Edge of seventeen
Autres titres:
Real: David Moreton
Année: 1998
Origine: USA
Genre: Drame
Durée: 99mn
Acteurs: Chris Stafford, Andersen Gabrycht, Tina Holmes Lea DelAria, Tony Maietta, Stephanie McVay, John Eby, Antonio Carriero, Jason Lockhart, Jeff Dryer, Kevin Joseph Kelly, Mark Gates...
Résumé:
Situé dans l'univers new wave de l'Amérique des années 80, Edge of seventeen n'est ni plus ni moins que le difficile coming out d'un adolescent de 17 ans découvrant avec amertume la superficialité et l'intransigence du l'univers homosexuel.
Moreton signe un film certes léger mais tout empreint de charme et sensibilité et d'émotion. Avec pudeur, il nous convie à suivre l'itinéraire de ce lycéen dans le monde gay tout en jouant un double jeu face à son entourage et sa famille qui place en lui de grands espoirs professionnels.
Eric a 17 ans, âge où on se pose des questions sur son identité sexuelle, et travaille dans un fast food où il tombe éperdumment amoureux d'un de ses collègues. Premiers frissons d'une sexualité à laquelle il tente d'échapper, tout dans l'approche passe par la gaucherie et la maladresse. C'est l'attirance qu'on dissimule si maladroitement que l'évidence en devient flagrante jusqu'au rendez-vous tant espéré où Eric perdra sa virginité lors d'une nuit inoubliable. Le jeune garçon a fait son entrée dans un monde dans lequel il va de plus en plus s'affirmer. Boites gay, meilleure amie et confidente lesbienne, lente transformation physique, Eric passe du lycéen sage à ce dandy noctambule décoloré et androgyne tout en maquillage et habits extravagants.
Si les parents mettent ces changements sur le compte d'une crise adolescente passagère, rassurés par la présence de sa supposée petite amie à qui il ne peut pourtant pas avouer son secret, Eric, lui, souffre en découvrant chaque jour un peu plus ce monde illusoire qu'est l'homosexualité. Gay ou pas, à 17 ans on croit à l'amour et au Prince charmant mais l'amour existe t'il dans cet univers où bien souvent seul compte le sexe. On désire pour mieux passer à autre chose une fois consommé. Dure réalité qu'il découvre à ses dépends, ses partenaires se rient de lui quand il cherchent plus ou ne comprennent pas ses attentes.
De plans sans lendemains en aventures futiles, jeté par téléphone par son amant après qu'il lui ai expliqué qu'il ne doit rien attendre de ses histoires, Eric va devenir celui qu'on attend qu'il soit. De sorties nocturnes qui mènent au découchage en plaisirs fugaces il retrouvera son pourtant son premier amant qu'il poursuivra de ses assiduités avant de trouver un peu de tendresse dans les bras d'un punk.
Mais le mensonge n'est pas éternel, on ne peut vivre sans cesse avec un masque. Eric est un garçon vrai en quête d'amour et non de sexe qui ne peut pas exister dans un monde artificiel. Las de souffrir dans ce monde qui n'est pas le sien, il tentera de se persuader qu'il est hétero et couchera avec sa fiancée factice. Face à l'échec, il sera obligé de lui avouer son homosexualité et lui faire découvrir son monde. Elle aura du mal à accepter d'avoir été trompée et encore moins de découvrir cet univers masculin. Sa mère découvrira en même temps le secret de son fils qui fera son coming out face à cette femme éplorée mais tolérante. C'est sur les conseils de son amie lesbienne qu'il entamera la rentrée scolaire et vivra pleinement sa sexualité en sachant dorénévant qu'aux yeux des autres il sera toujours différent et devra s'adapter tout en vivant pleinement sa vie.
Très bien mis en scène, bénéficiant d'une belle photographie et d'une bande originale essentiellement new wave où on retrouve entre autres Bronski beat, A flock of seagulls, Duran Duran, Annie Lennox... Edge of seventeen est une jolie comédie aigre douce qui offre une vision assez juste de l'univers homosexuel souvent dur à une époque où l'homosexualité n'était pas encore rentrée dans les moeurs encore moins dans certaines couches sociales où la réussite tant sociale que professionnelle passe par cette fameuse normalité. C'est peut être là un des points les plus intéressants du film. Si les choses ont quelque peu évaloué depuis, le discours reste malheureusement le même.
Edge of seventeen n'est jamais racoleur ni dérangeant. Les scènes de sexe tout en étant assez osées restent d'une pudeur extrême et d'une grande beauté, toute empreintes d'une certaine homo-érotisation. Le film baigne sans cesse dans l'humour et le ton très juste apporte la touche finale à cette jolie comédie assez cliché certes, pas toujours réaliste car trop édulcorée. Une fois de plus tout est bien qui finit (trop?) bien. Mais le cinéma est pourvoyeur de rêve, c'est aussi un de ses buts.
L'interprétation est dominée par le jeune Chris Stafford, à la fois drôle et touchant, parfait dans son personnage, aux cotés de Andersen Gabrych et l'émouvante Tina Holmes.