Homosatisfaction
Réal: Emmanuel Dos Santos (Benoit Archenoul)
Année: 1978
Origine: France
Genre: X
Durée: 80mn
Acteurs: Jean Sebastien Davy, Sergio Tozzi, Jean Serra, John Wilson...
Résumé: Jean-Sébastien vit seul dans une petite chambre sordide. Il passe son temps à feuilleter des revues évoquant le nazisme tout en se masturbant entre deux rencontres éphémères quand il ne se plonge pas dans son passé pour revivre l'aventure amoureuse qu'il a connu avec son ancien amant...
Si au vu du titre on en devine son contenu, Homosatisfaction cache autre chose qu'un X traditionnel sur l'homosexualité.
Etonnament sorti en salles sans la classification X mais interdit aux moins de 18 ans, le futur comédien Benoit Archenoul qu'on vit notamment chez Jean-François Davy, dissimulé ici sous le pseudonyme d'Emmanuel Dos Santos, nous entraîne dans l'univers d'un jeune homosexuel, Jean-Sébastien, dont l'un des plaisirs est de s'adonner à la masturbation en regardant des images évoquant le nazisme entre deux souvenirs d'un amour passé et de quelques rencontres fortuites.
Si Homosatisfaction peut être vu comme un simple porno gay, on peut y voir également d'autres choses moins anodines. Certes il ne se passe rien, le film est dépourvu de dialogues, le silence devient rapidement pesant, ennuyant diront certains mais pourtant ce silence renforce l'atmosphère sordide de ce premier essai de Archenoul.
Les garçons se rencontrent, s'invitent d'un regard. C'est d'ailleurs du regard qu'ils communiquent lorsqu'ils ne le font pas par simples gestes. Ils se comprennent à travers ces codes qui deviennent alors ceux du spectateur. Nul besoin de paroles ni même de décors réduit ici à une petite chambre triste filmée entre deux plans de rues. Seul le ronronnement de la caméra vient briser ce silence qu'on pourrait voir comme l'expression de la Mort que symbolisent les images nazies que Jean-Sébastien ne cesse de regarder, comme le symbole de la non existence de relation humaine qui se cache derrière ces rencontres éphémères.
Archenoul visse sa caméra au sol 80 minutes durant, utilise deux ou trois zooms quand il le juge nécessaire. Homostisfaction est tourné comme un très long plan séquence qui fait parfois songer aux univers sordides du tandem Morrissey-Warhol, aux films underground des années 70. Comme dans ces bandes le spectateur n'est jamais ici qu'un voyeur, témoin de la vie sexuelle et des ébats de Jean-Sébastien.
Par delà cette intrusion intime, on peut cependant voir dans Homosatisfaction quelque chose de plus insidieux. Dos Santos/Archenoul ne tenterait il pas sournoisement de faire un parallèle entre homosexualité et nazisme? Le héros est fasciné par les images évoquant le nazisme que montrent les revues historiques et photos qu'il feuillette tout en se masturbant pour atteindre l'orgasme. L'uniforme, le pouvoir, la peur, l'avilissement serait il synonyme de cette virilité qu'il ne trouve pas dans la réalité, que ce soit avec son ancien amant et ses conquêtes d'une nuit? Jean-Sébastien, garçon seul, torturé, déçu, déchiré entre des souvenirs qui le frustrent et des images qui lui donnent du plaisir, ne serait il pas un malade et l'homosexualité une déviance, une maladie aussi grave que ce que symbolisent ces photos?
Comme l'écrivait la critique lors de sa sortie, il n'y a peut être rien à comprendre dans Homosatisfaction. Chacun y verra ce qu'il veut bien y voir et l'analysera à sa manière pour peu qu'il soit réceptif à ce genre de film.
Aussi pauvre soit-il Homosatisfaction est un film sombre, désespéré à l'atmosphère malsaine, douloureuse à qui seule la beauté des jeunes amants de Jean-Sébastien apporte un semblant de lumière. Aujourd'hui (à jamais?) perdu comme des centaines d'autres porno gay de cette époque, Homosatisfaction n'a même pas eu la chance d'être un jour édité en vidéo. Seuls les chanceux qui purent le voir lors de sa sortie parisienne dans les piteux circuits gay comme ici au Maniaco peuvent aujourd'hui via leurs lointains souvenirs témoigner de l'étrange aura de cette bande.
Durant sa brève carrière de réalisateur Archenoul se spécialisera dans le porno gay pseudo documentaire avec des titres qui parlent d'eux mêmes tels que Journal d'un dragueur, Un garçon parmi tant d'autres, Rencontres au masculin, Arabian boy in Paris ou encore Je suis un homo, autant de pellicules rarissimes voire elles aussi perdues qui se rapprochent de Homosatisfaction.