The Apple
Autres titres: BIM stars
Real: Menahem Golan
Année: 1980
Origine: USA
Genre: Comédie musicale / Science fiction
Durée: 87mn
Acteurs: Catherine Mary Stewart, George Gilmour, Grace Kennedy, Allan Love, Joss Ackland, Ray Shell, Vladek Sheybal, Leslie Meadows, Derek Deadman, Michael Logan, Miriam Margolyes, Geirge S. Clinton, Francesca Poston, Günther Notthoff, Clem Davies...
Résumé: Alphie et Bibi, deux jeunes chanteurs romantiques, ont été remarqué par le puissant Mister Boogalow, le directeur de la firme musicale BIM qui désormais régit la planète. Alphie, méfiant, refuse de signer le contrat que veut leur faire signer Boogalow mais Bibi, séduite, y voit la chance de leur vie. Alphie refuse et s'enfuit. Si Bibi devient rapidement une star mondiale elle ignore en fait que Boogalow est le Diable en personne. Alphie toujours amoureux de Bibi va tenter de la tirer des griffes du Démon...
Fondateur de la fameuse firme Cannon avec son cousin Yoran Globus, Menahem Golan en plus d'avoir été acteur a réalisé une petite quarantaine de films entre le début des années 60 et le début des années 2000 dont ce méconnu The Apple plus connu chez nous sous le titre BIM stars. Inédit en salles le film peut cependant se vanter d'avoir été une des toutes premières VHS à être sortie en France lorsque l'imposant magnétoscope familial commençait doucement à trouver sa place au coeur des foyers. Souffrant d'une très mauvaise réputation qu'on peut avec un certain recul aujourd'hui beaucoup mieux cerner BIM
stars est en fait un véritable monument de kitsch, un sommet épileptique de glam bubble gum multicoloré coincé entre la folie disco, le rock à paillettes et la comédie musicale futuriste sur fond de message évangélique.
En 1994 le monde est désormais dirigé par la puissante maison de disques BIM que régit l'excentrique et mystérieux Mister Boogalow. Alphie et Bibi, un jeune couple de chanteurs romantiques, est remarqué par Boogalow qui décide de les prendre sous son aile pensant tenir les futures vedettes de demain. Si Bibi est enchantée Alphie se méfie de l'extravagant directeur. Le jour où ils doivent signer leur contrat Alphie est pris de visions apocalyptiques. Il
tente d'empêcher Bibi de signer mais celle ci refuse de laisser passer ce qu'elle considère être leur chance de devenir riches et célèbres. Alphie est jeté dehors et retourne à sa misérable petite vie tandis que Bibi devient une star mondiale. Elle plonge vite au coeur d'un univers de luxe clinquant fait de sexe et de drogues, un monde superficiel, facile et vicieux où elle est acclamée par des foules en délire. Alphie essaie de la reconquérir mais les sbires de Boogalow veillent et le chassent. Grâce à une des chanteuses de Boogalow, Pandi, le malheureux, toujours épris de sa belle, réussira tout de même à l'arracher des griffes du puissant homme qui n'est autre que le Diable lui même venu faire croquer la pomme aux
jeunes naïfs qui n'ont qu'un seul et unique souhait: être riche et célèbre. Alphie et Bibi se réfugient dans une communauté hippîe qui vit dans une grotte cachée sous un pont, font un enfant quand Boogalow les retrouve et accuse Bibi de l'avoir escroqué. C'est à ce moment que Dieu arrive à bord d'une rutilante Rolls blanche volante. Il emmène la communauté et les deux amoureux au Paradis dans l'idée de créer un nouveau monde dans lequel le Diable n'existerait pas.
Dés les premières minutes il est clair que Golan a voulu avec BIM stars refaire Phantom of the Paradise en reprenant les grandes lignes de ce qui fit le succès du film de De Palma en
y rajoutant une bonne dose d'excentricité à la Rocky horror show. Mais n'est pas De Palma ni Tim Curry qui veut. Le résultat est plutôt singulier, surprenant, délirant, assez indescriptible. BIM stars est un énorme Marshmallow, une fabuleuse kitscherie clinquante qui laisse bouche bée... ou béat d'admiration voire peut être les deux.
Cette hallucination faustienne vaut déjà par son incroyable visuel. L'histoire se déroule dans le futur, un futur proche certes mais nous sommes bel et bien dans une société futuriste, celle de 1994 (le film fut tourné au début de l'année 1980). Que notre monde soit quatorze ans plus tard sous le contrôle absolu d'une puissante firme musicale est étrange mais
acceptable mais quelle est donc cette esthétique qu'a imaginé Golan? Notre société semble dorénavant entièrement composée de trublions extravagants, véritable essaim de travestis, transsexuels, folles perdues échappées de La cage aux folles, cuir noir chaines et moustaches, homosexuels et bisexuels outrageusement maquillés, vêtus de tenues argentées, dorées, lamées toutes plus dénudées et excentriques les unes que les autres garnies de plumes, de strass et autres ornements carnavalesques. Dans cet univers totalitaire de pacotille (le Diable et ses acolytes s'habillent non pas en Prada mais en nazi) le monde du spectacle serait il devenu l'antre orgiaque de l'homosexualité (caricaturale)
triomphante où toute normalité est désormais absente si ce n'est par l'intrusion du pauvre Alphie, un chanteur un peu niais et surtout innocent qui aime sa Belle et lui écrit des mélodies d'amour sirupeuses. Cette débauche d'excentricité hyper colorée fait disons le de suite tout le charme et peut être même l'intérêt de cette comédie musicale qui ne fonctionne malheureusement à aucun moment.
On a peine à croire à cette histoire où tout va vite, très vite, où tout est stéréotypé et surtout prétexte à enchainer à la vitesse supersonique une impressionnante quantité de chansons furieusement chorégraphiées. Il n'y a guère de choses à comprendre et le peu de suspens
que distille le scénario est finalement vite éventé. On aura compris dés le début que Boogalow ne serait ce que par son apparence est le Diable en personne, qu'il tient l'humanité sous son contrôle par la musique, fait des hommes ses serviteurs en réalisant leurs rêves d'avidité et de gloire après qu'ils lui aient vendu leur âme. Bibi et Alphie ne sont en fait que les nouveaux Adam et Eve que Boogalow va tenter en leur offrant la fameuse pomme auquel le titre original fait référence. Sexe drogue rock'n'roll et damnation.
Le message est superficiel, l'ensemble souvent ridicule (il fallait oser les pastilles autocollantes en forme du logo de la BIM que doivent se coller tous les citoyens sur le visage
en guise de soumission), bien des points restent sans réponse et renforcent l'absurdité du scénario (quelles sont ses visions apocalyptiques dont Alphie est victime, d'où lui vient ce don soudain? pourquoi Pandie trahit elle soudain Boogalow et pourquoi est elle si effrayée alors qu'en fin de pellicule elle est toujours à ses cotés?)
Le plus curieux, le plus délirant car il fallait vraiment oser un tel final est l'arrivée de Dieu sur Terre tout de blanc vêtu dans une scintillante Rolls volante descendue du Ciel! Avec son visuel bling bling paillettes outrancier c'est le seconde raison de visionner BIM stars d'autant plus que le coté naïf du discours est très drôle. Les hippies version années 70 sont donc les
sauveurs de l'humanité, des âmes pures qu'on ne peut pervertir que Dieu va emmener avec lui au Paradis lors d'une longue montée au ciel dans une jolie lumière christique. Comme la Rolls sortant des nuages la file de chevelus marchant dans le vide en direction des cieux vaut son pesant de cacahuètes. Pour appuyer son discours pacifiste made in 70s Golan fait de Dieu et du gourou de la communauté hippie grimé façon Gandalf la même et unique personne. La génération beatnick a toujours voulu rencontrer Dieu, l'approcher, communier avec lui à travers l'usage de drogues dures et autres acides. Menahem Golan en grand manitou a réalisé leur rêve en quelques secondes... dix ans plus tard! L'idée en elle même
était intéressante comme le projet de Dieu de créer un nouveau monde où le Mal autrement dit Satan, n'existerait plus, l'utopie parfaite. Mais en l'état tout est si farfelu, si risible que l'idée tombe violemment à plat, se vautre royalement!
Toute comédie musicale se doit d'avoir son lot de chansons et de danses trépidantes. Musicalement BIM stars est assez efficace. Les chansons très rock disco FM sont dans l'air de l'époque, entrainantes (un point d'honneur pour le titre qui ouvre le film) mais pas inoubliables, les chorégraphies endiablées c'est le cas de le dire. Mièvres, fades et inconsistantes sont par contre les mélodies d'amour dont on aurait pu aisément se passer.
L'interprétation n'est ni bonne ni mauvaise. Chacun joue simplement son rôle de façon purement professionnel. On signalera plus spécialement la charmante Catherine Mary Stewart dont c'était la toute première apparition au cinéma devenue depuis une star du petit écran et des scènes de théâtre, Vladek Sheybal truculent dans la peau du Diable et le grand comédien anglais Joss Ackland malheureusement bien mal employé dans le double rôle du gourou et de Dieu. Impossible de ne pas remarquer le séduisant Allan Love dans les lamés argent, le string et le cuir noir de Dandi, le séduisant chanteur rock pour qui on se damnerait volontiers, Allan qui signa également la musique du film aux cotés du prolifique
George S. Clinton. Deux autres films musicaux, Pop pirates et Rockula, quelques BO et un passage par la case télévision puis Allan disparut pour se reconvertir dans la restauration, un bien mauvais choix puisque son nom ressurgit au début des années 2000 son établissement ayant été sauvé de la faillite par le célèbre Gordon Ramsay, le sauveur des mauvais restaurateurs. Ce regain de popularité bien involontaire le poussa vers le monde de la téléréalité en participant notamment à la version américaine de Sortez moi de là je suis une célébrité!. Quant au fade et transparent George Gilmour (Alphie) et son slip bleu ce fut sa seule performance avant de retourner à l'anonymat. Est ce un mal?
Entièrement tourné à Berlin BIM stars connut un retentissant échec lors de sa sortie en Amérique, hué par la foule venue à la Première. Au fil du temps, avec le retour en force des années 80 le film de Golan est devenu une oeuvre culte régulièrement jouée dans des salles où, dans une ambiance hystérique à l'instar des soirées The rocky horror picture show, se retrouvent les fans invétérés de cette folie décadente dont on peut mieux comprendre aujourd'hui l'engouement.
S'il passe à coté de son vrai sujet et sombre trop souvent dans le ridicule par l'incapacité de son auteur, BIM stars n'est cependant pas un mauvais film. Il faut juste le prendre comme un
délire absurde, une extravagance musicale aussi farfelue que chatoyante, une confiserie de fête foraine tout à fait divertissante dont on se gorgera surtout et avant tout du visuel tout en tapant du pied et en remuant son fessier.
Il faut signaler que la fort médiocre VHS française fut jadis tronquée de quasiment 20 minutes. Il existe deux DVD, un là encore cut de quelques scènes notamment celle de l'enfant d'amour (The love child) en fin de métrage et un second plus récent cette fois bien intégral... fort heureusement. Le Diable a du veiller au bon déroulement des choses.