The bloody judge
Autres titres: Le trône de feu / The night of the blood monster / Der hexentoter von blackmoor / El proceso de las brujas
Real: Jess Franco
Année: 1970
Origine: Italie / Espagne / Allemagne / Angleterre
Genre: Horreur
Durée: 103mn
Acteurs: Christopher Lee, Maria Rohm, Leo Genn, Hans Hass jr., Maria Schell, Margaret Lee, Pietro Martellanza, Milo Quesada, Howard Vernon, Diana Lorys, Werner Abrolat, José Maria Prada, José Martinez Blanco...
Résumé: Au 17ème siècle, alors que l'Angleterre est en pleine révolte politique, le roi demande au juge Jeffries de capturer et condamner les opposants au régime. Jeffries est un homme redoutable, un intégriste paranoïaque qui pend très à coeur son devoir et persécute les hérétiques. Ils traquent les sorcières qu'ils prend un plaisir sadique à torturer au nom de l'Inquisition. Mais la révolte gronde également chez les hauts dignitaires et c'est en la personne du comte d'Essex que Jeffries va trouver son ennemi, un ennemi d'autant plus inquiétant que son fils, Harry, est amoureux d'une jeune fille que Jeffries a fait condamner pour magie noire...
Alors que les films qui traitent de l'inquisition et des atrocités commises en son nom se font légion en ce début d'années 70, l'insatiable mais bien incapable Jess Franco tente à son tour de s'infiltrer dans ce prolifique filon avec Le trône de feu connu sous de multiples titres dont The bloody judge. Si un film signé Franco est le plus souvent de bien mauvais augure, malgré ses qualités The Bloody judge ne fait guère exception à la règle et l'enthousiasme s'envole rapidement.
Basé sur la vie du terrible juge Jeffries surnommé le juge sanglant, The bloody judge a d'une part beaucoup souffert du nombre de pays qui s'attelèrent à la production. Chacun partant dans une optique bien précise, le cinéaste dut redoubler d'efforts pour tenter de tous les contenter. Et demander de tels efforts à un cinéaste déjà bien dans l'incapacité de mettre en scène un film correctement pour lui seul est une véritable utopie. Cela se confirme dés l'ouverture qui relève plus de la série B bon marché que du véritable film historique, ce que devait être à la base Le trône de feu. Plus on avance dans le film plus on remarque que le
malheureux metteur en scène espagnol tente de raconter deux histoires parallèles, une nouvelle gageure pour Franco qui a déjà bien du mal à en narrer une seule. On a donc d'un coté la vie de juge Jeffries, redoutable chasseur de sorcières qui au nom du roi et de la sainte inquisition multiplie tortures et exécutions. On le devine malade, tourmenté, en proie à d'atroces visions et cauchemars même si on en saura jamais guère plus. De l'autre coté Franco met en scène le soulèvement du peuple, la rébellion de quelques hauts dignitaires représentés par le fils du comte d'Essex qui de surcroit est amoureux d'une jeune fille accusée de magie noire.
La tentative comme les efforts sont bien malheureusement vains. Au final Le trône de feu s'attarde surtout et avant tout sur de longues séquences de tortures particulièrement graphiques qui devraient satisfaire pleinement les amateurs de scènes sanglantes. Du film historique ne subsistent que quelques éléments disséminés ça et là. Force est donc de constater que Le trône de feu ne dépasse jamais le simple stade de la pure exploitation en accumulant les séquences d'atrocités complaisamment filmées tout en saupoudrant l'ensemble d'un zeste d'érotisme toujours aussi mal filmé. On retrouve là encore cette façon sincèrement laide qu'a toujours eu le réalisateur de filmer les scènes de nu, de gros plans statiques sur une partie du corps. Ce qui se voudrait beau et sensuel voire excitant devient
vite insupportable à l'image de cette longue scène où Mary lèche le corps d'une prisonnière pendue par les mains sous l'oeil du bourreau apparemment très surpris. Un peu comme le spectateur qui se voit obligé de regarder la séquence à travers les barreaux de la cellule jusqu'à ne plus rien voir puisque les barreaux semblent occuper tout l'écran!
Dans ce brouillon de film, ce marasme diraient certains, la tentative du pauvre Christopher Lee à donner un tant soit peu de vie à son personnage de juge terrifiant tombe très rapidement à l'eau. Mal dirigé, perdu dans l'histoire, il ne parvient à aucun moment à lui donner une quelconque épaisseur. Inconsistant, incroyablement fade, il semble tout simplement ne pas exister. Pire, il est relégué au second plan de l'intrigue, un comble pour un film censé relater sa vie.
Restent au crédit du film ses très beaux décors, une photographie plutôt travaillée et ses longues séquences de tortures toutes plus savoureuses les unes que les autres particulièrement saisissantes au niveau des effets spéciaux, les belles musiques de Bruno Nicolai et une distribution plutôt agréable puisqu'on retrouve outre Christopher Lee les incontournables Maria Rhom et Maria Schell, Margaret Lee et Howard Vernon plus drôle qu'effrayant qui n'a jamais autant ressemblé à Marty Feldman dans la défroque du bourreau.
Présenté sous différents montages et remontages selon les pays dans lesquels il fut distribué, le plus complet semblant être celui de 103 minutes, Le trône feu à ne pas confondre avec le sous-Conan de Michele Massimo Tarantini est une jolie déception, un film certes plaisant mais franchement oubliable qui laisse loin derrière lui les espoirs qu'on avait pu mettre dessus même s'il reste une des oeuvres les plus acceptables qu'ait tourné son réalisateur. Voilà une fois de plus la preuve que Franco outre le fait d'être un bien piètre cinéaste n'est l'homme que d'un seul et unique film, Justine ou les infortunes de la vertu. Toute règle a son exception!