Le dernier des Maitres de Salo nous quitte: disparition de Paolo Bonacelli


Celui qui fut le Duc de Biangi, un des quatre impitoyables bourreaux de Salo et les 120 jours de sodome de Pier Paolo Pasolini, n'est plus. Aujourd'hui nous pleurons le décès de Paolo Bonacelli. Le grand acteur italien s'est éteint le 8 octobre 2025 à Rome. Il avait 88 ans.
Né le 28 février 1937 à Civita Castellana dans la région du Latium Paolo se passionne très jeune pour le théâtre. En 1961 il sort diplômé de l'Ecole d'Arts Dramatiques de Rome et fait ses grands débuts sur scène aux cotés de Vittorio Gassman où il donne vie aux plus grands écrivains italiens. Sa carrière au grand écran quant à elle commence dés 1964. Pendant de nombreuses années il incarnera surtout des personnages de seconds plans tout en variant les genres. Il jouera ainsi pour certains des plus grands réalisateurs italiens. On le voit notamment dans Au delà de la peur de Andrei, le film polonais Magdalène, Super 7 appelle le Sphinx de Umberto Lenzi, La grande bourgeoise de Mauro Bolognini, 100 000 millions ont disparu de Ettore Scola, Une prostituée au service du public de Italo Zingarelli... . C'est en 1975 qu'il décroche le rôle du Duc dans Salo et les 120 jours de Sodome, un rôle pour lequel il sera mondialement reconnu et pour lequel il recevra le prix Mario Gremo.
La suite de la carrière de Paolo sera tout aussi riche et diversifiée. Parmi les films dans lequel il apparait on peut citer Cadavres exquis, Moeurs cachés de la bourgeoisie, Portrait de province en rouge, Qui est dans le lit de ma femme, Le Christ s'est arrêté à Eboli, Midnight express, le Caligula de Tinto Brass, Le guignolo, Le Syndrome de Stendhal, Scarlett diva ou encore Mission impossible 3. Paolo tourne aussi beaucoup pour la télévision tant italienne que française, des mini séries, séries et téléfilms, avec une préférence pour les rôles historiques: Manon Lescaut, Madame Bovary, L'orient express, La fuite au paradis, Un train pour Petrograd...
C'est surtout au théâtre, une passion qui ne l'a jamais quitté, que Paolo excelle puisqu'il jouera les plus grands classiques sur les scènes italiennes. Poète, dramaturge, il s'adonne également à la grande poésie. En 1991 il est nommé directeur artistique du théâtre de Sardaigne où il y jouera également bon nombre de classiques. Même si sa filmographie est conséquente Paolo restera avant tout un des plus grands hommes de théâtre d'Italie dont l'érudition n'avait d'égal que sa gentillesse naturelle. Avec la disparition de Paolo c'est également la mémoire de Salo qui s'amenuise encore un peu plus. Il était le dernier survivant des quatre maitres. Tous sont aujourd'hui décédés à l'image des trois maquerelles, de la pianiste, des rabatteurs (Dante Trazzi et le jeune Alessandro Gennari) et d'une partie des jeunes victimes ([Susanna Radaelli, Giuliana Melis, Antonio Orlando, Sergio Fascetti, Lamberto Book, Bruno Musso, Franco Merli et Efisios Etzi|/index.php?post/2009/04/01/64-les-enfants-de-salo]).

