No night is too long
Autres titres:
Real: Tom Shankland
Année: 2006
Origine: UK / Canada
Genre: Thriller / Drame
Durée: 116mn
Acteurs:Lee Williams, Marc Warren, Mikela Jay, Rob Bruner, Salvatore Antonio,Beverly Brauer, Dennis Corbett, Philipp Granger, Emily Holmes, Mark Hlidreth, Liam MacGuigan, John Ralston, Kristina Jastrzembska,Jessica Lemry...
Résumé: Tim est un jeune étudiant bisexuel conscient de sa beauté physique dont il se sert pour séduire tant les hommes que les femmes sans jamais réellement s'attacher. Alors qu'il sort avec une jeune fille, il tombe une nuit sous le charme de Ivo, un maitre de conférence en paléontologie plus âgé que lui. Ivo, exclusif et violent, le veut pour lui seul. Il demande à Tim de venir avec lui en Alaska. Lorsque Ivo s'absente dix jours, Tim fait la connaissance de Isabel, une jeune femme en plein désarroi, dont il tombe amoureux. Au retour de Ivo il lui annonce qu'il le quitte. Fou de rage, Ivo tente de le tuer. Les choses s'enveniment entre eux et Tim le laisse pour mort lors d'une escale sur une île. Il part pour Vancouver retrouver Isabel mais il réalise qu'il a oublié son adresse dans la veste de Ivo. Seul, désespéré, rongé par le remord, il s'amourache d'un jeune drogué. Il ignore encore que Ivo n'est pas mort. Tout se précipite alors pour Tim qui va connaitre une véritable descente aux enfers en entrainant avec lui tout ceux qui l'aime ou a aimé...
Tiré du roman éponyme de Ruth Rendell, No night is too long est une dramatique plongée dans les affres d'une romance d'amour aussi sombre que passionnée entre trois personnages que l'amour détruira. L'intrigue prend comme principal protagoniste un jeune étudiant brillant physiquement très attrayant, Tim, une version moderne du mythe de Dorian Gray, qui aime plaire tant aux hommes qu'aux femmes. S'il sort avec une jolie universitaire, il tombe une nuit sous le charme de Ivo, un jeune maitre de conférence en paléontologie, qu'il séduit sans se douter qu'il est un être aussi jaloux qu'exclusif, une possessivité qui peut
facilement se transformer en violence physique. Lors d'un voyage en Alaska, leur relation se dégrade. En l'absence de Ivo Tim tombe amoureux d'une inconnue, étrange femme rongée par le chagrin, Isabel, qu'il promet de rejoindre à Vancouver dés qu'il le pourra. Au retour de Ivo, Tim lui annonce qu'il rompt. Dans un accès de rage, Ivo tente de le tuer avant de lui promettre qu'il fera tout pour détruire sa nouvelle relation. Tout se précipite pour Tim. Lors d'une escale sur une île, il laisse Ivo pour mort après qu'ils se soient violemment battus. Il dissimule sa mort, part rejoindre Isabel au Canada mais découvre qu'il a oublié son adresse dans la veste d'Ivo. Seul, désespéré, Tim se laisse entrainer dans une relation dangereuse avec un jeune drogué prostitué, Thierry. C'était sans compter le retour inattendu de Ivo qui n'est autre que le propre frère d'Isabel. Après avoir détruit le mariage de sa soeur, il part rejoindre Tim, désormais seul et rongé par la culpabilité, juste avant de se faire assassiner par une étrange silhouette. Accusé du meurtre, Tim fait appel à son premier amour d'adolescent aujourd'hui avocat. Passé, présent et futur se mélangent alors lors d'un dramatique final qui ne laissera place à aucune rédemption.
Ce résumé n'est qu'un aperçu de la complexité du scénario à l'image même de ses protagonistes. Et c'est justement cette complexité si maladroite soit elle par moment qui donne sa force à ce récit difficile qui va de rebondissements en rebondissements. Complexe, Tim, le personnage pivot l'est sur bien des points. Il est certes un jeune étudiant séduisant et brillant conscient de sa beauté dont il use et abuse tant vers les hommes que les femmes. Dorian Gray contemporain, égoïste, il joue de cette séduction pour aller d'aventures en aventures sans pour autant jamais réellement aimer. Sa sexualité est pourtant plus trouble qu'elle n'y parait, son homosexualité peut être plus puissante qu'il ne le pense. Alors qu'il n'était qu'un jeune adolescent, il a vécu une relation très forte avec un camarade plus âgé, James. Après s'être échangé une écharpe, ils s'étaient promis de s'aimer pour la vie mais Tim est parti et James s'est marié. Cette écharpe, Tim, aujourd'hui encore aime toujours en sentir le parfum tout en se masturbant. Le souvenir de cet amour lui revient à l'esprit à travers sa relation avec Ivo, lui aussi plus âgé.
Ivo est un être exclusif, violent, impulsif qui ne partage pas. Il n'accepte pas que cet amour, ses sentiments ne soient pas réciproques, de n'être qu'une conquête. Tim peut il simplement aimer, perdu dans une sexualité qu'il ne maitrise pas vraiment? Cette incertitude trouvera un écho dramatique lors du dénouement. Seul, ayant tout perdu, le jeune homme refusera d'ouvrir sa porte à Isabel, la seule personne qui l'ait jamais aimé, revenue vers lui. Suicide intérieur, révélation destructrice d'une homosexualité qui finalement aurait pris le dessus ou accablante constatation d'un être incapable d'aimer qui détruit tout ceux qu'il rencontre? Les interprétations restent multiples et finalement se croisent et s'entrecroisent.
Isabel est quant à elle une femme ravagée par l'agonie de sa meilleure amie et un mariage qui bat de l'aile. En tombant amoureuse de Tim elle savait qu'elle rentrait dans le dangereux jeu des sentiments tout en sachant qu'elle volait l'amant de son frère qui ne lui avait jamais parlé d'elle. Coupable d'une double trahison, elle sera la mèche qui met le feu aux poudres, l'investigatrice plus ou moins consciente d'un drame d'où personne ne sortira indemne. Pris au piège d'une relation amoureuse à trois, tout se précipite alors pour Tim lors de la seconde partie.
Riche, trop riche même, en rebondissements de toutes sortes, il est parfois difficile de totalement adhérer à cette deuxième partie tant on peine à y croire. Tout semble si énorme et improbables qu'on pense être devant l'épisode d'un quelconque soap même si Shankland garde toujours une certaine cohérence dans son récit. Celui ci en pâtit néanmoins et en perd de sa force. Malgré cette surcharge, No night is too long se laisse visionner sans mal jusqu'à sa tragique conclusion. C'est la noirceur de cette histoire qui au bout du compte finit par retenir l'attention. Si No night is too long est une histoire d'amour et de trahison passionnelle, brulante, le film est quant à lui d'une extrême froideur. L'amour tourne rapidement à la haine, une haine meurtrière, le feu de la passion se transforme en glace à l'image des superbes paysages de l'Alaska. Tout est sombre, gris, d'un bout à l'autre du métrage. Il pleut des cordes, il neige, tout n'est que glace, la mer est déchainée le long des rivages solitaires, la nuit tombe sur le pôle comme elle enveloppe de son noir manteau les différents protagonistes. Le film de Shankland est une descente aux enfers pour chacun d'eux et tous en ressortiront détruits si la mort ne les a pas emporté.
No night is too long doit également beaucoup à ses trois principaux interprètes, le divin Lee Williams en tête dans le rôle de Tim. Découvert dans l'excellente fable homosexuelle Les loups de Kromer, Lee, ex-mannequin pour notamment Calvin Kleine, irradie littéralement l'écran de son androgyne beauté. Lumineux, gracile, ensorcelant, Lee que la caméra de Shankland met sans cesse en valeur nous gratifie de surcroit de quelques scènes de sexe homosexuelles assez brulantes même si No night is too long demeure tout de même assez sage au niveau homo-érotisme ce que beaucoup regretterons même si la séquence où le cinéaste le filme uniquement vêtu d'un mini slip blanc avec plan insistant sur son entre jambe devrait en faire fantasmer plus d'un. Physiquement proche de Rutger Hauer, le regard dur et les traits sévères du blond Marc Warren qui endosse la peau de Ivo contraste avec la tendresse et la fragilité de Lee tandis que l'ingrate Mikela Jay est une Isabel perdue au milieu d'une histoire folle qui lui glisse inexorablement des mains.
Si No night is too long aurait gagné en force et surtout en crédibilité libéré de quelques uns de ses rebondissements à tiroirs, le film de Shankland est cependant un intéressant thriller gay, sombre et pessimiste, rondement mené, qui se laisse visionner sans peine en entrainant le spectateur dans le tourbillon et la confusion des sentiments, un déchainement destructeur de passion et de trahison qui n'épargnera personne.
Signalons qu'il existe deux versions du film, la version originale de quasiment deux heures et une copie destinée à la télévision amputée d'une bonne vingtaine de minutes expurgée notamment des scènes de sexe.