Io Cristiana studentessa degli scandali
Autres titres: La provocation sexuelle / Cristiana adolescente pervertida / Scandals story
/ School of erotic enjoyment
Real: Sergio Bergonzelli
Année: 1970
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 83mn
Acteurs: Malisa Longo, Glenn Saxson, Rossano, Antonella Murgia, Gianni Pulone, Barbara Betti, Gregorio Gandolfo, Patricia Reedson...
Résumé: En ce début d'années 70, la jeunesse manifeste, un vent de contestation s'est emparé de notre société. Les jeunes veulent une école libre mais aussi une sexualité sans tabou ni interdit. Un peu partout on prône la liberté sexuelle. Cristiana, une jeune étudiante de 17 ans, est la plus résolue mais aussi la plus désirable d'un de ces nombreux mouvements contestataires. En accord avec ses camarades elle décide de faire semblant de tomber amoureuse d'un professeur. Si au départ elle joue avec lui ses sentiments la rattrapent et elle s'amourache de lui, encouragée par l'épouse de l'homme, une femme aux moeurs libres qui voit là un moyen de vivre une relation triolique. Malheureusement les camarades de Cristiana voient très mal cette relation. De plus en plus odieux avec elle, après l'avoir humilié, fait chanter, Cristiana est victime d'un viol collectif. C'est là le début d'une véritable tragédie...
Réalisé en pleine période contestataire et de liberté sexuelle, Io cristiana studentessa degli scandali sorti en son temps chez nous sous le titre La provocation sexuelle est un bien étrange film où il est par instant difficile de savoir dans quelle direction Sergio Bergonzelli a voulu orienter l'histoire.
Après une ouverture qui n'est rien d'autre qu'une leçon de choses agrémentée de quelques belles images d'animaux en rut et de statues grecques au phallus gourmand, Io cristiana studentessa degli scandali débute comme une sorte de film-réalité sur la contestation estudiantine à la fin des années 60, une sorte de film documentaire sur cette révolution des moeurs et la liberté sexuelle qui s'empara alors de notre société. De manifestations en troubles publiques, la jeunesse descend dans la rue, pancartes en mains, proclame une école libre et une sexualité tout aussi libre dénuée de tout tabou au grand dam des professeurs impuissants. En tête du mouvement la jeune et sensuelle Cristiana, 17 ans, la plus résolue, tente alors de séduire un de ses professeurs. Ce qui au départ n'est qu'une blague de potache va lentement tourner au drame puisque Cristiana s'amourache réellement du professeur. Du cinéma-vérité au film d'étudiants tendance comédie softcore Io Cristiana... dérive alors dans sa dernière partie à la tragédie puisque cette relation interdite ne va pas plaire du tout à ses camarades qui vont se venger de la jeune fille en devenant de plus en plus odieux jusqu'au drame final.
Difficile donc de classer ce film qui part tout azimut en se voulant profondément sérieux alors que le plus souvent Bergonzelli ne parvient guère à élever le niveau de l'histoire plus haut qu'une simple comédie légère. Les choses vont mal, la révolte gronde, la jeunesse manifeste, la sexualité et les moeurs se libèrent pourtant à aucun moment on ne sent la gravité, la profondeur de cette révolution, de cette étude sociale que Bergonzelli tente d'en faire. Io Cristiana... accumule les clichés, les incohérences dans un scénario au départ déjà fort improbable et souvent puéril jusqu'au grotesque par instant comme le long épisode de la roulette russe.
Pourtant Io cristiana studentessa degli scandali partait d'une bonne intention, le traitement quant à lui n'a pas suivi. Reste du film une vision aujourd'hui bien datée de cette ère contestataire mais toujours plaisante, l'aspect psychédélique de certaines scènes et la toute dernière partie, en fait les dix dernières minutes, certainement les plus intéressantes et surtout les plus dérangeantes. Si l'amour libre est dans l'air du temps, si on peut multiplier les partenaires à l'infini, il est cependant interdit qu'une mineure ait une relation avec un adulte. La relation amoureuse entre Cristiana et le professeur encouragée par son épouse délurée qui souhaite participer à leurs ébats est donc condamnable et par conséquent punissable. Photos du couple nu, chantage, les coups bas se multiplient et aboutiront au viol collectif de Cristiana puis son suicide sur la jetée.
Tout va vite, trop vite ce qui est dommage puisque c'était là les meilleurs moments d'un film maladroit et bancal. Ce changement de ton pourra surprendre mais malgré son intensité dramatique, ce final tombe quelque peu à l'eau ainsi présenté. Voilà qui est d'autant plus regrettable.
Bergonzelli semble s'être attaché à toute cette vague de contestation et de liberté sexuelle pour n'en garder finalement que le coté le plus tape-à-l'oeil. Oubliée toute forme de réflexion, épuré de tout message, Io Cristiana... est un par produit d'exploitation softcore quelque peu hypocrite puisque là encore, on ne dépasse jamais aucune limite. Quelques seins nus, quelques petites culottes et de très brefs plans de fessiers devront satisfaire le spectateur qui de cette Provocation sexuelle pouvait s'attendre à mieux. Ce coté fort inoffensif n'empêcha pas jadis le film de faire frissonner la censure dont les foudres s'abattirent sur lui.
On soulignera surtout la présence d'une toute jeune Malisa Longo dont c'était le premier véritable rôle à l'écran après quelques petites apparitions dans une poignée de films. Promue sexy starlette, s'ouvrait ainsi pour elle une jolie carrière cinématographique dans le domaine essentiellement érotique dans laquelle on retiendra plus ses charmes que ses talents d'actrice.
A ses cotés, Glenn Saxson qui restera à jamais l'incarnation de Kriminal interprète le professeur et le jeune chanteur Rossano qui était alors une des stars de la chanson italienne se glisse quant à lui dans la peau de Massimo, l'amant de Cristiana. Rossano fut retrouvé pendu six ans plus tard dans sa chambre d'hôtel lors d'un séjour à New York. Meurtre ou suicide, sa mort précoce ne fut jamais élucidée.
Le film qui bénéficie d'une agréable partition musicale signée Carlo Savina fera beaucoup sourire aujourd'hui mais ce parfum de contestation, ces essences aux senteurs patchouli, ce brin de liberté, quelques jeunes acteurs et actrices aux charmes typiquement "seventies" et la brutalité du final font du film un spectacle divertissant pour l'amateur du genre. Ni plus ni moins.