The sexplorers
Autres titres: Le sexe explose / The girl from starship Venus
Real: Derek Ford
Année: 1975
Origine: Angleterre
Genre: S. F / Erotique
Durée: 82mn
Acteurs: Monika Ringwald, Mark Jones, Andrew Grant, Tony Kenyon, David Rayner, Beatrice Shaw, Michael Cronin, David Carter, Elaine Draillie, Prudence Drage, Anna Dawson, Tanya Ferova, Alan Selwyn, Chris Gannon, Roy Cammel...
Résumé: Une minuscule perle de métal venue de l'espace atterrit dans une flaque d'eau quelque part à Londres. Il s'agit en fait d'un extra-terrestre venu en mission sur Terre. La petite perle prend rapidement la forme d'un être humain, plus exactement celle d'une plantureuse jeune femme blonde. Elle va alors déambuler dans Soho afin d'étudier les moeurs terriennes, plus particulièrement notre sexualité. Un sauna, un sex-shop, un cinéma porno, un studio de photos coquines... il va sans dire que les lieux que visite notre alien vont beaucoup lui en apprendre sur nos coutumes et nos pratiques sexuelles. Elle rencontre un jeune anglais qui va l'héberger pour une nuit. Avec lui elle va expérimenter le sexe. Ce qu'elle va alors découvrir va lui faire prendre une décision inattendue...
Il fut un temps où le cinéma érotique y compris la pornographie savait parfaitement se mêler à d'autres genres cinématographiques notamment la science-fiction pour donner naissance à de fort sympathiques petites curiosités qui n'avaient rien à envier à un cinéma plus traditionaliste. C'était le temps béni des années 70 où tout semblait possible. The sexplorers tardivement sorti sur nos écrans sous le titre Le sexe explose en est un bien bel exemple.
Une minuscule bille d'acier venue de l'espace atterrit une nuit dans une flaque d'eau à Londres. Il s'agit en fait d'un vaisseau spatial dans lequel voyage un extra-terrestre venu étudier les terriens et plus spécifiquement leur sexualité. La petite perle prend très vite l'aspect d'une somptueuse jeune femme blonde qui erre nue dans Soho. En contact télépathique permanent avec sa planète, elle entre dans un sauna féminin, y découvre le corps des femmes et accessoirement la gymnastique. Puis elle entre dans un sex-shop, s'invite à un mariage, se retrouve dans un studio de photos de charme puis un cinéma porno. Un jeune homme, Allan, lui propose alors de l'héberger pour une nuit. Forte des découvertes qu'elle a fait sur le comportement humain et la libido elle décide elle aussi de tenter de faire l'amour même si elle n'est pas programmée pour cela. Ses congénères le lui déconseillent car elle pourrait compromettre sa mission et ne plus pouvoir revenir mais surtout de devenir une vraie humaine. N'écoutant que son désir et surtout ce coeur tout neuf qu'elle se découvre, elle fait l'amour à Allan.
The sexplorers est une bien jolie surprise. Réalisé par Derek Ford qui nous avait offert un très plaisant et original Diversions, un des films pornographiques anglais les plus osés de cette période, The sexplorers est tout aussi original si ce n'est plus. Plus qu'un film érotique c'est avant un conte philosophique humoristique sur la condition humaine qui tente avec succès de réunir dans une même salle les inconditionnels du X et ceux plus sages d'un cinéma grand public. Et quand la pornographie débarque, c'est bien connu, le sexe explose! Et il n'y a pas que lui qui explose puisque le spectateur explosera quant à lui de rire face à certaines des mésaventures terrestres de notre belle alien qui découvre, perplexe, les moeurs humaines qu'elle tente non seulement de comprendre grâce aux explications télépathiques que lui déclament les scientifiques de son monde mais aussi de reproduire.
Et c'est bel et bien là que tout le talent de Ford se déploie. Lorsqu'elle pénètre dans un cinéma porno, son voisin, un homme très timide, tente une approche. Ayant reçu l'ordre d'établir la liaison, elle imite ce qu'elle voit à l'écran et lui fait une longue fellation. Pensant qu'il s'agit d'échanges d'énergie, elle demande alors une séance de remplissage! Comment ne pas sourire lorsque notre charmante alien observe, ébahie, un homme uriner dans des toilettes publiques ou face à ses réflexions hautement percutantes quand elle voit des humains qu'elle appelle des Doms boire ou manger, plus spécialement du poulet, se demandant comment un volatile peut entrer à l'intérieur du corps. Comment ne pas être pris de fou rire lorsque après s'être invitée à un mariage, elle suggère aux époux de la convier à leur nuit de noces
pour mieux se retrouver au bras d'un des convives qui souhaite lui voler sa virginité sur un lit de ballons. Devant sa non réactivité, il pense qu'elle est frigide mais lorsqu'il la pénètre, un choc électrique l'éjecte à plusieurs mètres d'elle. Hébété par les décharges que son vagin lui envoie, il détale en hurlant. Lors d'un strip-tease dans un club spécialisé, un homme lui offre un verre d'alcool pour mieux pouvoir l'aborder mais la boisson a sur elle des effets inattendus, elle se transforme en... négresse verte, très étonnée de l'attitude des humains, excités mais totalement passifs devant un spectacle d'effeuillage ou un magazine pour adultes vendu en sex-shop. Peut être préfèrent ils voir que d'agir en déduit elle alors que d'autres agissent mais à contre-coeur, un jeune modèle masculin simulant l'orgasme avec sa partenaire qui une fois partie déclare au photographe gay qu'il attend discrètement le jour où il lui fera l'amour.
Jamais idiot mais toujours perspicace, le film à travers les réflexions de notre exploratrice du sexe ou celles des êtres de sa planète donne une vision plutôt cynique mais toujours juste du comportement humain. Sans fioriture aucune, sans grands effets spéciaux, Derek Ford délivre une petite oeuvre hautement sympathique, drôle, ludique et joliment érotique mais jamais pornographique. En effet, le metteur en scène a préféré la suggestion, jamais il ne franchit la barre du hardcore, il reste cependant extrêmement salace et surtout démonstratif. Il en va de même pour la nudité, jamais vulgaire. Il déshabille ses actrices avec intelligence, jamais inutilement mais reste malheureusement trop pudique quant aux nus masculins surtout frontaux.
The sexplorers fait définitivement partie de ces petits films d'exploitation aujourd'hui totalement oubliés qui fleurent bon les années 70, ces étonnantes surprises qui ravissent toujours les amateurs de cinéma confectionné avec les moyens du bord mais desquelles émanent une éminente sympathie. On ne pourra que saluer l'inventivité dont fait preuve Ford avec sa minuscule bille d'acier spatiale, apprécier son sens de l'humour et de l'érotisme osé, ses quelques effets grossiers mais si délectables, quelques plans à la limite du fantastique (la salle aux ballons multicolores) et une distribution remarquable, en tête la bonde Monika Ringwald, jeune modèle allemande qui se fit remarquer dans bon nombre de petits films
d'exploitation dans le corps de notre exploratrice sexuelle. A ses cotés on reconnaitra le toujours aussi roux et très anglais Andrew Grant qu'on vit aux cotés de l'inquiétant Justin Lanchbury dans Déviation sexuelle et L'enfer de l'érotisme de José Ramon Larraz pour qui il tourna également Emma puertas oscuras . Les plus pervers reconnaitront peut être Tanya Ferova, la danseuse strip-teaseuse, qu'on reverra brièvement trois ans plus tard de nouveau dans la peau d'une strip-teaseuse sadomasochiste en string cuir maniant le fouet avec dextérité dans le club lesbien de La terreur des morts vivants de Norman J. Warren.
Rythmé par une partition musicale enjouée et une chanson-thème aux tonalités très country rock (Interstellar traveller of love) qui nous obsédera encore longtemps The sexplorers est une réelle curiosité Bis qui allie avec bonheur sexe et science fiction, un vrai régal issu d'une époque aujourd'hui bien révolue qui nous montre que l'Angleterre n'avait rien à envier ni à l'Italie ni aux américains.