Mafia una legge che non perdona
Autres titres:
Real: Roberto Girometti
Année: 1980
Origine: Italie
Genre: Polizesco
Durée: 83mn
Acteurs: Gordon Mitchell, Raffaele Fortunato, Malisa Longo, Jackie Basehart, Fabrizio Marani, Raffaele Cocomero, Giovanni Cocomero, Tony Scarf, Gianni Diana, Antonio Sorrentino, Annabella Schiavone, Antonella Lualdi, Tina Trapassi, Margie Evelyn Newton...
Résumé: Don Raffaele, un chef mafieux, prend sa retraite. Un de ses hommes doit lui succéder mais il n'a décidé d'aucun nom. C'est celui qui à ses yeux fera ses preuves qu'il nommera comme digne successeur. C'est alors que ses lieutenants sont tués les uns après après les autres puis c'est au tour de son jeune fils d'être enlevé. Don Raffaele met tout en oeuvre pour découvrir qui est le traitre et retrouver son fils...
Sous branche du polizesco, le polar mafieux eut dans les années 70 son heure de gloire grâce notamment à quelques réalisateurs qui en firent leur spécialité, Fernando di Leo en tête mais bien peu surent mettre Naples aussi bien en valeur que Alfonso Brescia à travers une petite dizaine de films certes artisanaux mais toujours efficaces qui avaient avant tout l'avantage de servir la beauté de la ville et retranscrire sa si particulière atmosphère, coincée entre nostalgie et folklore. Que pouvions nous attendre du producteur Roberto Girometti qui signa en tout et pour tout trois films, deux productions érotiques, l'inoubliable et sulfureux
Secrets d'adolescentes qui en son temps provoqua bien des heurts et le dispensable Professione p... attrice, et ce petit polar mafieux aujourd'hui totalement oublié voire enterré, Mafia una legge che non perdona.
Si son titre laissait augurer d'un agréable petit film napolitain, le résultat est bien malheureusement loin de toute espérance. Le scénario de ce polar mafieux de fin de parcours, le genre s'étant lentement éteint déjà depuis quelques années, est d'un simplicité bêtifiante. Le puissant et respecté Don Raffaele prend sa retraite. Il n'a encore désigné aucun successeur. L'élu sera celui qui à ses yeux aura le plus de mérite. Chacun de ses
lieutenants va devoir faire ses preuves pour accéder au titre tant convoité. C'est alors que les hommes de Don Raffaele sont tués un à un. C'est ensuite son fils, Michele, un enfant malade, qui est kidnappé. Don Raffaele est déterminé à trouver qui est le traitre parmi son entourage. Le ver dans la pomme n'est autre que son jeune bras droit, Tony, un homme envieux, jaloux, assoiffé de pouvoir, qui n'a jamais eu de respect pour Don Raffaele. C'est sa fiancée qui finalement trahira, refusant qu'il s'en prenne à un enfant.
Ainsi couché l'intrigue semblerait pourtant acceptable voire agréable, une fois à l'écran il en va malheureusement tout autrement. Situé non pas à Naples mais dans le golfe de Salerne,
Mafia una legge che non perdona a aucun moment ne tire profit de ses merveilleux décors naturels que Girometti n'a pas su mettre en valeur. Un palmier par ci, un bateau par là, une chanson folklorique chantée par Bruno Venturini, quelques plans maritimes et un peu de soleil ne suffisent malheureusement pas à créer une atmosphère. Le film aurait pu se dérouler dans n'importe quelle autre ville côtière, le résultat aurait été le même et ce ne sont pas les acteurs qui donneront une couleur mafieuse à ce polar qui tourne désespérément au ralenti. Affubler ses comédiens de noms à consonance napolitaine et multiplier les Don n'est pas une garantie d'autant plus que la distribution est particulièrement anodine et tout aussi
peu convaincante que convaincue. C'est presque hilare qu'on subit la prestation de Gordon Mitchell, totalement à coté de son rôle de chef mafieux, haranguant ses hommes de manière monolithique avant de disparaitre du film sans aucune raison. Imaginer le comédien incarner un tel personnage c'est un peu comme si Djamel Debbouze se glissait dans celle du président des Etats-Unis, une idée saugrenue invraisemblable. On pourra en dire autant du girond et jovial Raffaele Fortunato jamais crédible dans le rôle du puissant Don Raffaele, translucide. Girometti n'a pas même pris la peine de donner au film un ton local en utilisant différents dialectes comme le voudrait le genre mais en faisant réciter ses comédiens dans
un romain parfait. Privé de ses atouts premiers, le film s'effondre plus vite tué par une mise en scène mollassonne, peu imaginative, qui ne ménage aucun suspens. Tout est téléphoné, prévisible, improbable. L'ensemble ronronne, l'ennui s'installe lorsque soudainement Girometti change de cap et s'oriente vers le lacrima-movie en greffant cette histoire d'enfant malade kidnappé, retenu prisonnier sur un bateau, Nous voilà donc contraint de supporter un affreux garçonnet au casque d'or, véritable sosie d'un Renato Cestié, le bambin star du genre, qui pleurniche et s'accroche à sa celle qui le garde en attendant de revoir sa chère mère qui de son coté s'apitoie et remue ciel et terre, c'est à dire passer quelques coups de
téléphone et braver les ordres de son mafieux d'époux, l'oeil mouillé, pour retrouver la chair de sa chair! Le mélange de ces deux styles qu'avait déjà tenté Brescia avec un certain bonheur ne fonctionne pas du tout ici. C'est non pas de tristesse et d'émotion que le spectateur versera une larme mais de consternation. Mafia una legge che non perdona ressemble finalement à un épisode d'une quelconque série policière, la présence de Antonella Lualdi, ex-star des années 50, pourrait nous faire songer aux Cordier juge et flic, dans laquelle elle termina sa carrière aux cotés de Pierre Mondy. Le reste de la distribution ne brille guère par son talent et la présence de Malisa Longo qui une fois encore prouve
quelle piètre actrice elle fut n'apporte rien au film si ce n'est sa dose d'érotisme imposée. Comme d'accoutumée, Malisa fait ce qu'elle sait le mieux faire face à une caméra, se déshabiller et déambuler nue. Au lieu de nous offrir un cat-fight ridicule après une pauvre scène de strip-tease cabaret qui sent le remplissage puis un audacieux nu frontal totalement gratuit et inutile, elle aurait peut être mieux fait d'améliorer son jeu, jamais crédible dans la peau de la malheureuse fiancée de l'implacable Tony, aussi peu concernée que convaincante en garde-malade maternelle. Dans ce marasme, seul l'américain Jackie Basehart tire plus ou moins son épingle du jeu. Ceux qui ont l'oeil reconnaitront Margie Evelyn Newton version brunette qui traverse furtivement le film et Gianni Diana, le jeune
acteur fétiche de Mario Bianchi qui signera là son ultime prestation à l'écran.
Sous produit local de fin de course, Mafia una legge che non perdona est un doux somnifère pour qui ne saurait trouver le sommeil, une micro production dénuée d'action qui mêle bêtement mélodrame et polar, une tentative ratée sans intérêt aucun malgré une scène de meurtre plutôt réussie (un mafioso coulé vivant dans du ciment) et les nus de Malisa Longo que ses admirateurs sauront savourer.