Tanya's island
Autres titres: La bête d'amour
Real: Alfred Sole
Année: 1980
Origine: Canada
Genre: Drame / Erotique
Durée: 82mn
Acteurs: Vanity, Richard Sargent, Don McLoud, Mariette Levesque, Donny Burns...
Résumé: Tanya, une jeune actrice, vit une relation difficile avec son amant, Lobo, un peintre tyrannique, jaloux et possessif. Alors qu'elle s'apprête à tourner dans un remake de King Kong, elle s'endort et rêve qu'elle est désormais seule avec Lobo sur une île déserte. Malgré la beauté des paysages, Lobo est toujours aussi cynique. Lasse, Tanya s'en va. Elle rencontre dans une caverne un grand singe dont elle tombe sous le charme. Elle le surnomme Blue et entre eux nait une étrange relation. Jaloux, Lobo va tenter de récupérer Tanya et capturer le singe. Lobo devient de plus en plus violent et lentement perd la raison. L'homme et l'animal vont se livrer à un combat acharné. Ayant découvert la violence et la cruauté, Blue tente alors de violer la jeune fille...
Aprés l'excellent et prometteur Communion en 1976, Alfred Sole risque d'en décevoir plus d'un avec son film suivant réalisé quatre plus tard, Tanya's island, malicieusement intitulé en français La bête d'amour.
Si à première vue le scénario semble fort alléchant puisqu'il mélange ouvertement surréalisme et zoophilie, le résultat à l'écran est à mille lieues de ses sulfureuses promesses.
Tanya est une jeune actrice qui souffre d'une relation conflictuelle avec son amant, Lobo, un peintre, particulièrement possessif, jaloux et tyrannique. Lasse de cette relation qui la détruit, Tanya s'endort et s'imagine sur une île déserte seule avec son amant qui malgré le paysage idyllique n'a de cesse de la tourmenter. Tanya découvre alors un quadrumane dont la gentillesse la séduit immédiatement. Une étrange relation nait entre la femme et le singe provoquant la rage de Lobo qui lentement sombre dans une folie quasi meurtrière.
Ce n'est pas la première fois que le cinéma met en images les relations houleuses d'un couple mais il est beaucoup plus rare que ce type de conflit débouche ensuite sur la zoophilie tout en mettant en exergue la désormais célèbre métaphore entre l'homme, brutal et stupide, et l'animal, attentionné et intelligent.
Malheureusement, Sole rate prodigieusement son objectif et Tanya's island n'est en rien une reflexion sur le sujet. Ce n'est au final qu'un simple prétexte pour exploiter un thème tout particulièrement sulfureux qui trés vite vire à la farce stupide et grotesque. Malgré ses prétentions, Tanya's island se transforme bien involontairement dés les premières minutes en une série Z hilarante, souvent insupportable par sa bêtise et l'indigence de sa mise en scène.
Trés mal développé, le sujet s'avère rapidement dénué de toute profondeur lorsqu'il n'est pas tout simplement brumeux. Ainsi tout le coté onirique tombe à l'eau par la maladresse du réalisateur à expliquer le rêve de Tanya et imager son coté surréaliste. Ainsi croit on comprendre que Tanya devait tourner dans un remake de King Kong ce qui l'a emmené à se voir tomber amoureuse d'un grand singe dans ce rêve trés spécial. Pourquoi pas dirons nous mais cela est si mal introduit que ça en devient ridicule tout comme il ne suffit pas de montrer l'héroine danser et se mouvoir en transparence sur des fonds de mer et de plages pour installer un climat onirique.
Sole accumule les plans jusqu'à écoeurement comme on charge en fruits une tarte ce qui provoque au bout de quelques minutes seulement ennui et saturation. Comme si cela ne suffisait pas, il accumule stéreotypes et scènes contemplatives à l'excès mais sans aucune imagination. Les incessants plans sur les couchers de soleil, l'océan déchainé, les plages interminables que chevauche, nue, Tanya sur son blanc destrier, la verdoyance des forêts tropicales et la beauté de la vie sauvage en perdent tout leur impact. Cela devient aussi lassant qu'une projection d'un film de vacances amateur. Qu'y a t'il de plus rébarbartif qu'un film mettant en scène un rêve supposé apporter au spectateur une belle part de rêve mais qui au final ne fait jamais ne serait ce que quelques secondes rêver?
Quant à l'interprétation, peut on seulement la mentionner sans faire honte aux acteurs? Vanity, alors sexy starlette et future fiancée de Prince, dégage autant d'érotisme et de charisme qu'une armoire normande possédant uniquement à son registre d'actrice trois mimiques: un sourire pour le plaisir, une moue déconcertante pour la tristesse et deux grands yeux tout ronds pour la peur. Voilà qui est limité pour un film qui demandait au départ toute une palette d'émotions.
Quant à Richard Sargent, son rôle d'amant jaloux et possessif lui donne l'occasion d'en faire des tonnes jusqu'à devenir franchement ridicule et faire perdre toute crédibilité à son personnage transformé en clown. Le voir sauter, bondir en tout sens, hurlant, criant, le visage recouvert de peintures de guerre devrait arracher bien des fous rires au spectateur qui aura le courage de ne pas faire avance rapide.
Il est inutile de parler de psychologie puisque les deux protagonistes en sont totalement dépourvus agissant contre toute logique si là encore on peut parler d'agissement puisqu'ils semblent surtout en totale roue libre.
Reste le singe tant attendu. Nouvelle décéption. Si le costume dessiné par Rick Baker dans lequel se cache Don McLoud est plutôt crédible, l'animal, gentillement surnommé Blue par l'héroine qui a succombé à ses grands yeux bleus (!!!), est tout aussi stupide et engendrera une fois de plus d'innombrables fous rires. Que dire de leur relation et de celle, brutale et barbare, qui nait entre Lobo et lui si ce n'est qu'elles sombrent dans un abysse de ridicule digne d'un numéro de cirque.
Pour ceux qui attendaient de cette étrange histoire quelques plans aussi coquins que scabreux seront fortement déçus, la relation entre Vanity et le quadrumane poilu s'arrêtant à quelques papouilles et autres regards lancinants. Aprés avoir découvert la violence et la cruauté, Blue tentera de violer Tanya mais ce qui aurait du être le clou du spectacle est là encore trés vite avorté puisqu'elle décide de se réveiller à ce moment crucial.
L'ensemble est noyé dans une symphonie de musique sirupeuse incessante dont on fera vite une overdose.
La seule raison qui poussera le pauvre spectateur à poursuivre l'aventure est de connaitre la fin de cette extraordinaire histoire. Il regrettera sûrement d'avoir poussé le vice à attendre le mot FIN tant le final est à l'image du film: inepte!
Tanya's island n'est qu'une roublardise ratée qui frise l'amateurisme et l'insignifiance qui ne vaut que par l'humour et l'hilarité bien involontaire qu'il dégage durant 80 minutes. L'amateur de coquineries défendues et autres bluettes contre-nature rêveront quant à eux de ce que l'Italie aurait pu faire d'un tel sujet avec pour star une Laura Gemser. Contrairement à cette Bête d'amour, le rêve est cette fois superbe!