El vampiro
Autres titres: Les proies du vampire / The vampire
Real: Fernando Mendez
Année: 1957
Origine: Mexique
Genre: Horreur
Durée: 83mn
Acteurs: Abel Salazar, Ariadne Welter, Carmen Montejo, José Luis Jimenez, Mercedes Soler, José Chavez, Julio Daneri, Alicia Montoya, Amado Zumeya, German Robles, Dick Barker, Margarito Luna...
Résumé: La jeune Marta revient au domaine familial. Elle se rend au chevet d'une de ses tantes mourantes. A la gare elle fait la connaissance du jovial Enrique qui l'accompagne jusqu'à l'hacienda. A son arrivée elle a la surprise de retrouver sa tante Eloisa aussi jeune que lorsqu'elle avait quitté bien des années plus tôt. Elle apprend de sa bouche que sa seconde tante vient de décéder. Eloisa souhaite vendre l'hacienda à son voisin, un aristocrate nommé Duval mais Marta doit donner son accord. La jeune fille ignore encore que Duval est un vampire qui a mis Eloisa à ses ordres. Il souhaite ressusciter son frère, lui aussi vampire, tué des siècles plus tôt par les villageois. La pauvre Marta va devenir la proie de Duval...
Premier film fantastique du producteur-acteur Abel Salazar, El vampiro va en faire un des spécialistes du genre au Mexique tandis que le film va très vite devenir un classique de grande renommée suite à son immense succès. Réalisé par Fernando Mendez qui sortait tout juste du tournage d'un autre classique de l'horreur, Le monstre sans visage, El vampiro devenu en France Les proies du vampire, relançait le mythe du vampirisme à l'écran après l'arrêt des productions Universal, aidé en cela par les premiers films de la Hammer dés le début des années 60. Les vampires aux crocs acérés allaient avoir de beaux jours devant
eux. La preuve avec cette pellicule mexicaine qui n'a rien à envier aux grands classiques.
La jeune et séduisante Marta Gonzalez se rend en train en Sierra Negra au domaine familial, les Cycomores, qu'elle a quitté bien des années plus tôt. Elle est attendue par son oncle Emilio et ses deux tantes Eloisa et Maria Teresa. Son oncle lui a demandé de venir car Eloisa est atteinte d'une grave maladie. A la gare Marta rencontre Enrique, un représentant de commerce jovial qui lui propose de l'accompagner jusqu'à sa demeure. Tout deux sont chaleureusement accueillis par Emilio. A sa grande surprise Marta découvre que Eloisa se porte comme un charme et n'a pas pris une seule ride durant toutes ces années mais elle
apprend le décès de Maria Teresa. Eloisa lui révèle qu'elle se sentait persécutée depuis bien des mois et ne cessait de parler de vampires, des légendes que lui avaient en mis en tête les villageois selon elle. Aujourd'hui le domaine est à l'abandon faute aux terribles rumeurs quant à l'existence de vampires aux alentours de l'hacienda. Eloisa souhaite que le domaine soit vendu à leur voisin, l'étrange Duval mais la transaction ne peut se faire sans l'accord d'Emilio et de Marta qui, très affligée par cette mort, lui demande un temps de réflexion. Elle ignore que Duval est en fait un terrible vampire assoiffé de sang, le sinistre Comte de Valud qui a pris sous son emprise Eloisa. Duval veut ressusciter son frère, lui aussi vampire, tué
quelques siècles plus tôt par les villageois. Marta devient la proie de Duval bien décidé à la vampiriser. La nuit venue il la mord au cou. Le lendemain Marta réalise avec horreur que sa tante est une vampire. Eloisa l'empoisonne. Marta s'effondre, morte. Fort heureusement le fidèle valet s'aperçoit qu'elle est simplement tombée en catalepsie. Enrique qui est en fait docteur la sauve des griffes de Duval qui allait la sacrifier. Il doit maintenant affronter le vampire au milieu d'une mer de flammes. Fort heureusement les premières lueurs de l'aube auront raison de l'affreuse créature. Marta est sauvée.
Déjà auteur de cinq autres films d'horreur de haut niveau Fernando Mendez signe ici une
oeuvre qui égale sans mal celles des futures productions britanniques. Si le mythe du vampire malgré le clap de fin de l'Universal n'a jamais réellement cessé d'exister sur grand écran on peut considérer que le film de Mendez a hautement contribué à son grand retour un an avant Le cauchemar de Dracula de Terence Fisher. Il est évident que El vampiro a considérablement influencé les productions Hammer tant leur visuel lui est proche, celui du personnage de Dracula en premier. Impossible de ne pas être frappé par la ressemblance entre le Dracula campé par Christopher Lee et celui incarné par le très classieux German Robles. Le Dracula de Mendez est un aristocrate qui porte admirablement bien la cape, a la
canine rétractable acérée, le regard profond, hypnotique, le cheveu impeccablement coiffé vers l'arrière. Il est en tout point semblable à la créature interprétée par Lee qui avoua lui même s'en être fortement inspiré. Duval se transforme en chauve-souris, apparait et disparait à volonté, dort dans un cercueil, craint crucifix et lumière du jour et vit non pas dans un château mais une noble hacienda. Mendez respecte tout l'attirail du parfait vampire comme il respecte les bases du film d'épouvante gothique "so british". S'il remplace le château par une lugubre hacienda baignant dans des nappes de brouillard celle ci est cependant de toute beauté et tout aussi inquiétante grâce à son décor vétuste, poussiéreux.
Tout est à l'abandon, elle n'est plus que ruines, l'ombre de ce qu'elle fut autrefois, envahie par les toiles d'araignées, frappée par les affres du temps. Crypte, portes secrètes, puits, longs escaliers... rien ne manque pour créer une véritable atmosphère de peur diffuse, une aura macabre, aidé en cela par une musique lourde quasi omniprésente. Magnifié par un somptueux noir et blanc ce décor n'est pas exempt de quelques légères touches poétiques, de quelques notes quasi surréalistes (la chambre d'enfance de Marta, son lit, sa poupée) tout simplement envoutantes renforcées par la présence de certains personnages notamment la vieille tante au visage émacié, ébouriffée, et ses (fausses?) apparitions fantomatiques, un crucifix à la main.
L'interprétation est un atout supplémentaire. On ne peut que saluer la prestation de l'espagnol German Robles, séduisant jeune acteur de théâtre à la base qui est un vampire absolument étonnant, fascinant particulièrement crédible dont la classe et la beauté ambigüe envouteront tant le public masculin que féminin. Le succès qu'il remportera avec ce rôle lui vaudra de devenir une des icônes du cinéma fantastique mexicain d'alors. Il rejouera un vampire dans El castillo de los monstruos, sera présent dans Le retour du vampire, la suite des Proies du vampire et interprétera de nombreuses fois Nostradamus. Carmen Montejo est excellente, féroce en lady vampire. Alicia Montoya est quant à elle parfaitement inquiétante
dans le rôle spectrale de Maria Teresa. C'est Abel Salazar lui même qui interprète le cabotin Enrique et apporte au film une petite note comique.
Les proies du vampire est une des pièces maitresse du cinéma horrifique mexicain, un incontournable du vampirisme au cinéma devenu au fil du temps un classique du genre que tout amateur prendra grand plaisir à voir et revoir tant il est aujourd'hui encore captivant. Admirablement mis en scène, visuellement superbe malgré ses effets spéciaux bien démodés (mais tout le charme ne vient-il pas de là également?) est un petit bijou du film de vampires qui fonctionne toujours aussi bien plus de soixante ans plus tard.