Nathalie l'amour s'éveille
Autres titres: Le piccanti confessioni
Real: Pierre Chevalier
Année: 1968
Origine: France
Genre: Drame
Durée: 80mn
Acteurs: Annie Talbot, Dominique Prado, Jean Roche, Jim Sparrow, Simone Bertier, Alice Arno, Monique Carraz, Geneviève Baillot, Chantal Broquet, Marie-France Broquet, Joel Monteillet, Olivier Descamps, Claude Viccario, Daniel Bellus, André Chanu...
Résumé: Elsa et ses amis fêtent leur bac à la campagne. Tombés en panne de voiture, ils doivent rentrer en train sauf Elsa qui fait du stop. Elle fait ainsi la connaissance du beau Jacques qui lui vole sa virginité et l'entraine dans une fête hippie. Ignorante des choses de la vie Elsa se retrouve enceinte...
Elsa et son amie viennent de passer leur bac. Elles sont admises tout comme le reste de la bande de jeunes auxquelles elles appartiennent. Ils décident donc de fêter cela ensemble lors d'un week-end à la campagne qu'ils passeront dans une ferme. Joyeux, insouciants et il n'est pas question de sexe bien évidemment. En ces temps reculés les bacheliers étaient tous des anges. Le retour est par contre plus difficile puisqu'ils tombent en panne. Ils doivent prendre le train. Seule Elsa rentre à Paris en stop. C'est Louis, un minet au regard enjôleur tout en costume cravate, qui la prend à son bord. Séduite par sa gentillesse elle se laisse aller et accepte de passer la nuit à l'hôtel. Elsa perd sa virginité. Le lendemain Louis l'emmène dans une fête hippie où Elsa va connaitre l'usage de l'alcool et de la drogue mais aussi constater que son beau Louis qu'elle pensait si amoureux, si sage vole de jupes en jupes. Un malheur n'arrivant jamais seul, une fois rentrée elle découvre avec horreur et stupéfaction qu'elle est enceinte. Elsa est déshonorée, sa vie est gâchée. Elsa pleure et reproche à ses parents de ne pas lui avoir ni parlé de sexualité ni de l'avoir mise en garde contre les accidents de parcours! Fort heureusement Elsa va rencontrer Bernard qui l'acceptera elle et son bébé. Elsa est sauvée! La vie est belle même en 1968!
Disons le de suite le titre est doublement mensonger. Premièrement l'héroïne ne s'appelle pas Nathalie mais Elsa, Nathalie est en fait sa soeur cadette libérée. Deuxièmement il n'y a rien qui s'éveille dans le film surtout pas l'amour encore moins le sexe. Nathalie l'amour s'éveille est une incroyable idiotie d'une autre époque, un autre âge, une autre ère filmée en noir et blanc tournée en 68 mais si incroyablement vieillotte qu'elle parait avoir été réalisée dans les années 50. Dés les premières scènes pn se croirait immergé au coeur d'une aventure puérile de Martine, l'héroïne de notre enfance. Martine Passe le bac, Martine en week-end, Martine à la ferme, Martine fait du stop... Martine découvre l'amour! Point de grimaces, la manière dont Chevalier narre ce passage de la vie de l'innocente Elsa est si niais, si gentil, si inexistant surtout que le film ferait le bonheur de toute une armada de saintes religieuses.
Une 2cv, un groupe de grands dadets et de jeunes étourdies, une ferme, une rivière, un peu de paille pour jouer à cache à cache et un bout de prairie pour courir l'un derrière l'autre en riant, une épicerie pour acheter une baguette, des accélérés façon Benny Hill. Voilà la jeunesse bachelière de Chevalier dans l'Hexagone pré-mai 68 alors que le vent de la libération des moeurs souffle en rafales sur une société qui explose. L'ouragan a du oublier de souffler sur la France de Chevalier peut être resté coincé dans une spirale du temps passé. C'est surtout le spectateur qui ici explose face à tant de naïveté, de puérilité mais aussi d'ânerie.
Après une introduction aussi orgiaque il fallait bien honorer le titre. Martine... pardon Elsa... fait donc du stop et se fait prendre par le beau Jacques. Comprenez qu'elle monte à bord de la décapotable du jeune homme de bonne famille dont elle se méfie encore un peu mais qui le soir la prendra cette fois pour de bon et lui fera perdre sa virginité. C'est le moment qu'on attendait tous mais qu'on a attendu pour rien puisque Chevalier a recours a une belle ellipse après une danse dans une boite hyper branchée où on s'endort au son d'une musique jazzy lounge incroyablement soporifère. Les deux tourtereaux se réveillent côte à côte à côte, en pyjama à rayures, car en ces temps là on dort et on fait l'amour en pyjama, une toute petite allusion et le sourire émerveillé d'Elsa nous feront comprendre qu'elle lui a offert son innocence. La scène est une véritable tartine de miel, une guimauve indigeste saupoudrée de petits bisous sur la joue qui prend fin lorsqu'un ami de Jacques les invite à une fête hippie (dixit les personnages eux mêmes). On jubile, on trépigne. Nous allons voir notre joli couple et surtout Elsa plongé au coeur d'une soirée peuplée de cheveux longs, de chemises à fleurs et de sandales, se trémoussant sur des airs psychédéliques ou affalés sur des sofas perdus dans des nuages de fumée pourpre, de la Marie-Jeanne entre les doigts, quelques acides à portée de main. Chevalier a malheureusement une autre vision de l'univers hippie réduit ici à deux figurants en lunettes noires et col roulé, un collier de fleurs tahitien autour du cou, un verre de whisky à la main, une cigarette dans l'autre, embrassant du bout des lèvres une jeune délurée sagement assise entre eux deux. Le séduisant Louis toujours en costume danse langoureusement un slow avec une invitée joliment choucroutée tout en lui dégrafant pudiquement son chemisier sous l'oeil agacé d'Elsa qu'un des deux voyous tente de faire boire afin de lui faire oublier sa déconvenue. Elsa a la preuve flagrante que son Jacques est un mufle. Un peu d'alcool, un sucre imbibé de LSD sur fond de musique lounge que devait déjà écouter Noé sur son arche, un regard vide, une ellipse. Elsa a effacé sa peine presque aussi énorme que celle du spectateur qui se sent trahi par Chevalier qui se moque de lui et en plus ne montre rien.
Du monde hippie projeté par Nathalie l'amour s'éveille on retiendra surtout cette réplique astronomique du frère d'Elsa: "Une fête hippie? j'en ai vu une. Un très mauvais souvenir. Je préfère ne pas en parler."Au moins personne ne se mouille surtout pas le dialoguiste.
Arrive la partie dramatique lorsque Elsa découvre sa grossesse. Il lui aura fallu une seule nuit mais on pardonne à notre belle gourde puisque ses parents ne lui ont jamais parler de sexualité ni même de choses de femme. A 18 ans Elsa devait encore croire que les bébés naissaient dans les choux. Difficile de croire à cela, un effort d'imagination est donc obligatoire à ce stade du film. Elsa est déprimée, ses parents crient haut et fort qu'une fille enceinte est immoral loin de se douter que la leur a fauté. Elsa est donc très en colère que ses parents ne lui aient jamais parlé de choses vitales dixit la jeune fautive. Et soudain on verse dans le tragédie toujours en ellipses. Elsa tente de se suicider, son père la renie mais épouse, fille et fils sont contre lui et quitteront le domicile si Elsa est chassée. Une petite visite chez le gynécologue pour savoir si le garçon était sain car les maladies vénériennes existent nous dit-on, un point important. Imaginons qu'en plus Jacques soit porteur d'une MST. Catastrophe! Avec les hippies tout est possible! Et c'est à un cours d'éducation sexuelle auquel on a ensuite droit croquis et dessins animés à l'appui, tout savoir sur l'accouplement, la fécondation, la contraception et l'accouchement (on assistera d'ailleurs à la naissance d'un bébé avec moult détails gynécologiques qui ont du à l'époque faire bondir un public pudibond). C'est bien là le seul point commun avec le film de Szulzinger. Et peut être la seule partie un peu sérieuse de cette pellicule, celle où la partie informative donne un coté instructif, scolaire à l'ensemble avec une réflexion certes totalement désuète aujourd'hui mais à défaut d'être intelligente au moins utile.
Ce premier film sur l'éducation sexuelle en France comme l'annonce l'affiche narré par une voix off franchement comique, accompagné d'une musique digne d'un film muet des années 30, agrémenté de dialogues hilarants, interprété par une troupe d'acteurs anonymes à l'exception d'Alice Arno est une imbécilité pseudo informative, pseudo éducative dont seules les vingt dernières minutes ont un intérêt assez quelconque en plus des quelques images du Paris de la fin des années 60. Si certains n'avaient toujours pas trouvé le mode d'emploi pour faire un bébé, ils se coucheront au moins heureux et plus instruits sur les choses de la vie et leurs lot de soucis.
Cette production Eurociné frustrante puisque exempte de tout plan coquin si ce n'est un micro bout de sein et une petite culotte d'antan confirme qu'elle a toujours fait rimer ses films avec médiocrité, hilarité et nullité. Chacun choisira l'adjectif qui lui convient.