Equation à un inconnu
Autres titres: Equation to unknown
Real: Dietrich De Velsa (Francis Savel)
Année: 1980
Origine: France
Genre: X
Durée: 92mn
Acteurs: Gianfranco Langhi, Aurélien Duguet, Djalil, Norbert Terry, Gabsi, Jean-Jacques Loupmon, Reinhard Montz, Tony Weber, John Digman, Jean Marie Descamps, Dominique Delacre, Dow Jones, Michel, Lissandro, Cedric...
Résumé: Un jeune motocycliste en quête d'aventures masculines pénètre dans les vestiaires d'un terrain de sport. Il y surprend un jeune footballeur entrain de masser son camarade blessé à la jambe. Le massage se transforme vite en caresses plus érotiques qui laisseront exploser le désir. Une fois chez lui, le jeune homme se met au lit et rêve qu'il participe à leurs ébats. De rêves en songes, il va vivre diverses aventures phalliques durant lesquelles il va goûter à tous les plaisirs masculins, accompagnés par des inconnus qu'il retrouvera tous réunis lors de l'ultime rêve pour un magnifique et fort étrange rituel initiatique homosexuel...
Grâce à des réalisateurs tels que Norbert Terry, Benoit Achenoul, Lionel Soukaz entre autres le cinéma gay hardcore explosa dés la fin des années 70. Il nous offrit quelques uns des plus beaux fleurons du genre souvent originaux, presque fascinants tant ils pouvaient parfois flirter avec l'étrange.
Unique réalisation du peintre et fondateur d'un des premiers cabarets transformistes parisiens, Le grand Eugene, Francis Savel dissimulé derrière le pseudonyme Dietrich De Welsa, Equation à un inconnu fait partie de ces chefs d'oeuvres aujourd'hui si convoités qui d'entrée fascinent, subjuguent par leur pouvoir tant hypnotique que homo-érotique. Equation à un inconnu n'est jamais qu'une surprenante fantasmagorie, celle d'un jeune motocycliste qui nous invite dans un monde fantasmatique où il va vivre différentes aventures phalliques dans des lieux propices à l'explosion des sens masculins: vestiaires d'un terrain de sport, atelier de mécanique, cabane de cheminot...
Plus qu'une simple illustration des désirs et fantasmes masculins, le film de De Welsa est une sorte de long rêve que fait le jeune protagoniste, une escapade nocturne aussi étrange que irréelle, un voyage en boucle où les divers personnages se mélangent, passent d'une aventure à une autre en suivant une logique précise. Chacune est liée par le retour du jeune homme dans sa chambre où il se met au lit pour mieux y retrouver son copain attitré qui l'attend inlassablement, omniprésent tout au long du film, réel ou simple silhouette floue, avant de sombrer dans d'autres songes humides.
Proche d'un certain cinéma expérimental aux délicieuses touches fantastiques, Equation à un inconnu est une véritable exploration des plaisirs masculins, une ode à la sensualité virile, la jeunesse et la beauté des corps graciles d'éphèbes au sexe ardent de désir, une éruption de magma organique dont on retiendra principalement trois moments forts.
Le premier est la longue séquence filmée en temps réel dans les vestiaires du gymnase baignés de lumières rouges où un jeune footballeur se fait masser sa jambe blessée par son camarade jusqu'à ce que les gestes de massages ne se fassent plus précis, plus sensuels avant de se transformer en caresses ano-linguales jusqu'à la montée progressive du désir, celui de l'homme pour l'homme, et ses phases essentielles qui conduiront à l'orgasme sous l'oeil gourmand du jeune motocycliste qui les rejoindra par la force de l'esprit.
La deuxième nous entraine quant à elle dans les toilettes glauques d'un bar où un jeune joueur de flipper affalé sur le siège reçoit des clients à la chaine. Il est le véritable jouet sexuel à la merci des fantasmes de chacun jusqu'à ce que le dernier homme lui urine dessus sans qu'il ne bouge d'un iota, nous offrant ainsi une superbe scène d'urophilie particulièrement malsaine mais fort excitante.
La troisième, celle qui clôt le film, est un long rituel, une sorte d'initiation homo-érotique dans un atelier de mécanique désaffecté où tous les protagonistes du film se retrouvent, nus, autour du lit où git le jeune motocycliste endormi qui lentement se touche, prêt pour un ultime voyage. Tous se regroupent et se masturbent autour du lit posé au centre de l'atelier, sorte d'enceinte délimitée par les motos rutilantes qui ont elles aussi traversé l'histoire, avant de s'allonger à ses cotés pour une partouze où les chairs crépitent et tressaillent pour mieux atteindre l'extase, coïts multiples qui arrosent de bonheur ces corps en transe. Filmé de manière quasi religieuse, le caractère aussi étrange que onirique de cette magnifique séquence qu'accompagne une bande son particulièrement oppressante faite de rires, de murmures souvent incompréhensibles, de bruits de moteur et de klaxon entrecoupés par une mélodie sépulcrale jouée à l'orgue sublimine tout simplement la puissance érotique présente tout au long du métrage.
Baignant dans de superbes éclairages souvent chauds qui décuplent l'aspect surréaliste de l'ensemble, rythmé par une musique à la fois champêtre et mystérieuse, bénéficiant de décors naturels qui appuient l'aspect envoutant du film (les bords du canal de l'Ourcq, les étendues désertes baignant dans la grisaille, le brouillard dans lequel disparaissent les quatre jeunes hommes, simples silhouettes fantomatiques qui, après l'avoir traversé, se retrouvent dans une cabane de cheminots abandonnée...), ce superbe voyage au coeur du corps de l'homme se conclura sur une note particulièrement optimiste, le témoignage de la force et de la beauté des amours masculines illustrées par les ultimes et lumineuses images qui suivent la déclaration enflammée du motocycliste à son copain lové au creux de son épaule.
Mélancolique dans le sens poétique du terme Equation à un inconnu a réussi grâce à sa force d'évocation à faire naitre le désir de l'homme pour l'homme chez tout spectateur quelque soit sa sexualité, à le catalyser afin que se réveille en lui cet étrange appel du sexe pour le même sexe. De Welsa a tout bonnement mis en scène de façon magistrale et quasi professionnelle une véritable ode à l'homosexualité masculine. Reconnaissons lui également le fait d'avoir su choisir avec soin ses jeunes interprètes que n'aurait surement pas renié Cadinot, tous propres à nourrir les fantasmes les plus secrets du spectateur enthousiaste, avec en tête le brun et fort séduisant Gianfranco Langhi, le principal protagoniste. Les amateurs de beaux éphèbes aux cheveux longs, au regard aussi innocent que sauvage, au corps gracile verront tous leurs sens s'enflammer au vu de cette somptueuse affiche qui évolue sous la caméra experte du cinéaste qui multiplie les plans saisissants. On remarquera l'apparition éclair de Norbert Terry dans la peau du buveur solitaire assis près de l'entrée des toilettes du bar où s'est avachi le joueur de flipper.