Traficantes de panico

Autres titres: Otages en péril / La rage de tuer / Otages / Under siege / Hostages / I guerrieri del terrore / Gehennem
Réal: Rene cardona Jr
Année: 1980
Origine: Mexique / Italie / Espagne
Genre: Polar
Durée: 94mn
Acteurs: Stuart Whitman, Antonella Interlenghi, Marisa Mell, Hugo Stiglitz, Francisco Rabal, Gianni Macchia, Mario Almada, Sonia Viviani, Victoria Vera, Fernando Almada, Tito Bonilla, Robert Schlosser, Edith González, Michelle Wagner, Moraima Piccolo, Guillermo Ferrán, Adalberto Arvizu, Corali Betancourt, Miguel Ángel Gómez, Orlando Urdaneta...
Résumé: Une bande de gangsters commet un hold-up dans un casino. La police intervient. Ils prennent la fuite. Trois d'entre eux dont le chef trouvent refuge dans une villa appartenant au couple Lombard. Ils prennent toute la famille et les domestiques en otages. Une longue journée de violence et de terreur commence pour elle. Les bandits vont devoir faire face à bien des imprévus. La police les repère et encercle la villa...
Insatiable Rene cardona Jr! Le fameux réalisateur mexicain aura traversé les décennies, infatigable, toujours aussi prolifique, en s'essayant un peu à tous les jours. A quoi n'aura t'il pas touché durant une carrière qui s'étale sur quasiment près de quarante ans avec une filmographie comptant une centaine de pellicules. Après le film d'aventures familiales, le film de bestiaire, le film d'horreur, le survival, le film de secte, le film d'espionnage et le film de super héros voilà que Rene se met en 1980 au polar musclé en signant avec succès cette coproduction italo-hispano mexicaine sortie chez nous sous le titre La rage de tuer. Comme


quoi Cardona Jr n'a jamais cessé de nous étonner.
Une bande de gangsters avec sa tête le dénommé Franco commet un hold-up dans un casino. La police intervient. Les malfrats s'enfuient poursuivis par les forces de l'ordre. Une partie de la bande est mise hors d'état de nuire, un voyou parvient à aller jusqu'à l'aéroport avec une part de butin avant d'être abattu tandis que les trois derniers dont Franco trouvent refuge dans une luxurieuse villa appartenant à un homme d'affaires, William, et sa famille, les Lombard. Ils les prennent en otages. Rien ne va se passer comme ils le voudraient. C'est tout d'abord la secrétaire de William qui lui téléphone, étonnée qu'il ne soit pas au


bureau. Il doit signer les chèques de ses employés. Puis c'est Laura la meilleure amie de Lisa, la fille Lombard, qui passe à l'improviste à la villa. Si la secrétaire réussit à faire signer les chèques sans s'apercevoir de rien Laura a moins de chance. Elle est abattue en tentant de s'échapper. Puis c'est le supérieur de William qui remarque qu'il n'a pas signé les chèques de sa signature habituelle. Cela lui met la puce à l'oreille. Il prévient la police qui en déduit très vite que les bandits ont du se réfugier dans la villa et menacent ses occupants. Lisa tente de s'enfuir, s'empare d'un revolver et blesse grièvement un des bandits avant d'être maitrisée par Franco. Il exige un médecin. Kim, l'épouse de William, feint d'en appeler


un. Elle a en fait composé le numéro du supérieur de son mari ce qui confirme ses doutes. Franco découvre le stratagème. Mais il est trop tard. La villa est encerclée par la police. Il libérera les otages contre un avion. L'inspecteur accepte. Pour assurer ses arrières il prend Kim et ses deux filles avec lui et les fait monter à bord de l'aéroplane. Il ignore qu'un somnifère a été mis dans la bière qui se trouve dans l'avion. Il s'effondre après en avoir bu juste après avoir abattu le pilote. Kim va devoir faire atterrir l'appareil seule, guidée par radio par le capitaine Sylvester.
Rene Cardona Jr n'y est pas allé de main morte pour aborder cette nouvelle décennie. Avec


La rage de tuer, entièrement tourné à Porto Rico, il signe un polar particulièrement efficace qui se décompose en deux parties distinctes de durée quasi égale. La première s'intéresse au hold-up du casino, à la folle course-poursuite qui s'ensuit et à l'élimination des trois-quart des bandits. Cette partie est la plus dynamique, la plus énergique et n'a rien à envier aux meilleurs polars italiens. Durant pratiquement quarante minutes les scènes d'action s'enchainent, ne laissant aucun répit au spectateur qui s'en prend plein les yeux. Explosions et autres effets pyrotechniques, cascades prodigieuses, fusillades (dans la rue, sur le port et même dans un cinéma), courses-poursuites à pied, en voitures et en bus scolaire


impressionnantes... Cardona Jr s'en donne visiblement à coeur joie et ne laisse aucun répit ni à ses protagonistes ni à son public qui n'a pas le temps de s'ennuyer une seule seconde et a même droit à un plan gore étonnant très réussi: la jeune criminelle écrasée telle une mouche contre un camion en marche. On applaudit.
Le seconde moitié du film concerne la prise d'otages, un huis-clos dans la villa de luxe d'une famille bourgeoise retenue prisonnière par les trois bandits encore en vie. Au spectaculaire de la première partie fait ici place une violence bien plus crue, typique de ce genre de pellicule. Maltraitance, humiliation, tentative de viol... On crie beaucoup. On pleure.


Cardona connait la recette par coeur et l'applique studieusement nous offrant une douce déferlante de violence gratuite jusqu'au final haletant où la pauvre épouse et ses deux filles doivent faire atterrir un petit avion dont le pilote est mort dans le pur style film catastrophe. D'un bout à l'autre du métrage le rythme aura été haletant. Aucun temps mort, tout va très vite. On ne voit pas le temps passer. En ce sens Cardona Jr pourrait mériter un 10/10.
Il ne faut pourtant pas s'attendre à un film très cohérent. On est et on reste dans le cadre de l'exploitation et il est difficile de croire à cette prise d'otages qui accumule les invraisemblances scénaristiques. Le stratagème du téléphone comme du faux docteur est


si énorme qu'il fera sourire surtout lorsque le bandit recompose le numéro. On peut se demander pourquoi la fille du couple, une adolescente, possède un révolver dans sa chambre et on applaudira son adresse puisqu'elle arrive à tirer et tuer son bourreau les mains liées. Pourquoi les kidnappeurs laissent-ils une otage derrière eux lorsqu'ils quittent la maison? Mystère! Peut-être parce qu'il s'agit de la vieille cuisinière noire! Le coup de la drogue dans la gourde est aussi fabuleux puisqu'il fallait deviner que le voyou aurait soudainement une petite soif. Quant à la police elle est particulièrement molle puisque l'inspecteur ne quitte jamais son joli bureau et ne s'affole jamais mais elle est efficace sur le


bitume, en l'air et sur l'eau. Il faut dire que nos gangsters s'échappent par toutes les voies possibles! Une fois acceptées toutes ces énormités on peut savourer ce film d'action musclé finalement très italien qui de surcroit rassemble toute une pléiade d'acteurs qu'il fait bon retrouver.
On a ainsi le plaisir de revoir Marisa Mell qui n'a jamais eu une touffe capillaire aussi impressionnante. Elle nous offre en outre le plan seins nus indispensable à toute bande d'exploitation lors de sa tentative de viol. L'ex-play boy viril du cinéma Bis italien Gianni Macchia, les cheveux longs, est un chef de bande implacable, tout en sueur. Une vraie


fontaine. Il est d'ailleurs le seul à transpirer alors que les otages se plaignent d'avoir froid! Ce sera son dernier rôle au cinéma avant sa réapparition quasiment dix ans plus tard dans quelques oeuvres érotiques pathétiques à la limite du porno soft où il retrouve une Marisa Mell bouffie en pleine déchéance. Antonella Interlenghi est la fille ainée du couple. Francisco Rabal est le mari. La toujours ravissante Sonia Viviani alors en pleine chaos professionnel mais aussi dans sa vie privée fait une apparition dans le rôle de Laura mais elle se fait trop vite tuer pour qu'on ait eu le temps d'apprécier sa présence. Stuart Whitman qui à cette époque tournait régulièrement en Espagne et en Italie campe l'inspecteur qui ne


quitte jamais son joli bureau. A croire que Whitman avait une petite dette à régler pour accepter le rôle. Quant au capitaine de police c'est l'indispensable et toujours aussi stoïque Hugo Stiglitz qui se glisse dans le costume du personnage. Stiglitz fait cependant un effort surhumain ici. On restera bouche-bée en le voyant courir tel un dératé lors d'une séquence de poursuite puis jouer les Tom Cruise accroché à un bus. A croire qu'en deux seuls plans de quelques petites minutes il a dépensé toute l'énergie qu'il n'avait jamais donné auparavant... et ne redépensera plus jamais par la suite.
Sorti en France à la sauvette cinq ans après sa réalisation La rage de tuer est un bon petit


polar musclé rythmé par une efficace bande originale à l' américaine signée Manuel De Sica, un honnête film d'otages qui se laisse visionner avec grand plaisir pour le peu qu'on soit amateur du genre. Certes il ne faut pas s'attendre à un scénario rigoureux. On nage en pleine invraisemblances mais ce n'est jamais que de l'exploitation. Vu sous cet angle le film de Rene Cardona Jr est une bonne surprise, un vrai petit plaisir coupable soit 90 minutes explosives. On en redemanderait presque.