Glue
Autres titres: Glue Historia adolescente en medio de la nada
Real: Alex Dos Santos
Année:2006
Origine: Argentine
Genre: Drame
Durée: 110mn
Acteurs: Nahuel Perez Biscayart, Nahuel Viale, Inès Efron, Veronica Llinas, Hector Diaz, Florencia Braier, Sonia Stenico, Jimena Grieto, Jimena Ojeda...
Résumé: Lucas, 16 ans, vit dans un village perdu quelque part en Argentine. Il a décidé cet été là de perdre sa virginité. Mais Lucas est différent des autres adolescents. Il est attiré par son meilleur ami, Nacho, le batteur de son groupe de rock, qui l'obsède de plus en plus. L'apparition de Mecha, une jeune fille qui rêve d'être un garçon, ne changera en rien cette attirance. Lucas lors d'une soirée où lui et Nacho ont sniffé de la colle, masturbe son ami dans un état second. Entre les deux amis et Mecha nait lentement une relation triolique qui se concluera dans une pissotière lors d'une nuit trop arrosée...
Glue fait partie de ce cinéma gay génériquement appelé "Coming of age movies" dont les thèmes principaux sont la sortie de l'adolescence et les troubles qu'elle engendre, la recherche de son identité sexuelle et les premiers émois de la sexualité, la découverte de ce corps qui trouble et mue.
Glue / Histoire d'une adolescence perdue au milieu de nulle part est une chronique adolescente au quotidien, celle de Lucas, 16 ans, qui cet été a décidé de perdre sa virginité, las de se masturber chaque nuit et de se réveiller le sexe durci de désir non assouvi.
Ce qui semblerait facile pour n'importe quel autre adolescent l'est moins pour Lucas, vivant au coeur d'un village perdu au fin fond de la Patagonie.
Dos Santos plante dés les premières images le décor et par la même l'atmosphère générale du film et de la vie de Lucas: l'ennui.
Là où vit ou plutôt survit Lucas est ce qu'on pourrait appeler le trou du cul du monde: une petite ville écrasée par la chaleur étouffante sous un ciel trop bleu, balayée par le vent et la poussière.
Les adolescents de Dos Santos sont à l'image de cet endroit: ils reflètent l'ennui, l'oisiveté et n'ont pour seule occupation que la piscine locale si les examens d'hygiène permettent d'y accéder et le rock.
Leurs conversations principalement axées sur le sexe sont aussi oiseuses que leurs vies et se limitent à quelques borborygmes, quelques paroles d'une effarante banalité, un sourire ou un rire fugace avant que leur visage ne se referment comme morts.
Dans cet univers d'ennui, on suit les errances de Lucas, ses écouteurs rivés aux oreilles. Il ne supporte plus cette famille dont la mère ne cesse de se séparer d'avec ce père qu'il déteste mais avec lequel il garde au fond de lui une timide complicité.
A 16 ans Lucas n'a jamais fait l'amour, le sexe demeure une énigme. C'est l'âge où il se pose des questions sur sa conception, ses questions existentielles qui envahissent son esprit. Imaginer ses parents faire l'amour, imaginer le jour où ils l'ont conçu, les éléments qui ont fait que la vie a voulu qu'il soit crée ce jour précis.. mais Lucas est également différent.
Si Glue traite de l'attirance sexuelle et de l'expérimentation du sexe adolescent, c'est surtout sur la confusion des sentiments et la quête de son identité sexuelle dont il est question ici.
Lucas se sent irrésistiblement attiré par Nacho, le batteur de son groupe, 16 ans lui aussi. Il occupe ses pensées, la transformation de son corps l'intrigue et attise son désir: de nouveaux poils sous les aisselles, un torse plus mature...
Nacho est son meilleur ami et ensemble ils tentent de courtiser Andrea qui, elle, rêverait d'être un homme, détestant ce corps de fille. De ses cheveux elle fait des moustaches, rêve de rouler des pelles baveuses comme seuls les hommes savent le faire pense t-elle, embrassant de façon obscène son reflet dans la porte vitrée de la douche.
Elément catalyseur féminin entre les deux amis, elle n'arrive pourtant pas à faire oublier Nacho à Lucas.
Un soir seuls à l'appartement de son père, allongés côte à côte, un film X en fond d'écran, ils snifferont un pot entier de colle à maquette ( d'où le titre du film) et totalement déconnectés de la réalité ils se toucheront, se caresseront puis se masturberont réciproquement de façon convulsive, se laissant aller à leur désir.
Ces instants où les corps se sont enfin exprimés ne fera que jeter encore plus le doute en Lucas quant à ce qu'il ressent pour Nacho et c'est dans le stupre qu'il perdra définitivement sa virginité.
Imbibé d'alcool, brûlant de désir, il entrainera Nacho et Andrea, ivres et tout aussi ardents, dans les toilettes pour hommes sentant fortement l'urine, décuplant leur excitation. Ils se laisseront aller dans une pissotière. Homme-homme, homme-femme, les corps et les langues des trois adolescents s'entremêlent, les mains se cherchent et fouillent les braguettes, obscènes, indécents, fébriles, les corps serrés l'un contre l'autre.
Un équilibre apparemment trouvé pour eux trois comme semble en témoigner la fin du film, en totale roue libre, sorte d'excroissance joyeuse.
Tendre, sexuel, désespéré, Glue est une longue errance qui pourra sembler fort ennuyeuse. Dos Santos avoue avoir voulu filmer sa propre adolescence, faire un film sur la misère de la sexualité adolescente comme il n'en avait encore jamais été fait, telle qu'il l'a vécu dans ce village qu'il connait puisqu'il y a grandi. Il l'a voulu comme un documentaire, une sorte de reportage afin d'en faire ressortir le coté réaliste.
Est ce la raison pour laquelle le film fut tourné en 35mn, en super 8 ou en DV selon les séquences? Est ce la raison pour laquelle tout semble raté? Les cadrages sont loupés, les acteurs souvent hors champs ce qui lors des séquences de sexe fera hurler le spectateur d'autant plus que ces dernières sont filmées de façon de manière frénétiques, convulsives. La caméra tremble, saute, tombe comme si Dos Santos se masturbait devant ses jeunes acteurs... et on le comprendrait!
Le montage est sec, tranchant. La seule partition musicale du film est les chansons du groupe Violent femmes qui sort des écouteurs de Lucas.
Pourtant ces défauts font la force du film, son charme aussi improbable qu'hypnotique par instant. Dos Santos a voulu filmer l'ennui, ses images transpirent l'ennui, puent autant la misère que Lucas sent des pieds. Tout semble improvisé tant les dialogues que le film lui même d'où cette étrange impression de caméra-réalité.
Bénéficiant d'une photographie exceptionnelle, Glue est tout dans les tons oranges, ocres et verts. Le ciel est vert, la terre est orange, désert aride à perte de vue balayé par le vent, voilé par des nuages de poussière.
Dos Santos parvient même à créer une ambiance quasi onirqiue, d'une beauté sidérante notamment cette superbe scène où Nacho et Lucas s'époussètent sous le ciel bleu profond en plein milieu d'un désert marron tandis qu'un voile de terre les enveloppe subrepticement.
Sous la beauté se cache pourtant la crasse, ennemi-ami de la misère. Dos Santos semble insister sur certaines obsessions comme les poils des aisselles, les mycoses, on transpire, on se couvre de poussière, on vit l'un sur l'autre jusqu'aux baisers obscènes que se donne Andrea et la séquence de triolisme dans les pissotières.
On reprochera à Glue de trop se centrer sur Lucas, sa vie en oubliant Nacho et Andrea qui deviennent alors que de trop simples esquisses dont on ne sait pratiquement rien, empêchant le spectateur de réellement suivre et comprendre le parcours et de Lucas et de ses amis.
On sombre alors assez vite dans une certaine complaisance voyeuriste aussi légère soit elle.
Dos Santos semble hypnotisé par son jeune comédien qu'il ne cesse d'étaler à l'écran, amoureux de son corps et de son visage qu'il détaille sous tous les angles tout en restant sage pourtant ce qui frustrera les admirateurs du jeune comédien dont on admirera tout de même à plusieurs reprises le fessier notamment lors de la visite médicale.
L'interprétation d'une étonnante justesse est tout bonnement excellente, d'une spontanéité et d'un naturel incroyable. Le jeune Nahuel Perez Biscayart qui malgré sa stature de lutin, son corps noueux presque osseux, avait non pas 16 mais 20 ans lors du tournage est la révélation du film, étonnant. A la fois touchant, fermé, désespéré, il ne joue pas, il semble être Lucas. Dégageant un homo-érotisme explosif, Nahuel crève l'écran et efface ses partenaires dont le plus massif Nahuel Viale.