Maniaco Deprebis

Pionnier de la pornographie italienne aux cotés de Joe D'Amato et Andrea Bianchi entre autres, Mario Bianchi s'est également intéressé à beaucoup d'autres genres tout au long de sa carrière dont l'érotisme. Si ses sexy comédies n'auront guère marqué les esprits ce n'est pas L'infermiera di campagna connu sous de multiples autres titres dont Emanuelle in the country qui viendra changer la donne.

Hybride entre Don Camillo et Peppone et Romeo et Juliette, L'infermiera di campagna narre les aventures d'une jeune et séduisante docteur qui vient s'installer dans un village de campagne. Dés son arrivée elle va créer le trouble parmi les habitants qui n'ont d'yeux que pour elle mais c'est du fils du maire qu'elle tombe amoureuse au grand dam de sa fiancée... et de son père! Ce qui au départ aurait pu être une comédie salace et virulente s'avère malheureusement en l'espace de quelques minutes un désolant ratage. Si des éternelles batailles idéologiques entre Don Camillo et Peppone, ici le démocrate-chrétien interprété par Aldo Ralli et le communiste joué par Aldo Sambrell et de la belle l'histoire d'amour entre Roméo et Juliette, le fils du maire et sa dulcinée, Bianchi y puise son inspiration, il en balaie toute la profondeur et ainsi le sens pour ne garder que le coté érotique du film. Ainsi l'intrigue n'est qu'un prétexte pour que les actrices se déshabillent le plus possible et s'adonnent à tout va aux plaisirs charnels sous l'oeil espion de vieux vicieux. Inutile de dire qu'on se lasse très vite de ses ébats bien peu excitants et répétitifs qui ne dépassent jamais les limites du softcore.
Lourde, pesante, jamais vraiment drôle, usant de tous les poncifs les plus éculés du genre,
Emanuelle in the country porte bien son titre. Voilà un film campagnard dans le sens peu reluisant du terme, une farce paysanne misérable qui recycle au plus mal tous les éléments du film érotico-campagnard. Le plus regrettable reste peut être la présence de Laura Gemser qui reprend cette fois le rôle qui jadis revenait à Edwige Fenech ou Gloria Guida, celle de l'infirmière qui fit le bonheur des amateurs de toute une série de films populaires. Semblant quelque peu perdue, Laura se contente de se déshabiller et de se doucher tout au long du film, stoïque, avant d'entamer une romance avec le fils du maire. Loin de l'objectif de D'Amato, de son savoir-faire, de cette merveilleuse et inégalable manière qu'il avait de la mettre en valeur, Laura est d'une fadeur extrême, l'ombre de notre superbe Black Emanuelle. Au pire de sa forme, Bianchi se contente de la filmer de façon terne, sans aucun art. Sa présence ne parvient même plus à sauver le film de l'ennui.

On s'amusera peut être à repérer tout au long du film les villageois et les badauds qui passent en arrière-plan, ne sachant jamais s'ils doivent rire ou non face aux facéties des comédiens que Bianchi est entrain de filmer. Voilà qui donne un coté amateur à l'ensemble mais ne relève guère son niveau bien au contraire. Mais peut être le spectateur se reconnaitra en eux lorsqu'il se demande s'il doit rire ou pleurer devant cette comédie péquenaude balourde ratée... à moins qu'il ne se soit depuis longtemps assoupi.
Tourné quelque part non loin du lac de Bolsano, L'infermiera di campagna n'est guère sauvé par son interprétation. Outre Laura Gemser, on reconnaitra la pauvre Femi Benussi totalement sous employée dans la peau d'une bonne à tout faire dont Bianchi aime filmer la

culotte, l'espagnole Lorna Green à ses tout débuts et cela va de soi l'incontournable Gabriele Tinti. On saluera juste la jolie prestation des vétérans Aldo Sambrell et Aldo Ralli dans les rôles respectifs du démocrate Rossi et du communiste Bianchi. On remarquera la présence du futur pionnier du hardcore transalpin Manlio Cersosimo qui ne se faisait pas encore appeler Mark Shanon, tout barbu, dans la peau du pharmacien à qui on doit la scène la plus chaude du film aux limites du hardcore aux cotés de Lorna Green. Est ce étonnant... On retiendra également les interminables ébats amoureux de Laura dans les bras du jeune Roberto Gallozzi, eux aussi très chauds, qui clôturent le film.