Maniaco Deprebis

Peu de pays résistèrent à l'envie de créer leur propre James Bond 007 après le phénoménal succès des adaptations cinématographiques du héros crée par Ian Fleming dés 1962. Ce fut l'Italie bien évidemment qui ouvrit le filon de ces "eurospy movies" avec de nombreux agents secrets répondant entre autres au doux nom de code de Agent 07, Agent 777, Agent 3S3, Agent 002 et autres Super Sphynx et Upper 7. L'Allemagne, l'Espagne, la Grèce et bien entendu la France suivirent. Mais également le Mexique (en coproduction ici avec l'Equateur où le film fut entièrement tourné) sous la houlette de l'insatiable René Cardona Jr, fabuleux

artisan du Bis et de l'exploitation à la mexicaine, allait créer son agent secret: Alex Dinamo alias agent 01! Ainsi sortit sur les écrans en 1967 SOS conspiracion bikini qui comme son titre l'indique n'est pas avare de tenues légères.
A Quito en Équateur l'élégante et implacable Lady Bristol et ses deux associés Luigi et Ali dirigent le SOS (Service de l'Organisation Secrète) un syndicat du crime international qui agit sous couvert d'une agence de mannequins spécialisée dans les bikinis et autres maillots de bain. Le dernier projet de Lady Bristol consiste en un important trafic d'armes international. Les Services secrets sont chargés de mettre un terme aux exactions de

l'organisation. Une superbe agent surnommée La rousse a infiltré le SOS et s'est glissée parmi les mannequins mais elle a été repérée. Elle a cependant eu le temps d'envoyer un message codé au services gouvernementaux. L'agent secret Alex Dinamo a pour mission de la sauver mais elle est finalement retrouvée morte. Dinamo secondé par la ravissante Adriana se rend au défilé de bikinis organisé dans un luxueux hôtel casino bien décidé d'en finir définitivement avec Lady Bristol. Après moult péripéties Lady Bristol et son gang seront arrêtés alors qu'ils essayaient de s'enfuir par les eaux.
Si James Bond a ses James Bond girls Alex Dinamo aussi connu sous son nom de code

agent 1 n'a peut être pas de Dinamo girl mais il est aidé par une séduisante acolyte, la brune Adriana, et se retrouve surtout entouré d'une multitude de modèles toutes plus belles les unes que les autres, de surcroit très peu vêtues puisqu'elles représentent une agence de mannequins spécialisée dans le bikini! C'est pour dire que durant 90 minutes Cardona Jr multiplie les défilés dans des décors de luxe sur fond tropical. Pour le reste SOS conspiracion bikini déploie la panoplie habituelle de ce type de pellicules même si cette fois il n'y a pas vraiment de gadgets surprenants ou originaux. Dans sa poche Dinamo cache par exemple un briquet-appareil photo, un stéthoscope pour écouter aux murs, un

stylo pistolet... mais la petite trouvaille plutôt marrante ici c'est le microfilm caché dans un simple point de ponctuation situé sur une lettre. Un microscope et il n'y a plus qu'à lire ce qu'il contient. La première partie du film n'est pas la plus mouvementée. Après une ouverture sur les chapeaux de roue dont une bagarre sur un lit de bananes vertes il ne se passe plus grand chose en effet hormis quelques gentilles altercations. On se prélasse surtout au bord de somptueuses piscines, on prépare la grande soirée des mannequins qui défilent dans leurs maillots de bain. On chante mais on danse aussi le jerk notamment le temps d'une séquence en boite de nuit où on peut bouger son corps au son d'un morceau psychédélique

très agréable interprété par The surfers. Comme quoi au Mexique aussi à cette époque les garçons portaient la coupe au bol à la Brian Jones et faisaient du rock.
Il faut attendre la seconde moitié du film soit environ les vingt dernières minutes pour que l'action l'emporte. Poursuites sur terre, sur mer et dans les airs (voitures, hors bord, moto des mers, hélicoptère), bagarres, traquenards et même un catfight comme on les aime entre Adriana et la belle Lucretia. La mise en scène est plutôt alerte, on ne s'ennuie jamais vraiment et l'intrigue, ludique mais avouons-le assez légère et surtout farfelue, se suit avec un certain plaisir jusqu'à la mise hors d'état de nuire de Lady Bristol par Dinamo et les

forces de l'inspecteur, le moment le plus palpitant de l'histoire.
L'interprétation est tout à fait acceptable. Dans le costume de Dinamo on retrouve le pimpant Julio Aleman, une figure récurrente du cinéma Bis mexicain. Julio toujours très élégant, impeccable, a beaucoup de charme, il aime visiblement le rouge puisqu'il en porte régulièrement (costume, cravate, ceinture, chaussettes), il séduit et sait parler aux femmes auxquelles il ne cesse de faire l'oeil de velours. Il est entouré de beautés dont l'italienne Maura Monti (Lucretia) qui pousse ici la chansonnette (de cabaret), l'espagnole Sonia Furio qui endosse la peau de la dark lady, Lady Bristol (et sa choucroute), qu'on aurait aimé peut

être un peu plus sombre et vénéneuse, la mexicaine Sonia Infante (Adriana) et l'éphémère Grace Polit. Carlos Agosti et Noé Murayama, deux noms indissociables de l"exploitation mexicaine que les fans notamment de Santo connaissent bien, jouent les méchants, les deux bras droits de Lady Bristol.
Cette incursion méconnue de René Cardona Jr dans l'univers du film d'espionnage égale celles de certains de ses confrères italiens. Sans être très originale elle parvient à retenir

l'attention et divertir sans mal grâce à une réalisation honnête, de superbes décors, une musique efficace (qui inclut un titre de Charles Aznavour, "Que c'est triste Venise", en version espagnole) et une armée de jolies filles qui papillonne autour de notre agent Dinamo. Le succès du film donnera à Cardona Jr l'occasion de tourner deux ans plus tard une séquelle, une seconde aventure pour Dinamo joliment intitulée Peligro…! Mujeres en Accion / 7 assassine dalle labbra di velluto.
Il est intéressant de savoir qu'il existe deux versions du film de durées différentes, la version équatorienne de 84min et la version mexicaine à privilégier d'une durée de 90minutes.
A Quito le SOS