son entrée dans l'univers porno en 1970. Il était apparu auparavant dans A dream of body. Ted fut également assistant réalisateur sur The greek lightning. On retrouvera bien des années plus tard Jon Steele (Rex) dans la comédie porno Pink champagne de David Worth.
Agrémenté de quelques gentilles courses-poursuites en voitures qui ne risquent guère de faire crisser les pneus, The greek lightning
est une gentille distraction charnelle, un divertissement d'hier qui savait allier la pornographie à d'autres styles cinématographiques même si ici on reste à l'état d'ébauche. Le film de Masters a le charme des bandes hardcore d'antan, ces pellicules peuplées de cheveux longs, de peaux acnéennes, de corps noueux et de pattes d'éph' qu'on égare vite pour s'ébattre et s'entremêler entre hommes sur fond de bandes griffées aux tons sépias. The greek lightning fait partie de ces innombrables X gay pour beaucoup perdus tournés à l'aube de cette fabuleuse décennie alors que la pornographie homosexuelle était à ses débuts. Il reste un agréable témoignage de cette ère enchanteresse pré-condom où toutes les libertés étaient permises. Pas le plus marquant ni le plus poisseux ou crasse, ce petit film restauré par Bijou séduira sans aucun doute tous les amoureux de sexe vintage et de visuels glam ainsi que tous ceux qui n'ont d'yeux encore aujourd'hui que pour cette génération de jeunes hippies à la beauté intemporelle qui ne portait jamais de slip sous leur jean moule-sexe. Quelle fabuleuse époque!