Il sole nella pelle
Autres titres: Amour jeune amour fou / Passions juvéniles / L'amour dans la peau / The sun under the skin
Real: Giorgio Stegani
Année: 1971
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 91mn
Acteurs: Ornella Muti, Alessio Orano, Chris Avram, Luigi Pistilli, Stella Carnacina, Roby Ruberti, Aristide Caporale...
Résumé: Alors que ses amis lui font visiter un endroit baptisé Polynésie par un groupe de hippies naturistes, la jeune Lisa, une adolescente issue d'une famille aisée, fait la connaissance de Robert, un hippie connu des services de la police. C'est le coup de foudre. Malheureusement le père de Lisa est contre cette relation. Il interdit à sa fille de revoir le jeune homme. Elle s'enfuit alors avec lui et va vivre une relation passionnée sur l'île sur laquelle ils se sont réfugiés. La police les retrouve. Le drame n'est pas loin...
La vague des films exotico-érotiques qui balaya l'Italie dés le début des années 70 engendra bien des sous genres donnant naissance à de nombreuses oeuvres qui surent lier la beauté des décors maritimes à un érotisme plus ou moins léger en y mêlant des intrigues parfois policières, à tendance giallique ou tout simplement dramatiques. C'est à cette dernière catégorie qu'appartient Il sole nella pelle que signa Giorgio Stegani, un vétéran du western-spaghetti.
Connu sous différents titres d'exploitation chez nous, Il sole nella pella est une gentille bluette, une belle romance qui comme toutes les belles histoires d'amour finissent de façon tragique. Le film de Stegani semble surtout exister pour mettre en valeur une toute jeune Ornella Muti dont c'était le second film après Seule contre la maffia. Ornella est omniprésente, éblouissante du haut de seize ans et Stegani ne rate aucune occasion de filmer sa si charmante moue mais surtout et avant tout son corps qui n'est plus celui d'une adolescente mais déjà presque celui d'une femme naissante.
Outre Ornella, Il sole nella pelle est surtout le reflet de toute époque, celle des années 70, où liberté sexuelle, communion avec la nature et communauté hippie, naturisme étaient dans l'air du temps. L'histoire est des plus simple: Lisa, une adolescente issue d'un milieu aisé tombe amoureuse d'un jeune hippie. Après que son père lui ait interdit de le voir, elle s'enfuit avec sur une île où ils vont s'aimer loin du monde.
Un peu difficile de s'attacher aux personnages tant ils sont stéréotypés. Lisa est une adolescente modèle, une jeune bourgeoise représentante d'une société traditionaliste. Robert est un hippie par conséquent un rebelle, tatoué et appartenant à un groupe de naturistes qui aiment se retrouver et s'adonner aux joies de l'amour dans un coin de nature joliment baptisé Polynésie. Il incarne donc cette jeunesse subversive, celle qui fait peur et que la police aime traquer et les familles détester. Leur amour est donc dés le départ condamné et voué à l'échec. Il ne reste plus à Stegani qu'à l'illustrer dans toute sa magie. C'est quasiment 80 minutes d'images carte postale magnifiquement photographiées par D'Offizi que dessert Stegani sur lesquelles se meuvent ses deux héros, s'aimant sur fond de coucher de soleil, de mer azur, de grottes féeriques, de cascades cristallines et prairies verdoyantes. La très belle musique signée Gianni Marchetti et les chansons très flower power du Middle of the road bercent cette romance solaire faite sur mesure pour Ornella et le jeune éphèbe ténébreux Alessio Orano, son fiancé d'alors et futur époux. L'osmose est parfaite et le spectateur n'a plus qu'à se laisser aller à rêver face à cette histoire d'amour qui se clôturera par une tragédie, un no happy end comme on aimait alors en faire.
En aucun cas, Il sole nella pelle est une critique sociale de la bourgeoisie et la middle class italienne ou une enquête psychologique sur deux êtres issus d'une classe sociale différente. Cela aurait pu être intéressant et apporter beaucoup au film qui reste finalement un pur produit du cinéma de genre d'alors.
Plus étonnantes sont les scènes de nu de Ornella. S'il est de notoriété publique qu'Antonia Santilli était la doublure de Ornella lors de ses premiers films pour les scènes déshabillées et osées, il est certain ici que la plupart des séquences où la jeune actrice apparait seins nus et quelques séquences de nu intégral notamment celles où Lisa et Robert nagent nus en pleine mer ont bien été tournées par Ornella elle même. On pourra donc se poser la question sur les scènes beaucoup plus audacieuses qui parsèment le film et la raison pour laquelle Ornella, mutine, jouait ainsi la carte de la fausse pudeur.
On notera toutefois qu'il existe pour le marché français notamment une version hardcore retitrée Passions juvéniles avec de longues séquences X notamment au début du film où des couples s'enlacent et font l'amour librement dans cet endroit nommé Polynésie. Les ébats explicites avec pénétrations entre Ornella et Alessio sont ici des doublures assez troublantes mais il serait intéressant de savoir si Stegani a lui même tourné ces scènes pour le moins réussies et troublantes. Il est donc assez intéressant de constater comment une simple bluette ensoleillée peut ainsi se transformer en un produit hardcore certes fort joli mais tout de même pornographique afin de satisfaire tous les publics.